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Suivis à la trace

Nous avons eu les patrouilles de police et parfois même les drones dans certains pays pour surveiller nos déplacements. Nous avons maintenant une campagne de tests massifs, l’utilisation de thermomètres lasers ou de caméras infrarouges pour savoir si nous faisons partie de la catégorie Covid-négatif ou Covid-positif. Bientôt nous aurons, peut-être, une application pour suivre nos faits et gestes. Alors que les temps anxiogènes liés au confinement s’éloignent lentement, il faut de nouveaux outils pour combattre la propagation du coronavirus. Les nouvelles technologies en font évidemment partie et cela risque inévitablement de provoquer le débat.

En France ou en Italie, il existe dorénavant des logiciels qui permettent de retracer vos déplacements via les smartphones et qui vous alertent si vous avez été en contact avec une personne malade sur le chemin du travail, dans un transport public ou encore à la terrasse d’un café. Évidemment rien n’est obligatoire et c’est l’usager qui décide ou non d’installer ce logiciel «espion». Désolé du terme mais, même si c’est pour la bonne cause, c’est comme cela que ça s’appelle.

Après la grande frayeur que nous avons connue depuis le début du mois de mars, il est parfois difficile de résister pour installer cette application qui doit nous aider à combattre l’épidémie. D’autant plus que les messages des gouvernements qui mettent en place ces dispositifs alimentent le dilemme : il faut qu’un maximum de personnes les utilise pour permettre d’identifier les possibles malades, éteindre les foyers émergents et contenir la pandémie.

Si un État démocratique avait pensé mettre en place ce type d’application pour une autre situation juste avant la pandémie, on imagine le tollé que cela aurait provoqué. Aujourd’hui, le doute s’installe quand nous nous rappelons de l’épreuve de ces derniers mois. La «nouvelle normalité» n’est décidément plus si «normale» que ça.

Laurent Duraisin