Les deux derniers champions nationaux, Lex Reichling (28 ans) et Vincent Dias dos Santos (30 ans), n’ont pu disputer un dernier titre national. Ils ont néanmoins décidé d’arrêter leur carrière.
Bien avant le début de la saison 2020/2021, ils avaient prévu de mettre un point final à leur carrière à l’issue des championnats nationaux, qui auraient dû se tenir samedi dernier à Ettelbruck, ou au mieux, en cas de sélection, à l’issue des Mondiaux d’Ostende.
Sans le savoir, leur course d’adieu s’est déroulée sans battement de tambour. Le samedi 10 octobre pour Vincent Dias dos Santos. À Schouweiler, le champion national 2019 termina en effet 11e du Grand Prix Gibbes Schmartz. Une semaine plus tard, maillot de champion national 2020 sur le dos, Lex Reichling prit pour sa part la 6e place à Kayl du Grand Prix Gigi L’Amoroso !
C’était le samedi 17 octobre 2020. Voilà pour le décor de leur départ.
Alors qu’ils ont confirmé depuis qu’ils ne reprendraient pas leur carrière, quoi qu’il advienne, le fil de leur carrière, nous les avons joint. Le contrôleur des CFL et l’instituteur diekirchois se sont alors volontiers prêté au jeu.
LEUR FIN DE CARRIÈRE
Vincent Dias dos Santos : «J’ai raccroché après le cyclo-cross de Schouweiler, même si j’ai continué à m’entraîner un moment sur route. C’est drôle de finir comme ça. J’avais prévu d’entamer très lentement la saison car je voulais tout miser sur le championnat pour ma dernière saison. À la fin du mois de novembre, je suis ainsi parti deux semaines aux Canaries avec mon pote Sascha Weber. Toujours dans l’espoir que la saison reprenne. Puis, je me suis résigné. Depuis, je ne suis plus retourné sur la route, je n’en ai pas l’envie. Par contre, je continue de rouler trois, quatre heures en VTT avec les copains et avec mon vélo de gravel je teste les roues de mes anciens partenaires SH Race et Vëlosatelier à Steinfort, de mon ami Philippe Hutmacher. C’est pour eux aussi que je tenais à aller au bout de cette saison. La dernière. J’aurais adoré m’arrêter aux Mondiaux à la fin janvier. Mais c’est comme ça, j’ai ressenti au fil des ans comme une sorte d’usure psychologique, ce n’est pas simple de combiner ça avec l’activité professionnelle et physiquement, je sentais que je commençais par moins bien récupérer.»
Lex Reichling : «Pour moi, c’est au cyclo-cross de Kayl que cela s’est arrêté. Moi aussi, j’avais dans l’idée de participer à mes derniers championnats nationaux qui devaient se tenir le 9 janvier à Ettelbruck. Puis j’aurais voulu terminer pour de bon aux Mondiaux d’Ostende, le 31 janvier prochain. Décision fut prise d’annuler les championnats et je suis resté sur ce que j’avais dit. La compétition, c’est fini.»
LEUR DERNIÈRE SORTIE DE CYCLO-CROSS
Lex Reichling : «Je continue toujours de rouler en cyclo-cross. La dernière fois, c’était samedi dans la forêt à Diekirch. C’est-à-dire que je prends mon vélo de cross et je fais du gravel. J’en ai d’ailleurs commandé un qui arrivera au printemps. Je n’ai pas arrêté l’entraînement car je me suis rendu compte que ces dernières années, je roulais environ 15 00 kilomètres par an avec beaucoup de plaisir. Donc, je combine cyclo-cross, entraînement sur route, rouleau et fitness. Mais c’est du loisir, il n’y pas d’idée de compétition là-dedans.»
Vincent Dias dos Santos : «C’était à Schouweiler…»
Participer à un championnat du monde à la maison devant 10 000 spectateurs, c’est quelque chose que je ne pourrai pas oublier
LEUR PLUS BEAU SOUVENIR
Lex Reichling : «Pour moi, c’est clair que c’est le championnat national en janvier 2020, le seul que j’aurai donc remporté. C’est un souvenir magnifique, il y avait plein de gens qui me soutenaient, ma copine, ma famille, mes amis, mes collègues de travail. J’ai vraiment apprécié. Ensuite, je mettrais un deuxième souvenir, ce sont les championnats du monde élite en 2017 à Bieles. Participer à un championnat du monde à la maison devant 10 000 spectateurs, c’est quelque chose que je ne pourrai pas oublier. J’étais fier d’avoir pris la 42e place et de terminer premier coureur luxembourgeois.»
Vincent Dias dos Santos : «J’en ai trois. Mon premier titre juniors, ma 15e place lors des Mondiaux-2009, toujours chez les juniors. Ces Mondiaux se déroulaient à Trévise. Dans ma catégorie, on retrouvait le Néerlandais Lars van der Haar et surtout Peter Sagan (NDLR : le Slovaque finira deuxième derrière le Français Arnaud Jouffroy). Et il y a évidemment mon titre de champion national acquis à Brouch en 2019. Je voulais tant ce titre qui m’avait toujours fui et mon beau-père décède la veille, l’émotion était terrible. Bon, je n’oublierai pas non plus que je me suis imposé huit fois d’affilée à Dommeldange.»
LEUR PLUS MAUVAIS SOUVENIR
Lex Reichling : «C’était lors des championnats nationaux au Galgenberg, à Belvaux, j’étais encore espoir et ma course s’est arrêtée après 500 mètres dans un bac à sable avec un dérailleur arrière cassé ! J’ai souvent été malchanceux aux championnats nationaux. Il faut dire que cela n’a pas souvent été simple dans la mesure où généralement, j’avais des examens à passer que ce soit pour l’école de police que j’ai suivie avant de revenir à l’université d’Arlon pour devenir instituteur. Cela me procurait toujours beaucoup de stress et ce n’était pas favorable, je pense. Mais ce jour-là à Belvaux, j’étais terriblement frustré et abattu…»
Vincent Dias dos Santos : «Franchement, j’en ai beaucoup, des mauvais souvenirs. Plus que des bons. Combien de fois, j’en ai pleuré, de retour à la maison… Je me contenais comme l’an passé à Mersch, où j’ai fini troisième, puis je craquais quand je rentrais, j’étais défait. Longtemps, les championnats nationaux ne m’ont pas réussi…»
Je me vois comme un hipster ou un baba cool. Faire du sport, oui, mais plus de compétition
LEUR AVENIR SPORTIF
Vincent Dias dos Santos : «Je vais passer mes vacances et mon temps libre entre le chalet que ma famille possède en Haute-Savoie et où je suis déjà allé souvent et le Portugal où j’aimerais passer du temps pour par exemple, pratiquer le surf. La haute montagne, c’est pour le ski, l’alpinisme. La mer, pour les plaisirs de la plage. Ici, je ferai du VTT, du gravel, mais toujours pour le plaisir, pas plus. Je me vois comme un hipster ou un baba cool. Faire du sport, oui, mais plus de compétition. C’est même le projet de vie que je compte mener à bien pour ces prochaines années. J’ai 30 ans, c’est le moment d’en profiter un maximum !»
Lex Reichling : «Je veux rester actif, il y a peu avec mon frère (Laurent Reichling, athlète), on s’est offert une sortie de 40 kilomètres en course à pied. Un truc que je n’aurais jamais pu réaliser avant, cet effort aurait été trop traumatisant pour la saison de cross. J’ai eu certes mal aux jambes, mais voilà, j’ai pu le faire sans souci. J’ai un projet en gravel, au Luxembourg, comme à l’étranger. Mais pas de compétition. Le cyclo-cross, à l’avenir pour moi, ce sera en spectateur !»
Denis Bastien