Michael Lecaplain n’ira pas aux JO avec un athlète luxembourgeois. L’entraîneur national s’est vu signifier la non-reconduction de son contrat à l’issue de son échéance, fin décembre. Il ne comprend pas.
La nouvelle est tombée mardi en fin de journée. Un communiqué laconique de la section karaté de la FLAM dans lequel le comité explique qu’il a pris la décision de ne pas renouveler le contrat de l’entraîneur national Michael Lecaplain.
Une nouvelle qui n’était qu’une demi-surprise pour le principal intéressé convoqué mardi à la Maison des sports pour se faire signifier qu’il n’irait pas au-delà de son contrat, lequel expire le 31 décembre : «Depuis mon accident au mois de juin (NDLR : une fracture du plateau orbital consécutive à un coup de pied pris dans la tête à l’entraînement), je n’ai plus eu de nouvelles de la part de la FLAM. Les athlètes me contactaient pour savoir s’il y avait entraînement ou pas et je n’en savais rien. Il y a dix jours, des entraîneurs étrangers sont venus, je n’étais pas au courant», constate le technicien français.
Présent depuis de longues années dans le paysage du karaté luxembourgeois, Michael Lecaplain explique avoir pris «une demi-claque». Car même s’il s’y attendait un peu, l’entraîneur national avoue ne pas comprendre un tel choix : «On parle du fait qu’on veut du sang neuf. Je peux comprendre qu’on en ait besoin quand un entraîneur n’a pas de résultats. Mais ce n’est pas mon cas. J’ai permis au Luxembourg de ramener neuf médailles internationales et aucun de mes prédécesseurs ne l’a fait. Pas même Junior Lefèvre, que je considère comme mon mentor», explique celui qui était effectivement en première ligne quand Kimberly Nelting est allée chercher le titre mondial juniors ou encore quand Jenny Warling a été sacrée championne d’Europe, en Espagne, il y a un peu plus d’un an.
«Pourquoi me couper la tête avant les JO?»
S’il rebondira évidemment ailleurs – «J’ai plusieurs opportunités» –, celui qui est également entraîneur à Longwy aux côtés d’un certain Claude Mazzoleni, que les amateurs de karaté luxembourgeois connaissent bien, Michael Lecaplain regrette le timing. En effet, sa mission s’achèvera au mois de décembre. Soit quelques mois avant l’échéance olympique : «Ils ont brisé mon rêve. C’était mon rêve de participer à un tournoi de qualification olympique et, peut-être, de conduire un athlète jusqu’aux Jeux. Pourquoi me couper la tête avant les JO. On aurait pu aller jusqu’aux Jeux et voir après…»
Mais il n’en aura pas l’occasion. Tessy Scholtes, la présidente de la section karaté de la FLAM, revient sur les motivations pour prendre une décision à l’unanimité de la part du comité : «Ce n’est pas une décision prise à la légère, on y a longuement réfléchi. Cela fait maintenant un an que le nouveau comité est en place et nous souhaitons mettre en place une nouvelle orientation. Ce qui n’est pas forcément évident avec un entraîneur là depuis plusieurs années.»
Et d’ajouter : «Évidemment, nous tenons à remercier Michael pour le travail qu’il a effectué et les résultats qu’il a obtenus. Mais il ne faut pas oublier que les entraîneurs de club font également du bon boulot, c’est le travail de toute une équipe. Michael est un très bon entraîneur, mais il est remplaçable et on a pris notre décision», précise encore l’ancienne championne.
«On a vécu de beaux moments avec Michael»
Jenny Warling tient également à rendre hommage au travail accompli par Michael Lecaplain. Mais la combattante grand-ducale comprend cette orientation : «On a vécu de beaux moments avec Michael. Il a beaucoup apporté à l’équipe du Luxembourg et a été récompensé par des résultats et des médailles. En même temps, je donne raison au comité sur le fait que c’est le bon moment pour changer. On ne peut pas rester tout le temps avec le même entraîneur. Michael est avec nous depuis une dizaine d’années, d’abord comme assistant puis comme entraîneur national, c’est vraiment beaucoup dans n’importe quel sport. Il faut apprendre de différents entraîneurs, chacun a sa manière de travailler. J’espère qu’il y aura de bonnes candidatures et que le comité trouvera un successeur compétent.»
S’il n’est pas successeur désigné, son ancien entraîneur en Allemagne, Lukas Grezella, qui a effectué un stage au Luxembourg il y a deux semaines, pourrait bien être de plus en plus présent, notamment pour suivre son ancienne protégée.
Un coach national kata et un coach national kumite?
Concernant le successeur de Michael Lecaplain, qui va assurer ses séances habituelles jusqu’à la fin de l’année, Tessy Scholtes donne des pistes sur le profil, ou plutôt les profils, qu’elle cherche : «On va bientôt faire appel aux candidatures. Et comme le kumite et le kata sont presque deux sports différents, peut-être fera-t-on appel à deux entraîneurs.»
Reste maintenant à savoir quand les compétitions reprendront. Pour l’heure, les combattants sont déjà contents de pouvoir s’entraîner avec contact. Pour la suite : «J’ai parlé au président de la fédération internationale. À l’heure actuelle, deux compétitions restent au programme : une à Moscou et l’autre en Youth Ligue à Venise, au mois de décembre. Reste à voir si ça aura lieu…»
Romain Haas