Ligue des champions – Un Fola héroïque mais malchanceux

Le Fola a mis hier à Zagreb le petit but à l’extérieur qui l’autorise à croire à la qualification, au terme d’une prestation cinq étoiles, qu’il a finie à dix après l’expulsion de Souto.

Le F91 a eu son Red Bull Salzbourg, Differdange a eu son Utrecht et dans une semaine, c’est le Fola qui sera en mesure de porter un coup fatal à un Dinamo Zagreb qui veut renouer avec les phases de poules de la C1, mais s’est montré suffisant au possible.

Même dans ses rêves les plus fous, Jeff Strasser imaginait-il que son Fola avait grandi à ce point? Lui qui s’est déplacé pour rendre le match retour utile à quelque chose aura le plaisir de voir les émissaires eschois partir au tirage de demain à Nyon avec quelque chose à ramener : le nom d’un adversaire et du rêve pour toute une semaine puisque, après 90 minutes, le Fola n’est pas éliminé loin de là.

Puisqu’il y a déjà eu un Dinamo Zagreb – Fola en 2013, mais qu’il n’a compté pour rien, puisque tout s’était déjà joué au Grand-Duché (0-5), il est tentant de mesurer ce qu’est devenu le champion luxembourgeois en 24 mois seulement à l’aune des statistiques d’un match qu’il a maîtrisé comme un grand sur toute sa durée : en un quart d’heure, le premier, le club eschois a déjà plus tiré au but que sur toute sa dernière rencontre au stade Maksimir.

Et non seulement Eduardo a dû claquer un superbe tir de Dallevedove (3e), une tête décroisée très dangereuse mais hors cadre de Klein (9e) et une tentative vicieuse de Françoise (13e), mais en plus, il est allé chercher le ballon au fond de ses filets sur un oubli monumental de sa défense.

Le laxisme de cette dernière sur la déviation de la tête de Hornuss – entré depuis trois secondes à la place de Bensi, touché à l’adducteur droit – pour Hadji (0-1, 24e) absolument seul au deuxième prouve une chose et en entraîne une autre : il n’est pas exclu que le Dinamo ait pris son adversaire un peu à la légère, et encore moins exclu qu’il ne le paie pas très cher…

Les «lilliputiens» ont bien grandi

Dans un stade à l’ambiance incertaine, les frères Mamic ayant été autorisés à sortir de détention pour assister à la rencontre, ce qui a créé quelques tensions chez les supporters, le Fola n’aura eu finalement que le tort de ne pas parvenir à conserver plus longtemps son avantage d’un but. Au fil d’escarmouches plus ou moins concrètes dans la surface de Hym, un décalage côté gauche couvert par Klein permet à Henriquez de tacler au fond un centre-tir de Soudani (1-1, 36e) et de faire taire trop vite les sifflets qui commencent à tomber des gradins.

Ils sont revenus à l’heure de jeu, quand le champion croate, invaincu depuis des dizaines de rencontres, a commencé à étaler son incapacité à faire sauter le verrou mis en place par les Eschois, que les médias locaux avaient qualifiés de «lilliputiens».

Les nains, en deuxième période, ont effectivement bien reculé, mais surtout pas craqué, même quand un malheureux tacle de Souto dans l’entrejeu, plus spectaculaire que dangereux, les ont laissé à dix tenir au courage.

Il faut y puiser de sérieux motifs d’espoir. L’organisation et l’expérience accumulées par ce Fola si surprenant de sang-froid, combinées à un manque de créativité croate, laissent les hommes de Strasser en position très favorable, même si déforcés. À la lumière du tour de force collectif, c’est presque faire injure au Fola que de rappeler qu’un exploit et un passage au 3e tour leur garantiraient quatre matches européens de plus et tout l’argent qui va avec.

De notre envoyé spécial à Zagreb Julien Mollereau