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Luxembourg : une tripartite sidérurgie constructive


En septembre, ArcelorMittal a annoncé vouloir opérer une vaste restructuration comprenant 578 suppressions de postes, soit 15 % des effectifs luxembourgeois du géant de l'acier (photo d'archives : Didier Sylvestre).

Jeudi, les partenaires sociaux sont ressortis satisfaits de la troisième réunion de la tripartite sidérurgie qui vise à limiter la casse à ArcelorMittal.

Après trois heures de réunion hier matin au Kirchberg, la tripartite sidérurgie semble être sur le bon chemin. «L’ambiance a été constructive», a noté dès la sortie Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB en charge du dossier. L’annonce en septembre d’une large restructuration dans les rangs d’ArcelorMittal avait laissé craindre le pire. Avec 578 postes dans la balance, soit près de 15 % des effectifs, les syndicats ont très vite demandé la mise sur pied d’une tripartite pour trouver des solutions et sauver des emplois.

Hier matin, après cette troisième réunion de la tripartite et après six réunions du groupe de travail consacré au dossier, le LCGB a souligné qu’une «première partie à mi-chemin» avait été faite dans ce lourd dossier de restructuration.  «Nous nous sommes concentrés sur trois axes de travail. En premier lieu, nous voulions clarifier le nombre de salariés en sureffectif et faire une décomposition des différents types de sureffectifs et déjà trouver différentes solutions», assure Robert Fornieri.

Ainsi, sur les 536 postes de travail à supprimer (soit sans préretraites ex-CDR), le groupe de travail a pu faire baisser ce nombre à 280. «Nous avons identifié la possibilité de procéder à 308 départs en préretraite, dont 237 en préretraite-ajustement. Au final, après avoir envisagé, entre autres, le reclassement interne et le départ volontaire, il restera un sureffectif de 280 postes qui serait alors à prévoir dans la nouvelle Cellule de reclassement (CDR). En outre, ArcelorMittal aura besoin de remplacer le personnel sur 202 postes à court terme. Dans la théorie, on peut imaginer l’employeur piochant dans le sureffectif de 280 postes pour ce besoin-là. Mais ça c’est la théorie et nous savons que les profils et les compétences ne vont pas coïncider. Et puis, ce sureffectif de 280 salariés ne sera pas immédiat, mais va s’échelonner sur une période de trois à cinq ans.»

Il faut noter aussi une petite nouveauté dans cette restructuration, puisque, contrairement aux précédentes dans la sidérurgie, elle va aussi toucher une centaine de personnes dans le secteur administratif.

Une enveloppe de 200 millions d’euros

Le deuxième axe de travail s’est concentré sur les investissements futurs du géant sidérurgique, un point pour lequel les partenaires sociaux demandent des garanties afin de pérenniser l’activité dans la durée. «La direction d’ArcelorMittal nous a présenté 38 projets d’investissement, dont dix de grande envergure, pour une enveloppe globale entre 150 et 200 millions d’euros», explique le secrétaire général adjoint du LCGB avant de nuancer : «Sur ce point, nous avons tout de même eu de grosses discussions. Cette enveloppe correspond à l’économie que la direction va faire avec cette restructuration. Donc, quelque part, cela revient à financer l’investissement par le biais de la diminution de l’effectif. Donc, à partir de ce point de vue, si un investissement n’a pas lieu, il n’y aura pas lieu de diminuer l’effectif!»

Robert Fornieri relativise cependant les montants en jeu : «Une enveloppe de 200 millions d’euros n’est pas non plus une annonce formidable. C’est une belle enveloppe, mais ce n’est pas plus que les années précédentes. L’important sera de savoir comme elle sera utilisée. C’est pour cela que nous avons insisté fortement sur la nécessité de réaliser quatre projets en particulier, qui sont vitaux à nos yeux pour donner un avenir à des sites comme Belval, Differdange, Rodange et Bissen.»

Enfin, troisième axe de travail, l’externalisation de certaines activités. ArcelorMittal est en train de réfléchir au sous-traitement de certaines activités. Une stratégie que «regrette» le LCGB, qui y voit une «exposition dangereuse à la perte d’un savoir-faire et un affaiblissement de la société».

«On doit finir cette première étape. On doit se mettre d’accord sur le dossier des externalisations et sur celui des investissements. On doit terminer ça dans les dix jours. Si on franchit cette étape, alors on pourra partir vers des mesures d’accompagnement», termine le secrétaire général adjoint du LCGB en soulignant l’esprit constructif qui règne dans le traitement des différentes parties du dossier.

Jeremy Zabatta