Un couvre-feu à 18h dans l’Est plutôt qu’un reconfinement : la mesure choisie par le gouvernement pour freiner le rebond de l’épidémie de Covid-19 est jugée trop légère par des responsables locaux, signe de leur inquiétude à la veille d’un réveillon du Nouvel An à haut risque.
« J’aurais aimé que nous arrivions à (…) profiter de cette période de vacances (…) pour pouvoir réaliser une forme de confinement », a déclaré sur France Info le président (LR) de la région Grand-Est, Jean Rottner. « Est-ce que ça ne risque pas de nous faire prendre un train de retard et donc de voir passer de nouveau cette épidémie et courir derrière ? », craint-il.
« Je reste dubitative sur la pertinence d’une demi-mesure », a renchéri sur France Bleu Lorraine Valérie Beausert-Leick, présidente (PS) du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. « J’espère que l’avenir nous donnera tort et qu’avancer ce couvre-feu sera suffisant ».
Des réactions frappantes quand on se souvient que les fermetures de bars et restaurants fin septembre à Marseille avaient à l’inverse rendu furieux les élus locaux.
« Nous ne voulons pas confiner à ce stade : ni un confinement généralisé, ni un confinement local », a fait valoir le ministre de la Santé, Olivier Véran, en annonçant les mesures mardi soir sur France 2. Le gouvernement privilégie donc plutôt un avancement du couvre-feu à 18h au lieu de 20h dans certains endroits de la moitié Est du pays, particulièrement menacés par le rebond épidémique.
« Pourquoi attendre le 2 ? »
« Le couvre-feu, qui est un confinement nocturne, est une solution qui montre une certaine efficacité », a commenté l’épidémiologiste Yves Buisson, président du groupe Covid-19 à l’Académie nationale de médecine. Mi-novembre, l’agence sanitaire Santé publique France avait d’ailleurs estimé que les couvre-feux imposés localement un mois auparavant avaient permis de ralentir l’épidémie, avant même le confinement du 30 octobre.
Selon le ministère de la Santé, 20 départements sont actuellement concernés, depuis les Ardennes jusqu’aux Alpes-Maritimes en passant par la Moselle et le Haut-Rhin. La mesure doit prendre effet à partir du 2 janvier, après concertation avec les élus, préfets et agences régionales de santé.
« Pourquoi attendre le 2 et ne pas le faire de suite ? », s’est interrogé Jean Rottner. Le ministère de la Santé justifie ce délai par le fait que l’inflation des tests pendant les vacances de Noël risque de donner une vision faussée de la circulation du virus. Quelques jours d’observation supplémentaires sont donc nécessaires, selon lui.
Une « reprise incontrôlée de l’épidémie » en janvier est par ailleurs « probable », avertit le Conseil scientifique qui guide le gouvernement, dans un avis rendu public mardi soir. Pour limiter la casse, le couvre-feu national restera en vigueur pour le réveillon de jeudi, alors qu’il avait été exceptionnellement levé la veille de Noël.
LQ/AFP