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Luxembourg : le gouvernement investit dans la pierre


Les services du ministre Henri Kox ont réagi dans la journée afin d'éteindre l'incendie, alors que le projet de loi est un dossier sensible.

L’État subventionne la construction de logements. Combien ? Où ? Pour quel montant ? Le suivi des dossiers ressemblait à un chantier avant que le ministère du Logement y mette de l’ordre.

Les dossiers concernant les logements subventionnés manquaient d’ordre et de transparence. Le Fonds spécial de soutien au développement du logement mis en place au mois d’avril doit y remédier. Les résultats d’un premier rapport intermédiaire présentés vendredi par le ministre Henri Kox font état de la volonté du gouvernement de renforcer l’offre de logements à des prix abordables. 550 millions d’euros vont y être consacrés sous forme de subventions. 341 millions d’euros ont déjà été payés, précise le ministère, et cette année, 109 millions d’euros ont été engagés.

Des sommes importantes qui, comme le montre l’inventaire réalisé vendredi, ont d’ores et déjà permis de réaliser 3 600 logements à des prix abordables, soit 308 projets dans 57 communes. Certains de ces projets sont en cours. Ces logements sont réalisés par quatre partenaires différents : la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) à 34 %, le Fonds du logement (25 %), les communes à 21 % et les associations et acteurs privés à 20 %.

Pour chacun de ces projets, une convention a été signée entre le ministère du Logement et le promoteur. La hauteur des subventions dépend de la destination des logements : vente ou location. 2 100 iront à la location, le reste à la vente selon le principe de l’emphytéose. Une technique visant à mettre un frein à la spéculation foncière, explique le ministre du Logement, Henri Kox : «Le parc immobilier public restera public ! Ce sont ces logements qui garantissent durablement des prix décents et accessibles pour les générations futures. D’où l’importance pour les communes de relever ce défi national. Et nous les soutiendrons financièrement et en conseil» dans l’esprit du nouveau pacte logement qui préconise la collaboration entre l’État et les communes. 75% d’entre elles se seraient déjà montrées favorables au projet du ministère.

Les communes devancent de loin les autres promoteurs avec 117 projets. Mais sont en queue de peloton en ce qui concerne le nombre de logements créés : 776 logements abordables. Cela s’explique par le fait qu’elles rénovent souvent des espaces existants. La SNHBM, habituée des vastes projets, livre à elle seule 1 200 logements sur 43 projets. Avec le Fonds du logement, elle est susceptible d’aider les communes à étoffer leur offre de logements à prix abordables et à la gérer.

Mille logements par an

Le ministère du Logement envisage de construire mille logements à prix abordables par an. Le fonds spécial continuera donc d’être alimenté au moins jusqu’en 2024. Un total de 718 millions est provisionné. Plus de 3 800 logements sont annoncés pour cette période.

Certains font partie de projets d’envergure comme les friches industrielles de Wiltz (Wunne mat der Wooltz) et Dudelange (Nei Schmelz) qui, à elles seules, permettront de créer 1 786 logements d’ici à 2042. Ou encore le projet Elmen réalisé par la SNHBM à Kehlen, qui va prochainement rejoindre la liste des grands projets conventionnés.

Outre le fait de financer des projets, le ministère du Logement prospecte des terrains à bâtir pour en faire l’acquisition afin de constituer une réserve foncière. Mille ares sont en sa possession à Mersch, Lenningen, Useldange et Weiler-la-Tour. De quoi construire quelque 300 logements supplémentaires et ainsi augmenter l’offre. Le Fonds spécial semble être un instrument très efficace et prometteur. Reste à espérer que le Covid-19 ne sera pas venu bousculer ces projets. Une étude de terrain est en cours de réalisation, selon le ministre, qui promet des adaptations constante des budgets et se réjouit de l’excellente collaboration avec le ministère des Finances.

Sophie Kieffer