Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Parti chrétien-social a entamé un processus de réformes structurelles internes, sur la base d’un rapport d’audit « indépendant ». Réalisé à partir de consultations avec ses membres, il a été présenté hier.
Marc Thewes (à g.) et Marc Glesener ont effectué l’audit de leur parti. (Photo : François Aussems)
Le processus est censé se dérouler en trois étapes, selon la formule du patron du parti, Marc Spautz : « Voir, juger, agir ». « Voir », pour le sondage des membres du parti, « juger », pour l’approbation du rapport d’audit des différentes instances et sous-organisations du parti, et « agir », pour la mise en œuvre effective des pistes dégagées avec pour objectif avoué, à terme, le gain des élections communales et législatives de 2017 et 2018.
Si par ailleurs cet audit a été réalisé par deux membres du parti, son président, Marc Spautz, s’est voulu catégorique : « Il ne s’agit aucunement d’une brochure estampillée « CSV », mais bien d’un travail qui jouit d’une pleine neutralité. » Soit un audit interne qui se veut en outre totalement transparent, selon Marc Spautz qui a insisté sur le fait que « le processus de réforme du parti se fait « cartes sur table » ».
En pratique, le duo Thewes-Glesener est allé à la rencontre de représentants des sous-organisations du parti et des différentes sections chrétiennes-sociales des quatre circonscriptions électorales. Des membres du parti, qui s’étaient manifestés publiquement en prenant position par le biais de lettres ouvertes ou en donnant des interviews, ont également été consultés.
La première étape du processus de réforme du CSV n’est cependant pas définitivement actée. Les cadres du parti ont en effet invité leur base électorale à commenter le rapport, qui est disponible en ligne – sur le site du parti – jusqu’au 25 février. Avant de passer à la deuxième étape : la présentation des conclusions du rapport devant le conseil national du parti, mercredi prochain, qui seront également transmises aux sous-organisations et autres organes du CSV. L’objectif est de placer le rapport d’audit au centre des discussions afin que les pistes de réforme qui y figurent soient avalisées à l’occasion du congrès national du parti, en mars prochain. Puis de passer à la troisième et dernière étape, à savoir l’action et donc la mise en œuvre de la réforme proprement dite.
> « Ouvert à tous »
Le conseiller en communication, et notamment en communication de crise, Marc Glesener estime que certains membres sont dans le flou. « Les membres du parti que nous avons rencontrés ont montré un énorme besoin d’échanger, de discuter », a-t-il souligné. Une nécessité accrue d’interactions verbales qui traduit au final un manque de confiance envers le parti, dans le chef de certains membres. Afin d’y remédier, le juriste Marc Thewes a mis en exergue trois thèmes prioritaires qui apparaissent comme étant les lignes directrices à suivre, à l’avenir, par le CSV: le besoin de plus de clarté, notamment quant aux valeurs que prône le parti, la volonté d’organiser davantage de débats et l’objectif de promotion des talents et de développement des compétences au sein du parti.
À la question de savoir quelles étaient les valeurs fondamentales portées par le CSV, les réponses obtenues se sont par exemple avérées particulièrement floues, a jugé Marc Glesener. « Le CSV se montre par exemple en faveur de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe dans son programme de 2002, ce qui est méconnu de nos membres », relève-t-il. Avant de chercher à clouer une fois pour toutes le bec aux détracteurs du parti qui le considèrent comme sectaire : « Le CSV est ouvert et accessible à tous ! » Puis de mettre les points sur les i : « Le CSV n’est pas un parti des extrêmes, il ne faut s’y méprendre. »
En clair, bien que la lettre « C » du sigle « CSV » signifie «chrétien», le parti compte des membres aussi bien conservateurs que progressistes. Dans ce contexte, le CSV tient à éclaircir spécifiquement les valeurs qui l’influencent, en suscitant de larges débats, à l’avenir.
De notre journaliste Claude Damiani
