L’opposition au conseil communal sort vainqueur du référendum consultatif organisé dimanche pour débattre du sort à réserver au bâtiment de la maison communale. Une tendance qui se dessinait déjà au matin du vote.
Je ne vais quand même pas vous dire quel projet je soutiens !», s’offusque un monsieur âgé appuyé sur une canne. «Qu’est-ce qui m’empêche de dire que je soutiens le projet A et voter en faveur du projet B ?», ajoute-t-il goguenard en poursuivant son chemin vers le bureau de vote installé au sous-sol du centre culturel de Sandweiler. Hier matin, 1 800 administrés en âge de voter ont participé à un référendum consultatif portant sur l’avenir du bâtiment de la maison communale. Deux camps s’affrontaient : la majorité communale d’un côté qui veut raser la maison communale et reconstruire un nouveau bâtiment plus grand, et de l’autre, l’opposition, en faveur d’une rénovation du bâtiment existant. Moins onéreuse, elle permettrait surtout de conserver le bâtiment de l’ancienne école niché en son sein.
Alors que la bourgmestre Simone Massard-Stitz (CSV) justifie ce choix par le service aux citoyens et un besoin réel de rénovations, l’opposition, emmenée par Jacqueline Breuer (LSAP), lui reproche de jeter l’argent par les fenêtres. Cette querelle a donné lieu à une pétition qui a entraîné l’organisation d’un référendum. S’il n’est que consultatif et n’oblige pas la bourgmestre à capituler en cas de victoire de ses opposants, cette dernière a souhaité prendre le temps de la réflexion. Simone Massard-Stitz se donne jusqu’à la fin de semaine prochaine pour prendre une décision.
1 016 votes contre le projet
La victoire du «non» est écrasante : 1 016 citoyens se sont prononcés contre la construction d’une nouvelle maison communale contre 358 votes pour. «Nous ne demanderons pas la démission de la bourgmestre et du collège échevinal à la suite de cette gifle politique magistrale, indiquait hier soir à l’issue du dépouillement des bulletins, Jacqueline Breuer (LSAP). Nous exigeons simplement que la bourgmestre et ses échevins déclarent publiquement accepter et respecter le résultat.» Le bâtiment rond et rouge pourrait donc être rénové. L’opposition demande que les compteurs soient remis à zéro et à être intégrée dans les discussions concernant cette rénovation.
La tendance hier matin, allait clairement à l’encontre du projet de la bourgmestre et elle s’est vérifiée dans les urnes. «Je suis favorable au maintien de l’ancien bâtiment de la maison communale. Le raser donnerait lieu à des travaux énormes et à des dépenses inutiles», résume une habitante. Derrière elle dans la file, Jerry soutient le projet de nouveau bâtiment. «Le bâtiment est vétuste et demande trop de rénovations. Il ne répond pas non plus aux critères des constructions durables. Autant reconstruire du neuf plus fonctionnel», estime-t-il. Au bout de la file, affichant un air pas très décidé, se tient un natif de Sandweiler, casquette vissée sur le crâne. «Je suis pour le maintien du bâtiment, mais dans le fond, je m’en moque. Ce référendum ne changera rien», marmonne-t-il pas très motivé par l’enjeu. Philippe, lui, n’est ni pour un projet ni pour l’autre. «Le projet de nouveau bâtiment est trop grand, trop pompeux. Sandweiler est un petit village, nous n’avons pas besoin d’un bâtiment qui dépasse la hauteur de l’église, lance le jeune homme. Je suis plutôt en faveur d’un projet plus raisonnable, mais cela ne fait pas partie des réponses possibles. Du coup, je me contenterai de soutenir la rénovation du bâtiment actuel.»
«Des questions orientées»
Les avis s’affrontent et certains sont plus étayés que d’autres. «Je suis contre la construction d’un nouveau bâtiment. La rénovation, à la limite, je veux bien, explique Pauline venue voter avec sa fille Laure. «Mieux vaut utiliser l’argent public pour d’autres projets d’infrastructures comme des protections supplémentaires pour les cyclistes, plus d’espaces verts ou encore apaiser le trafic qui traverse la commune sur cette longue route sans âme», indique-t-elle. Sa fille s’insurge contre la manière dont sont rédigées les trois questions du référendum. Elle n’est pas la première et ne sera pas la dernière à s’en plaindre devant le centre culturel hier matin. «Les questions sont mal posées. Si on répond par l’affirmative aux deux premières questions alors qu’on est contre le projet de nouveau bâtiment, la majorité peut rétorquer que pour obtenir ce que promettent ces deux questions, il faut raser le bâtiment existant. Les questions sont orientées et c’est malhonnête», explique-t-elle. Les deux questions concernent la conservation d’une aire de jeu et d’un espace vert en amont de la maison communale et du centre culturel ainsi que la centralisation des services de l’administration communale dans un seul et unique bâtiment.
«Nous avons tout ce qu’il faut ici»
Abattre et reconstruire équivaut à jeter de l’argent par les fenêtres pour Gerry et Bianca. «Les deux premières questions prêtent à confusion. Qu’est-ce que l’aire de jeu a à voir là-dedans ? Les services administratifs doivent rester dans un seul bâtiment pour éviter aux citoyens de devoir courir d’un bâtiment à l’autre. C’est idiot !», indique Gerry. «Pourquoi vouloir agrandir le bâtiment de près de 900 mètres carrés alors que seule une vingtaine de personnes ne l’occupent ?», raconte Bianca. «Pourquoi dépenser de l’argent ? Pourquoi ne pas le garder pour les familles dans le besoin ? Nous avons tout ce qu’il faut ici et nous n’avons pas besoin d’une nouvelle maison communale. Un centre médical avec une pharmacie serait plus utile à la population qu’une nouvelle maison communale», suggère la jeune femme.
Une majorité de citoyens réclament une restauration de la maison communale et une gestion plus mesurée des fonds communaux. La bourgmestre va-t-elle les écouter et ranger son projet dans un tiroir ou va-t-elle les ignorer en prenant le risque de se mettre à dos une partie des citoyens de la commune ? La réponse dans les jours à venir.*
Sophie Kieffer