Accueil | Editoriaux | Au cœur de la société

Au cœur de la société

Dès le départ, le Grand-Duc Henri a voulu être un souverain plus accessible et plus moderne. Il avait annoncé la couleur très tôt en s’exprimant plus ouvertement sur la politique nationale, mais aussi en installant son épouse, la Grande-Duchesse Maria Teresa, comme partenaire à part entière.

Ce vent de modernité a suscité pas mal de remous au début de son règne. Les choses ne se sont pas améliorées avec l’attaque frontale en juin 2002 de Maria Teresa contre sa belle-mère, la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte. L’affaire des bijoux et de la forêt de Grünewald, que le Grand-Duc voulait vendre en 2006, a également suscité l’émoi parmi la population. Son refus de signer fin 2008 la loi sur l’euthanasie est venu clôturer une première décennie très mouvementée à la tête du pays.

Au bout de la seconde décennie du règne, le Grand-Duc Henri et avec lui l’ensemble de la dynastie se trouvent face à un tournant. La modernité prônée depuis 2000 n’a pas eu d’effet sur les rouages archaïques de la Cour grand-ducale. Le plan de 2015 visant à réorganiser la Cour, dévoilé à l’occasion du 15e anniversaire de l’accession au trône du Grand-Duc, était voué à l’échec.

Ce projet, orchestré par Chantal Selva, une psychosociologue française, se trouvera même à l’origine des maux qui ont amené le Premier ministre, Xavier Bettel, à commander un rapport spécial sur le fonctionnement de la Cour. La conseillère, qui avait produit un faux CV, a été virée en 2018. Depuis lors, le gouvernement a serré la vis. Le rapport Waringo, présenté au début de cette année, doit permettre à la Cour de faire «un bond vers le XXIe siècle».

Il serait toutefois trop réducteur de résumer le règne du Grand-Duc Henri à cette série de rebondissements. La proximité avec le peuple reste présente, comme le démontrent les funérailles du Grand-Duc Jean en 2019 et la naissance du Prince Charles en mai de cette année.

David Marques