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Dealer et prostituée tués d’une balle dans la tête : «Une seule solution : la réclusion à vie»


Le corps sans vie du dealer avait été découvert au bord de cette piste cyclable à Leudelange. Comme la prostituée retrouvée morte au parking du Fräiheetsbam, il a été tué d'une balle dans la tête. (Photo : Fabienne Armborst)

Reconnu coupable du meurtre du dealer et de la prostituée en 2016 et condamné à la peine maximale en première instance, Lee K. avait fait appel. Or pour le parquet général, il y a lieu de confirmer le jugement. Le second prévenu Alden S., uniquement poursuivi pour le premier fait, avait écopé de 15 ans de réclusion, dont 5 avec sursis.

«Il a choisi volontairement deux personnes en marge de la société : un dealer et une prostituée. Il pouvait partir du principe que personne ne s’inquiéterait pour eux…» Sans hésiter un instant, le représentant du parquet général a requis la confirmation de la peine prononcée en première instance contre Lee K. (37 ans). «Toute peine qui n’est pas la réclusion à vie n’est pas adaptée», a estimé le premier avocat général Serge Wagner à la fin de son réquisitoire, vendredi matin. À l’issue de quatre jours de débats, il ne relève aucune circonstance atténuante dans le chef du trentenaire reconnu coupable des deux tirs mortels. «Aucun aveu, aucun commencement de repentir !»

«Ils (Lee K. et le coprévenu Alden S.) voulaient voler tout son argent», avait-il conclu mardi au sujet du meurtre du dealer dont le corps sans vie avait été découvert dans une forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff le 10 novembre 2016 au matin. Même conclusion lorsqu’il s’est attaqué vendredi matin au second fait reproché à Lee K. : la mort de la prostituée également tuée d’une balle dans la tête et retrouvée quatre jours plus tard sur le parking du Fräiheetsbam. «Il avait des problèmes d’argent. Il l’a tuée pour finalement la dépouiller de ses 7,60 euros…»

Pas de trace du portable : «Un raisonnement faux»

La défense avait plaidé l’acquittement au bénéfice du doute. Comme pour le premier fait, le parquet général a battu en brèche les arguments de Me Rosario Grasso : «Le raisonnement que le portable de Lee K. n’a pas été localisé à l’endroit où il doit être pour faire ce pour quoi il a été condamné est faux. Il suffit que Lee K. l’ait éteint ou l’ait mis en mode avion. Ou qu’il n’ait reçu aucun appel ou SMS pendant ces deux heures. Car sans communication, pas de données!» «Si vous avez un doute, vous avez le droit d’appeler l’enquêteur ou le chef des nouvelles technologies», lancera encore le représentant du parquet général à la Cour d’appel. Mais pour lui, pas l’ombre d’un doute que Lee K. a tué la prostituée à bord de sa Mercedes A170. Il y aurait suffisamment d’autres éléments qui pointent sur lui.

Pour qualifier les déclarations du prévenu durant l’instruction, le premier avocat général n’aura d’ailleurs pas mâché ses mots : «N’importe quoi d’un bout à l’autre!» Cela débuterait par le fait qu’il dit avoir prêté le soir des faits sa Mercedes A170 à Alden S. Or selon ses proches, Lee K. n’aurait jamais été enclin à prêter sa voiture. Il avait également déclaré que c’est Alden S. qui a tué le dealer. Ce qui lui aurait fait peur. «Et quelques jours plus tard, il lui prête sa voiture?», s’interroge le parquet général. Enfin, Lee K. prétend que c’est Alden S. qui l’a contacté. Ce n’est toutefois pas ce que raconte l’exploitation des téléphones.

Toujours selon la partie poursuivante, cette téléphonie livre d’autres enseignements intéressants. «Demain, j’ai de nouveau de l’argent», avait-il écrit dimanche soir à sa petite-amie. «Il n’avait pas un rond et une heure et demie plus tard, la prostituée est morte…», constate Serge Wagner.

Autre indice sur lequel il s’appuie : les images de la Mercedes A170 ce même soir dans le quartier de la Gare avec au volant un homme avec peu de cheveux. Le véhicule sans enjoliveur à l’avant côté gauche – la voiture saisie chez Lee K. présentait le même défaut – avait ainsi été aperçue avenue de la Liberté par une caméra de vidéosurveillance à 21 h 47… Ce qui correspond à l’heure de disparition de la prostituée.

«Des faits que seul l’auteur peut connaître!»

Enfin, il y a les déclarations de Lee K. à un ami avant même que la découverte du cadavre ne fasse le tour des médias. «Des faits que seul l’auteur peut connaître!», commente le premier avocat général. Et de conclure : «Lee K. est le conducteur et l’auteur du tir.» Et le «meurtre», c’était «pour faciliter le vol». Comme l’ont d’ailleurs retenu les premiers juges. Voilà pourquoi pour le parquet général, il n’y a qu’«une seule solution : la réclusion ferme à vie».

Le second prévenu Alden S. (25 ans) ayant bénéficié d’un non-lieu pour la mort de la prostituée est uniquement poursuivi pour le meurtre du dealer. En première instance, il a été condamné comme coauteur à 15 ans de réclusion, dont 5 avec sursis. À tort, estime son avocat Me Pim Knaff, qui a plaidé l’acquittement. «Il n’est pas prouvé qu’il était au courant du plan de Lee K. Et il n’a pas accompli d’acte positif pour le meurtre.»

Un« psychopathe» sur la banquette arrière

Ce n’est pas pour autant qu’il est innocent, d’après le parquet général. Son représentant l’avait déjà fait comprendre mardi. Muni d’une nouvelle jurisprudence, il a argué vendredi : «Il suffit qu’il ait accepté, fût-ce tacitement, l’éventualité de la commission.» «Ce qui veut dire qu’Alden S. ne doit pas avoir su que Lee K. voulait utiliser son arme. L’éventualité suffit.» Et d’appuyer : «En tant que conducteur de la Mercedes et en ayant sur la banquette arrière Lee K. qui est un psychopathe avec une sacoche remplie d’armes, l’éventualité de l’utilisation de ces dernières était bien là.» Parce qu’Alden S. n’aurait participé qu’à un seul fait et qu’il ne serait pas l’auteur du coup de feu la peine des premiers juges serait à confirmer.

«Je ne savais pas qu’il allait tirer une balle dans la tête du dealer. Pour moi, il voulait juste aller chercher de la drogue», insistera le prévenu lors de son dernier mot devant la Cour d’appel. Lee K. campera également sur sa position. «Depuis maintenant près de quatre ans, je suis en prison pour quelque chose que je n’ai pas fait…»

La Cour d’appel rendra son arrêt le 1er décembre.

Fabienne Armborst

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