Le Premier ministre, accompagné de Jeannot Waringo, l’auteur du rapport sur la réforme de la Cour, s’est expliqué mardi face à la Chambre. Malgré le retard provoqué par le Covid-19, les travaux se poursuivent.
La fraction du CSV avait demandé que le Premier ministre vienne faire le point en commission des Institutions sur la mise en œuvre des recommandations du rapport Waringo. Présenté fin janvier, ce document préparé par l’ancien haut-fonctionnaire Jeannot Waringo constitue la base pour une réforme en profondeur de la Cour grand-ducale.
Xavier Bettel n’a pas caché face aux députés que la réforme du fonctionnement de la Cour «n’a pas constitué ces derniers temps une priorité pour le gouvernement». La gestion de la crise sanitaire n’a cependant pas stoppé les travaux. «Le rapport Waringo n’a pas été mis dans un tiroir», assure le Premier ministre, accompagné mardi par Jeannot Waringo, toujours chargé de superviser l’application des recommandations qu’il a émises dans son rapport.
Une douzaine de réunions auraient eu lieu depuis la présentation du rapport. Le départ du maréchal de la Cour Lucien Weiler est venu s’ajouter aux difficultés pour avancer plus rapidement dans le processus. Certaines avancées sont cependant à acter. De grands espoirs sont placés dans l’arrivée de la nouvelle maréchale de la Cour, Yuriko Backes, ancienne conseillère diplomatique des Premiers ministres Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel. Selon le rapport Waringo, le maréchal doit être en charge de toutes les fonctions officielles de la Cour. Mardi, il a d’ailleurs été précisé que le maréchalat de la Cour doit devenir une véritable administration publique. Yuriko Backes aura à ses côtés un comité de direction composé de fonctionnaires.
Au-delà du rôle contesté joué par la Grande-Duchesse (lire ci-contre), le rapport s’était largement penché sur le besoin d’une plus grande transparence budgétaire. Dans cet ordre d’idées, il est prévu de créer avec la Maison du Grand-Duc une nouvelle administration publique. Cette entité doit permettre «une séparation claire entre les activités qui relèvent des attributions et des missions constitutionnelles du Grand-Duc et les activités « privées » de S.A.R. le Grand-Duc et des membres de sa famille», note Jeannot Waringo dans son rapport.
Rendez-vous en septembre
La gestion financière de la Cour a été un des principaux points évoqués mardi matin lors de l’échange entre, d’une part, le Premier ministre et Jeannot Waringo et, d’autre part, les députés. Dans un premier temps, l’objectif du gouvernement est de présenter à l’automne un budget «transparent, clair et précis» qui sera attribué à la Cour grand-ducale. L’exécution de ce budget doit faire l’objet d’un rapport spécial de la Cour des comptes, une grande première dans les relations entre État et monarchie.
À la sortie de la réunion, le Premier ministre, Xavier Bettel, a annoncé vouloir livrer en septembre de plus amples détails sur la création de la Maison du Grand-Duc et sur le budget qui sera attribué à la Cour.
Pour finaliser la réforme de la monarchie, le chapitre de la Constitution consacré au Grand-Duc devra être réformé. Comme l’a indiqué mardi le président de la commission des Institutions, Mars Di Bartolomeo, les députés vont se pencher dès lundi sur les textes concernés.
David Marques
Une réforme pour moderniser la monarchie
Le rapport Waringo, officiellement présenté le 31 janvier dernier, met clairement en cause le rôle de la Grande-Duchesse dans le fonctionnement de la Cour et aborde l’ambiance délétère qui y règne.
Selon l’ancien haut-fonctionnaire, une réforme du fonctionnement de la monarchie s’impose, autant que la clarification du rôle de la Grande-Duchesse. Encore que Jeannot Waringo soit bien plus direct en ce qui concerne Maria Teresa : «Je voudrais dire très honnêtement et au risque d’être mal compris que dans la chaîne décisionnelle du Palais, et surtout dans le domaine de la gestion du personnel, le rôle de la Grande-Duchesse, qui exerce une fonction purement représentative, ne devrait pas être un sujet de discussion.»
C’est tout le processus de recrutement qui est à revoir et, selon les recommandations du rapport, la Grande-Duchesse n’a aucun rôle à y jouer. Ces cinq dernières années, 51 personnes ont quitté leur poste à la Cour grand-ducale.
Jeannot Waringo suggère également de mettre en place un organigramme qui fait actuellement défaut de manière officielle. Il fait observer que la Constitution ne prévoit pas de fonctions officielles pour l’épouse du Grand-Duc. «Dès lors, c’est le Grand-Duc, chef de l’État, qui devrait seul figurer dans l’organigramme de la Cour.»