Pour le premier débat d’orientation budgétaire de son mandat, François Grosdidier a pointé la faiblesse des marges de manœuvre dont il dispose. En plus de l’endettement, il dit être confronté à un « patrimoine en très mauvais état ».
« On m’a dit que j’étais l’argentier d’une ville désargentée. Je crois que c’est ça ». En acceptant le job d’adjoint aux finances, Eric Lucas ne s’attendait peut-être pas à devoir présenter son premier débat d’orientation budgétaire en évoquant une « situation financière alarmante ».
« Nous avons 55 M€ de travaux urgents à faire ! […] On a un énorme problème »
Alarmante, vraiment ? François Grosdidier (LR) résume la situation en quelques chiffres : « Lors du premier mandat de Dominique Gros, il y a eu 380 M€ d’investissement sans évolution de la dette. Lors du second mandat, c’était 250 M€ mais avec une dette qui a été multipliée par 8. Pour ce mandat-ci, pour ne pas surendetter la Ville et passer dans le rouge, nous n’avons que 150 M€. On pourrait penser que c’est beaucoup. Sauf que pour maintenir le patrimoine en état, c’est 90 M€ sur le mandat. On ne peut pas faire moins. Puis il y a 42 M€ de coups partis : des projets lancés par l’ancienne municipalité pour lesquels nous sommes engagés. Nous sommes déjà à 132 M€. Il en reste 18, soit 3 M€ par an. C’est ridicule. Et ce n’est pas fini. Car nous sommes en train de terminer un audit sur l’état du patrimoine de la Ville. Et il montre que nous avons 55 M€ de travaux urgents à faire ! Des gymnases qui prennent l’eau, des murs qui se fissurent. Avec seulement 3 M€ par an de capacités d’investissement. On a un énorme problème. »
« Nos prédécesseurs se sont lâchés en termes d’endettement de manière tout à fait irresponsable sans même se poser la question de l’après et de ce qu’ils allaient laisser aux générations futures, poursuit Nathalie Colin-Oesterlé (Les centristes). Oser dire, comme le fait l’ancienne municipalité, que la situation est saine, alors que notre patrimoine s’est considérablement dégradé et que rien n’a été fait pour l’entretenir sous les derniers mandats, malgré un endettement galopant et la souscription de nouveaux emprunts, c’est mentir à nos concitoyens. Les écoles, les gymnases, les centres socioculturels… Rendez-vous compte ! 34 écoles sont dans un état alarmant… »
Françoise Grolet (RN) jubile : « Quel bonheur de ne pas avoir à ouvrir un document d’orientation budgétaire socialiste avec la perspective de devoir affronter cette éternelle autosatisfaction. La réalité, elle apparaît : la dette, le sous-entretien… » Mais le parallélisme de vue s’arrête là. « Il semble un peu fou que l’on ait mobilisé 25 M€ dans le Centre des congrès alors que le patrimoine partait à vau-l’eau », avait lâché Eric Lucas quelques minutes plus tôt. Françoise Grolet attaque : « Monsieur le maire, vous ne vous y êtes pas opposé à la métropole. Vous devez assumer ce mauvais aiguillage. »
« Vous vouliez le beurre sans mettre l’argent du beurre »
Denis Marchetti (EELV) va dans le même sens : « Dites-nous les investissements réalisés qui n’auraient pas rencontré votre adhésion, Monsieur le maire. 24,5 M€ pour le Centre des congrès ? À l’époque, vous étiez tout à fait satisfait. La tribune sud de Saint-Symphorien ? Vous n’avez jamais pris parti. Vous auriez fait tous ces investissements mais vous nous dites que vous n’auriez pas emprunté pour les faire. Vous vouliez le beurre sans mettre l’argent du beurre. »
Cette dette, Xavier Bouvet (Unis) ne veut pas la diaboliser : « L’urgence, ce n’est pas le désendettement ou l’augmentation d’une épargne brute. L’urgence, c’est d’engager le plus intensément possible la correction d’un système qui menace de se retourner contre nous. Agir pour l’investissement local et pour la transition écologique. » « Avec quel argent Monsieur Bouvet ? », interroge Nathalie Colin-Oesterlé. « La Ville continue d’emprunter à des taux excellents, indique Xavier Bouvet. Et s’il ne fallait retenir qu’un indicateur de la santé financière de la Ville, ce serait celui-ci. »
« Mais qui peut croire que la Ville est en ruine ? », s’agace Danielle Bori (PCF). François Grosdidier se redresse : « Depuis le mois de juillet, on me fait découvrir une nouvelle casserole tous les jours. J’ai demandé à mes collaborateurs d’arrêter ce supplice ! »
Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)