Solidarité, une coquille vide

Au bout de plus de deux mois de crise du Covid-19, il y a bien un terme qui ne cesse plus de pâlir : solidarité. Ce mot-clé est utilisé à tort et à travers comme slogan politique. Mais entre l’effet d’annonce et la réalité du terrain, le fossé est énorme.
Au Luxembourg, l’esprit de solidarité fait partie de l’ADN national. Mais ce «sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe» (définition du Larousse) n’est plus si solidement ancré que par le passé. Les inégalités sociales qui ne cessent de se creuser depuis de trop longues années sont ainsi volontairement mises entre parenthèses.
En cette période de crise sanitaire, le Premier ministre ne cesse d’appeler à la solidarité. Pourtant, les partis de l’opposition et le camp syndical se sont longtemps sentis mis à l’écart. Pas de trace, donc, de l’esprit solidaire encore vanté mardi pour sortir de l’état de crise. La belle formule doit désormais être suivie d’actes.
L’Union européenne repose elle aussi sur le principe de la solidarité. Ce «rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres» (Larousse) est mis à mal depuis trop longtemps. La crise migratoire n’est qu’un exemple criant où la solidarité a été piétinée. Le repli sur soi en cette période de crise sanitaire n’a également pas permis de redorer le blason de l’UE.
Tout n’est cependant pas encore perdu. Le plan de relance de 500 milliards d’euros, proposé par le président français et la chancelière allemande, doit permettre aux 27 de repartir du bon pied. Mutualiser la dette est une décision incontournable pour éviter l’asphyxie de pays comme l’Italie, la Grèce, l’Espagne ou le Portugal. L’Autriche, les Pays-Bas et la Finlande, trois pays connaissant la prospérité mais qui n’ont pas tardé à fustiger le plan d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, feraient mieux de ressortir d’urgence un dictionnaire. La solidarité ne doit pas rester une coquille vide.

David Marques