Lenert sur le pont, Waringo à la barre

Paulette Lenert est revenue aux affaires sous les encouragements de la foule d’anonymes qui lui témoignent leur attachement sur les réseaux sociaux. Quant à Jeannot Waringo, il reprend du service.

Une chose est sûre, Paulette Lenert n’ambitionnait aucunement d’atteindre un tel degré de popularité. La ministre de la Santé, qui effectuait son grand retour lundi après trois semaines de repos consécutif à un malaise, doit pourtant se rendre à l’évidence : ils sont nombreux ces citoyens qui la portent dans leur cœur.

Fin mars, les internautes ont noirci son mur Facebook de vœux de bon rétablissement mais aussi d’encouragements à poursuivre sa mission alors que les médias évoquaient le malaise de la ministre de la Santé. Mardi matin, elle a tenu à les en remercier en postant un message dans lequel elle se dit réjouie de reprendre son travail. En illustration, une photo prise aux aurores d’un prunus en fleurs qui perce en douceur dans un paysage brumeux. C’est sa façon d’annoncer son retour aux affaires, requinquée par quelques semaines de relâche et une multitude de témoignages bienveillants à son égard.

Pour son retour à la dure réalité de la crise sanitaire, le phénomène Paulette Lenert a affronté une nouvelle fois les députés en commission jointe Santé et Famille, dès lundi matin, avec Corinne Cahen (DP), ministre de la Famille, à ses côtés. C’est dire si elle reprend les affaires là où elle les avait laissées car c’est précisément le 23 mars que s’est tenue la dernière commission à laquelle elle a assisté en visioconférence, quelques heures avant de faire son malaise et de disparaître des radars pendant trois semaines. Le même sujet l’attend à son retour : les clusters dans les établissements pour personnes âgées et vulnérables.

Bien avant le dépôt de la motion de Michel Wolter (CSV) le 18 mars dernier, réclamant une enquête indépendante sur la naissance d’un foyer d’infections Um Lauterbann à Niederkorn, les députés de l’opposition avaient régulièrement blâmé les absences de Corinne Cahen aux séances plénières, alors même que la situation des personnes âgées dans les structures d’hébergement était abordée.

C’est la ministre de la Santé, Paulette Lenert, qui montait à la tribune pour répondre aux députés, surtout à l’opposition réclamant avec insistance la mise en place d’une stratégie nationale pour les maisons de retraite. Ce à quoi s’est toujours refusée la ministre de tutelle sous prétexte de laisser leur autonomie aux établissements à qui le gouvernement adressait des recommandations.

Grandement insuffisant pour l’opposition et la majorité choisira finalement d’étendre l’enquête à l’ensemble des clusters. Mais le gouvernement sera le commanditaire de l’enquête rendant toute relative l’indépendance exigée par l’opposition.

La ministre de la Famille a eu l’occasion de se défendre mais n’a admis aucune responsabilité dans les drames qu’ont connus les établissements. Pour l’opposition, c’en était trop, elle réclamait d’une seule et même voix le 1^eravril dernier la démission de la ministre, sauvée par l’habituelle courte majorité de 31 voix.

Lundi matin, la ministre Paulette Lenert était donc de retour pour discuter du projet de cahier des charges de l’étude en question. Nos confrères de RTL avaient déjà révélé que Jeannot Waringo serait le fameux coordinateur neutre de l’étude. Le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit, a confirmé l’information et c’est également lui qui a présenté les objectifs de l’enquête : analyser les sources des clusters, leur cheminement et en déterminer les causes, analyser et évaluer l’application des mesures sanitaires et analyser le degré d’immunisation des personnes âgées à la suite de l’administration d’une première puis d’une deuxième dose de vaccin contre le Covid-19.

Le groupe de travail autour de Jeannot Waringo, l’homme qui a épluché le fonctionnement de la Cour grand-ducale,  sera composé d’un expert du Laboratoire national de la santé (LNS) dans le domaine du séquençage, un expert du Luxembourg Institute of Health (LIH), deux experts internationaux ayant une expertise en épidémiologie Covid-19 dans les structures pour personnes âgées ou en gérontologie ainsi que de la direction de la Santé (pour pouvoir fournir toutes les données nécessaires selon le gouvernement). Les conclusions et les recommandations sont attendues dans deux mois.

Geneviève Montaigu