Comment continuer à alimenter en énergie les trois millions de foyers qui dépendent de la centrale nucléaire de Cattenom alors qu’une crise sanitaire sans précédent a mis la France, l’Europe, le monde à l’arrêt ? Retour sur une année hors norme.
Le couperet est tombé. Le 17 mars 2020 à midi, la France est contrainte au confinement. La centrale nucléaire de Cattenom, elle, doit continuer à tourner, coûte que coûte, dans ce contexte inédit. 2 000 à 2 500 personnes y travaillent. Confiner, protéger les salariés et le site, oui, mais comment ? « Nous avons dû repenser notre manière de fonctionner pour éviter que le virus ne se propage intra-muros », indique Yannick Simonet, directeur délégué aux arrêts de maintenance.
Arrêts de tranche : cinq mois au lieu de deux
Deux arrêts de tranche pour recharger les réacteurs en combustible étaient programmés en 2020. Le premier, couplé à une visite partielle au printemps, quinze jours après le confinement généralisé, et le second, un arrêt simple, à l’automne. « Il a fallu convaincre les prestataires de venir en dépit du contexte, les rassurer en confinant le site », poursuit le directeur. Mise en place de brigades de nettoyage, distribution de 4 000 litres de gel hydroalcoolique par semaine, éloignement des agents « non essentiels » au fonctionnement vital de la centrale, révision du planning mois par mois ont permis de poursuivre l’activité. « L’arrêt de l’unité 2 qui devait durer deux mois s’est étiré sur cinq parce que nous avons adapté le rythme de l’arrêt à celui du travail. Il fallait à tout prix éviter un cluster ».
« Sanctuarisation » des salles de commande
Outre les opérations de maintenance vitales au fonctionnement de la centrale à l’abord de la saison hivernale, la surveillance du site est une priorité absolue, Covid-19 ou non. « On est passé de sept équipes de pilotes de réacteurs à cinq avec des présences plus soutenues pour garder deux binômes en réserve en cas de cluster », souligne Damien Harter, chef d’exploitation. Et de rappeler : « On ne s’est jamais arrêté » précisant que les salles de commande avaient été « sanctuarisées » devenant des « zones blanches ». « L’énergie a toujours été disponible parce qu’il y a toujours eu des agents en salle de commandes , reprend Yannick Simonet. On a retrouvé cette année cette âme de l’agent EdF en tunique bleue, cet esprit de service public. »
Une brigade d’anges gardiens
Soixante-dix volontaires, tous services confondus, ont intégré la brigade des « anges gardiens » chargés de rappeler « avec bienveillance » les gestes barrière à leurs collègues et ont tourné sur le site pendant quatre mois. Pour que l’électricité soit.
Catherine Roeder (Le Républicain Lorrain)
Que fera EDF si la France manque d’électricité ? Couper la fourniture du Luxembourg ?