Le cadavre d’Ana Lopes (25 ans), enlevée à Bonnevoie dans la nuit du 15 au 16 janvier 2017, avait été retrouvé dans sa voiture calcinée aux abords de Roussy-le-Village en Lorraine. Ce mardi matin, la 13e chambre criminelle a rendu son jugement : elle a reconnu coupable l’ex-petit ami, Marco B. Conformément aux réquisitions du parquet.
«Il lui a pris sa vie, a brûlé son corps et veut détruire sa réputation. Il ne veut rien laisser à cette femme. Il conteste les faits contre vents et marées et refuse un dernier brin de consolation à la famille : savoir le pourquoi et le comment.» Pour le parquet, il n’y avait aucun doute que Marco B. (32 ans) est l’auteur de la mort de la jeune maman de 25 ans. Des circonstances atténuantes, le premier substitut Pascale Kaell n’en voyait aucune. Tout aurait été «scrupuleusement planifié». Le lieu de la découverte du corps calciné n’aurait rien eu d’un hasard : «Le „Haferbusch“, à l’écart de la départementale D653 (aux abords de Roussy-le-Village), est un lieu isolé. Le but était de faire disparaître Ana!» Voilà pourquoi le parquet avait requis la peine maximale pour assassinat.
Ana Lopes a été surprise par son ravisseur, route de Thionville, à quelques mètres de son domicile à Bonnevoie, le 16 janvier 2017 vers 1h. «On peut exclure qu’Ana se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment», avait commencé la parquetière son réquisitoire. «L’auteur connaît forcément la victime : il connaît son adresse et ses habitudes. Il sait qu’elle est sortie ce soir-là. Et il connaît parfaitement sa voiture qui était garée à 470 m du lieu de l’agression.»
«Personne ne peut prouver le contraire de ce que j’ai dit»
En détention préventive depuis début juin 2017, son ex-petit ami et père de leur fils en commun, Marco B. a toujours clamé son innocence : «Personne ne peut prouver le contraire de ce que j’ai dit», s’est-il ainsi défendu à la barre. La nuit de la mort brutale il prétend avoir été occupé à promener trois chiens avec sa mère. Mais pour le parquet, son alibi ne tient tout simplement pas la route. Marco B. déclare avoir été à la maison. Son portable géolocalisé à 300 m de son domicile n’a effectivement pas bougé entre 22 h 51 et 6 h 21 et a été inactif. Sauf que cela n’est pas dans ses habitudes, car il est constamment «accroché à son téléphone» : «S’il avait oublié le téléphone dans sa voiture, il l’aurait très vite remarqué et il aurait été le chercher.»
L’enquête a aussi pu retracer qu’à 3 h 07, la mère envoie un message à son fils. Et à 6 h 19, ce dernier lui répond. Deux SMS qui interrogent d’autant plus parce que ces deux messages justement ont disparu des deux portables…
De surcroît, ses déplacements le 15 janvier au soir, quelques heures avant la disparition d’Ana, interpellaient. «Il tourne autour du domicile de la victime. Bizarrement c’est le même trajet qu’empruntera le meurtrier à bord de la voiture d’Ana avant de partir vers la France.»
L’ADN sur le ruban adhésif
Et enfin, il y a les traces sur les lieux du crime : le ruban adhésif de la marque Kip retrouvé à 55 mètres de la voiture incendiée contenant le corps de la victime. La face collante de l’entame contient l’ADN de la lignée paternelle de Marco B. La défense avait évoqué hypothèse du dépôt de l’ADN du fils de 22 mois par un transfert direct ou indirect par les mains de sa maman. Or pour la représentante du parquet, il n’y a qu’un scénario qui colle, celui qui veut que Marco B. a manipulé lui-même le scotch.
La défense du trentenaire, plaidant l’acquittement, avait proposé d’ordonner une reconstitution de la manipulation du rouleau de scotch avec et sans gants. «Le résultat qui en ressortira pourra alors être comparé aux résultats de l’expertise génétique qui figurent au dossier.» «Je suis innocent. Je ne demande que ma liberté. Rien de plus», avait insisté Marco B. au terme de 15 jours de débats, avant que la 13e chambre criminelle ne prenne l’affaire en délibéré. Mais les juges ont estimé qu’il y a suffisamment d’éléments pour retenir sa culpabilité : il écope de la réclusion à vie.
Les proches de la victime se voient allouer 225 000 euros
Le fils, la mère, le père et la sœur d’Ana Lopes, représentés lors du procès par Me Roberto, s’étaient constitués parties civiles. Ils réclamaient près de 290 000 euros de dommages et intérêts au total. Ils se voient au final allouer 225000 euros
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel contre le jugement.
Fabienne Armborst
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