Vingt-six ans après une première condamnation, le quinquagénaire se retrouve au tribunal. Car entre l’été 2018 et début 2019, il a commis des attouchements sur la petite-fille de sa nouvelle femme.
«Abuser d’une enfant de façon si impudentedans le but d’assouvir ses besoins, c’est un comportement abominable.» Le représentant du parquet n’aura pas mâché ses mots, jeudi matin, dans son réquisitoire pour retracer les attentats à la pudeur reprochés au quinquagénaire assis sur le banc des prévenus. Soulevant son «absence de scrupules», il a estimé que c’était d’autant plus «choquant» de voir qu’il avait employé quasiment le même mode opératoire dans le dossier pour lequel il avait été condamné en 1994 à sept ans de prison : les cadeaux, les rencontres en cachette dans sa voiture sur des parkings… À l’époque, il avait abusé durant de longues années de la fille de son épouse. Aujourd’hui c’est pour avoir commis de manière répétée, entre août 2018 et début 2019, des attouchements sur la petite-fille de sa nouvelle femme qu’il comparaît devant le tribunal.
«On n’était plus très loin du viol»
«Se pose la question de savoir quand le premier viol allait avoir lieu, comme il y en a eu dans la première affaire. À mon avis, on n’en était plus très loin», dira le parquetier. Après avoir amadoué l’adolescente de 12 ans en lui achetant un Samsung Galaxy A6+, le quinquagénaire projetait de lui acheter un cheval.
Durant les deux audiences du procès, le prévenu de 59 ans sera resté de marbre. Lors de son dernier mot face aux juges, il lâchera quelques regrets. Mais pour le reste il ne se sera pas montré très bavard. «Avec l’adolescente, vous avez plus parlé qu’avec nous», finira par constater le président avant de le congédier sur le banc.
L’exploitation du portable avait permis de retracer plus de 2 000 messages échangés entre l’adolescente et son beau-grand-père. Vu le contenu de certains SMS, aucun doute pour le parquet qu’il s’agissait de propositions sexuelles envoyées à l’enfant. Ce qui fait qu’il est également poursuivi pour l’infraction de «grooming». Lors de la perquisition, les enquêteurs avaient aussi découvert 79 photos à caractère pédopornographique sur l’ordinateur du quinquagénaire.
Parce qu’il a été réhabilité en 2008, le prévenu n’a aucune inscription de sa première affaire dans son casier judiciaire. «Mais il a des antécédents spécifiques et il n’a pas compris qu’après sa condamnation en 1994, il aurait dû se faire aider.» Le diagnostic posé par l’expert psychiatre est sans équivoque : il est pédophile. «Je me pose la question de sa prise de conscience quant à la gravité des faits. Il a détruit la vie de l’adolescente», dira encore le parquetier avant de requérir sept ans de prison contre le prévenu qui se trouve en détention préventive depuis le 26 février 2019.
Réhabilité en 2008 : éligible à un sursis?
Soulevant ses aveux, son avocate Me Claire Lidolff avait considéré quelques instants plus tôt qu’il était éligible à un sursis. Au cas où le tribunal estimerait que tel est le cas, cela devrait être un sursis probatoire avec l’obligation de suivre un traitement pour contenir son problème, a insisté le parquetier. Il a demandé en outre que lui soit interdit pour la durée de dix ans d’exercer une activité professionnelle, bénévole ou sociale impliquant un contact habituel avec des mineurs. Enfin, le portable, l’ordinateur et la Citroën Berlingo sur la banquette arrière de laquelle se sont produits la plupart des faits devraient être confisqués.
L’adolescente s’est constituée parties civile. Elle réclame 30 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral. Ses parents d’accueil, chez qui elle habite depuis qu’elle est bébé, pour leur part, demandent 14 006 euros chacun, préjudice matériel inclus. «Et qu’il soit acté dans le jugement qu’il n’a plus jamais le droit d’entrer en contact avec l’adolescente par quelque moyen que ce soit», a insisté Me Betty Rodesch, qui représente les parties civiles au procès.
La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 22 octobre.
Fabienne Armborst
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