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Le tueur en série Michel Fourniret est mort à 79 ans


Le tueur en série purgeait deux peines de prison à perpétuité pour les meurtres de huit personnes. (archives AFP)

Le tueur en série Michel Fourniret, âgé de 79 ans, « est mort lundi à 15h à l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale de la Pitié-Salpétrière à Paris », a annoncé le procureur de Paris Rémy Heitz.

« L’ogre des Ardennes » était hospitalisé depuis le 28 avril dans cette unité dépendante du centre pénitentiaire de Fresnes, où il purgeait deux peines de prison à perpétuité pour les meurtres de huit jeunes femmes et adolescentes.  Il était également poursuivi pour plusieurs autres crimes dont la disparition d’Estelle Mouzin, dont le corps n’a pas été retrouvé à ce jour malgré d’intenses fouilles récentes.

« Une enquête a été ouverte pour recherches des causes de la mort, confiée au 3e district de police judiciaire », a précisé le procureur, comme l’exige la procédure. Une autopsie doit être pratiquée dans ce cadre.

Michel Fourniret suivait un protocole de fin de vie pour des problèmes respiratoires, selon le ministère de la Justice, qui n’a pas communiqué davantage sur son état de santé, couvert par le secret médical. Ses avocats ont indiqué n’avoir aucune information à détailler non plus.

Selon le Parisien, qui avait révélé lundi matin son hospitalisation en fin de vie, « le septuagénaire qui souffre de problèmes cardiaques et de la maladie d’Alzheimer [avait] été placé dans le coma », « considéré par les médecins comme non réanimable ». Un protocole d’accompagnement de fin de vie était engagé, ajoutait le quotidien.

Me Didier Seban, avocat de plusieurs familles de disparues, dont celle d’Estelle Mouzin, avait réagi lundi midi à l’information, en exprimant la « déception des familles pour les affaires où il avait été mis en examen » et n’avait pas encore été jugé : « pas de procès le concernant, pas de possibilité d’avoir les réponses attendues », avait-il déclaré.

Le parcours macabre de « l’ogre des Ardennes »

Premières condamnations. A l’âge de 25 ans, Michel Fourniret est condamné en 1967 à huit mois de prison avec sursis avec obligation de soins, pour l’agression d’une fillette dans les Ardennes. Arrêté et incarcéré en 1984, ce père de famille discret est condamné le 26 juin 1987 à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles sur une douzaine de jeunes femmes depuis 1981. En détention, il entame une correspondance avec Monique Olivier, séparée et mère de deux enfants. Il s’installe avec elle dans l’Yonne après sa libération en octobre 1987.

Trésor du « gang des Postiches ». Jean-Pierre Hellegouarch, ex-compagnon de cellule de Fourniret, lui demande en 1988, par l’intermédiaire de sa femme Farida Hammiche, de récupérer un « trésor » de lingots d’or enterré dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis (Val-d’Oise) par une équipe de braqueurs, le célèbre « gang des postiches ». Pour garder le magot, Fourniret tue la jeune femme. Avec cet argent, il s’achète notamment le château du Sautou, dans les Ardennes. En 1988 naît le fils du couple, qui se marie l’année suivante.

Meurtres avoués. En 2003, Fourniret est arrêté en Belgique après la tentative ratée d’enlèvement d’une adolescente. Interrogée par la police belge, Monique Olivier accuse un an plus tard son mari des meurtres de neuf jeunes femmes ou adolescentes, dont Farida Hammiche. Fourniret, détenu à Dinant (Belgique), reconnaît huit homicides, commis depuis 1987 en France et en Belgique.

Selon ses propres aveux, il « devait chasser au moins deux vierges par an ». Une obsession qui serait née du fait que sa première femme, qu’il pensait vierge, ne l’était pas au moment de leur mariage. Sur les indications de Fourniret, les corps de deux victimes sont découverts dans le parc du château du Sautou. Monique Olivier accuse par la suite son mari de plusieurs autres meurtres.

Perpétuité incompressible. Le 28 mai 2008, Michel Fourniret, alors âgé de 66 ans, est condamné par la cour d’assises des Ardennes à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol, et trois agressions d’autres jeunes filles ayant réussi à lui échapper.

Monique Olivier, 59 ans à l’époque, est condamnée à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 28 ans, pour complicité dans quatre des meurtres et le viol en réunion d’une jeune fille. Le couple divorce en 2010. En février 2018, Fourniret avoue les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, entre 1988 et 1990 dans l’Yonne. Le corps de la deuxième n’a jamais été retrouvé.

Nouvelle perpétuité. Le 16 novembre 2018, Michel Fourniret est à nouveau condamné à la perpétuité, par la cour d’assises des Yvelines, pour l’assassinat de Farida Hammiche, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Son ex-épouse Monique Olivier écope de 20 ans de réclusion.

Estelle Mouzin. Le 27 novembre 2019, le tueur en série est mis en examen dans l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin, à l’âge de 9 ans en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Soupçonné puis mis hors de cause dans le passé, il a finalement vu son alibi contredit par Monique Olivier. Le 7 mars 2020, le parquet de Paris annonce qu’il « a reconnu sa participation aux faits ».

Le 21 août, Monique Olivier déclare à la justice que son ex-mari a kidnappé la petite fille pour la séquestrer, puis l’a violée et étranglée à Ville-sur-Lume (Ardennes). Plusieurs séries de fouilles dans d’anciennes propriétés de Fourniret dans les Ardennes n’ont toujours pas permis, en mai 2021, de retrouver le corps de la fillette.

Lydie Logé. Le 22 décembre 2020, Fourniret est mis en examen pour « enlèvement et séquestration suivis de mort » dans l’enquête sur la disparition de Lydie Logé, à l’âge de 29 ans dans l’Orne, en 1993.

AFP/LQ