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Virus : l’Amérique latine en plein cauchemar, quasi-retour à la normale en Europe


Le président brésilien Bolsonaro et sa fille posent avec des "supporters" du gouvernement. La crise du coronavirus est devenue un enjeu très politisé (Photo : AFP).

Avec près de 30 000 morts au Brésil et plus de 10 000 morts au Mexique, l’épidémie de coronavirus menace de faire s’effondrer les systèmes hospitaliers d’Amérique latine alors que l’Europe, passée par ce cauchemar il y a quelques semaines, amorce mardi un quasi-retour à la normale.

Quatre pays latino-américains (Brésil, Pérou, Chili, Mexique) figurent parmi les dix ayant recensé le plus grand nombre de nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, a indiqué lundi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Clairement, la situation dans de nombreux pays d’Amérique latine est loin d’être stabilisée », a souligné Michael Ryan, directeur des questions d’urgence sanitaire de l’OMS.

« Il y a eu une augmentation rapide de cas et ces systèmes (de santé) sont sous pression », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève, se montrant notamment très inquiet pour Haïti.

La pandémie a fait au moins 373.439 morts et contaminé 6,3 millions de personnes dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles lundi à 21 heures.

Au Brésil, géant de 210 millions d’habitants où le bilan frôle les 30.000 morts, les mesures de confinement ou au contraire de déconfinement y sont prises en ordre dispersé selon les Etats ou les villes. Et le président Jair Bolsonaro appelle régulièrement à la levée des restrictions pour préserver l’économie et l’emploi.

A Rio de Janeiro, la municipalité a ainsi annoncé lundi un plan de retour graduel à l’activité dont les premières mesures entrent en vigueur mardi. Les cérémonies religieuses peuvent reprendre et les sports nautiques individuels, comme le surf ou la natation, sont à nouveau autorisés sur les kilomètres de plages de la « Ville merveilleuse ». Mais personne ne pourra rester sur le sable.

L’Etat de Sao Paulo, premier foyer de coronavirus du Brésil mais aussi sa locomotive économique, a commencé à engager prudemment lundi un plan graduel de déconfinement.

D’autres pays latino-américains continuent de voir une expansion de la maladie. A Mexique, le bilan a franchi lundi le seuil des 10.000 morts alors même que le pays amorce lui aussi la reprise de son activité économique.

Apporter son propre oxygène

Le Pérou a dépassé lundi les 170 000 cas confirmés et les 4.600 décès, ce qui met au bord de l’effondrement le système de santé de ce pays de 33 millions d’habitants. Le pays fait notamment face à une pénurie d’oxygène.

« Certains hôpitaux demandent (aux familles des patients) d’apporter leur propre oxygène, parce que malheureusement il n’y en a pas assez pour tous les malades », a raconté sur une chaîne de télévision le doyen du conseil de l’Ordre des médecins de Lima, Juan Astuvilca.

Les Etats-Unis, pour leur part, ont dépassé lundi les 105.000 morts, un bilan qui fait d’eux, et de très loin, le pays du monde le plus durement frappé par la pandémie.

L’Europe, qui a vécu ce cauchemar avant le continent américain, est maintenant à l’heure de la normalisation.

En France, où le Covid-19 a fait près de 30.000 morts, une étape majeure du plan de déconfinement entre en vigueur mardi. C’est notamment la fin de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 km de chez soi, une mesure très attendue par des habitants de grandes villes avides de grand air ou des familles séparées par la distance pendant plus de deux mois.

« Peut-être que le week-end prochain j’irai voir mes petits-enfants, enfin, qui sont à Nantes », a confié à Paris Linda Espallargas. « Mais je prendrai ma voiture pour être bien isolée, parce que j’ai peur encore du virus, j’ai plus de 65 ans donc je me méfie ».

Les restaurants rouvrent en France

Après la réouverture des parcs et jardins partout en France samedi, les plages, musées, monuments, zoos ou encore les théâtres vont pouvoir rouvrir mardi, en respectant certaines règles de distanciation ou de port du masque.

Les cafés, bars et restaurants français sinistrés par plus de deux mois de fermeture se préparent activement depuis plusieurs jours à accueillir du public.

Lundi, de hauts lieux touristiques en Europe ont recommencé à accueillir le public, même si précautions sanitaires et restrictions imposées aux voyages empêchent encore la venue des grandes foules.

A Rome, le Colisée, site touristique le plus fréquenté d’Italie, a accueilli lundi près de 300 personnes qui avaient effectué une réservation en ligne, loin des 20.000 touristes quotidiens habituels.

« Nous profitons de l’absence des touristes étrangers pour venir nous balader », s’est réjoui Pierluigi, un Romain venu visiter pour la première fois le Colisée avec son épouse.

En Espagne, où pour la première fois depuis trois mois le virus n’a pas fait de morts en 24 heures, c’est l’emblématique musée Guggenheim qui a rouvert ses portes.

A Istanbul, le Grand Bazar, inaccessible au public depuis le 23 mars, a rouvert ses portes. « La vie continue et on attend les clients », a déclaré Yasar Sabuncu, un des quelque 30 000 commerçants du vaste marché couvert, après avoir rouvert son échoppe aux rayons garnis de souvenirs et de maroquineries.

Les mesures de réouverture en Europe ne font pas taire les controverses quant à la dangerosité actuelle du virus.

Un célèbre médecin et urgentiste italien, le Dr Alberto Zangrillo, directeur de l’hôpital San Raffaele de Milan, a assuré que le coronavirus avait disparu d’Italie et qu’il était temps d’arrêter de « terroriser » inutilement les Italiens.

Ces propos ont provoqué une levée de boucliers des autorités italiennes, d’autres spécialistes et de l’OMS, qui a déclaré que le nouveau coronavirus « reste un virus tueur ».

Alors que de nombreux pays ont entamé leur déconfinement, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a publié lundi une série de recommandations sanitaires à destination du transport aérien pour relancer ce secteur durement touché par le coronavirus.

AFP