SEW/OGBL, Landesverband et SNE fustigent encore et toujours le plan «absurde» pour la reprise des cours dans le fondamental. Une «mission impossible» est évoquée. Le Premier ministre est appelé à la rescousse.
Ils se disent à bout de nerfs. L’annonce de vendredi du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, d’organiser dès 7 h une surveillance des élèves dans les cours de récréation (lire ici) est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. «Le modèle tel qu’il est en place n’est plus soutenu par les enseignants», tranchent le SEW/OGBL et le Landesverband dans un communiqué de presse commun.
Les deux syndicats dénoncent un concept «absurde», «ridicule» et «confus» qui risque de se solder par une «farce». Le SNE/CGFP évoque lui une «mission impossible» qui incombera dès lundi prochain aux enseignants du fondamental. Un appel urgent est lancé au Premier ministre, Xavier Bettel, «pour prendre ses responsabilités» afin d’agir dans l’intérêt des enfants.
Pour le camp syndical, le ministre de l’Éducation nationale est en effet encore bien loin d’avoir résolu l’équation pour préparer la rentrée du 25 mai. Claude Meisch avait également mis en avant la «large consultation» qui a été menée avec les acteurs du terrain. «Le ministre de l’Éducation nationale est resté fidèle à lui-même et a refusé le dialogue avec les partenaires scolaires pour évoquer des modèles alternatifs», rétorquent SEW/OGBL et Landesverband.
Boycott de certaines communes ?
Dès le départ, les syndicats d’enseignants auraient attiré l’attention sur les difficultés pour réunir la logistique nécessaire afin d’assurer une reprise des cours en tenant compte des besoins des élèves. Les craintes évoquées depuis la mi-avril se confirmeraient aujourd’hui malgré l’énorme engagement des enseignants et communes pour organiser la reprise des cours en tenant compte du principe des deux flux d’élèves, qui ne doivent pas se mélanger pour endiguer la propagation du coronavirus.
«Dans bon nombre de communes, les problèmes liés au personnel et au manque de salles ne sont pas encore résolus. Certaines comptent même renoncer à la séparation des classes» en deux groupes, avancent le SEW/OGBL et le Landesverband. Vendredi, le ministre de l’Éducation nationale s’était encore montré «très confiant» que la rentrée après plus de deux mois d’interruption des cours allait réussir. Seule une commune aurait encore signalé des difficultés à garantir la prise en charge des élèves du cycle 1.
Plus que jamais, le «principe suprême» de ne pas mélanger les différents groupes d’élèves (A et B) serait remis en question. «Progressivement, ce principe a été dilué. Des groupes peuvent être mélangés le matin et l’après-midi», constate le SNE/CGFP. De plus, la répartition en groupes serait devenu «absurde».
Au vu des manques au niveau de la logistique, les critères pédagogiques auraient été jetés par-dessus bord, fustigent SEW et Landesverband. L’intégration dans un même groupe d’amis ou même de frères et sœurs n’aurait également pas réussi. Autre critique majeure : «Bon nombre d’enfants ne seront plus pris en charge par leur enseignant titulaire.» Le SNE/CGFP n’évoque pas ce problème, mais souligne tout de même les importants efforts fournis par les enseignants (augmentation de leur tâche, heures supplémentaires) pour rester titulaires de leurs classes.
En fin de compte, tout le travail préparatif aurait été «inutile». «L’engagement des communes pour garantir que les enfants puissent tenir leurs distances se solde par une farce», fustigent les deux syndicats rattachés à l’OGBL.
La liste des préparatifs sur le plan logistique est importante : séparation des classes, recrutement de personnel, réorganisation du transport scolaire, aménagement des bâtiments scolaires (sens unique, entrée et sortie séparées), division en zones des cours de récréation, décalage des pauses, répartition des toilettes par classes. «Des enfants déjà traumatisés risquent désormais de perdre en plus leurs repères à l’école», dénoncent SEW et Landesverband.
Une task force pour «sortir de l’impasse»
Le camp syndical ne perd cependant pas encore espoir de pouvoir éviter le «chaos». «Il nous reste une semaine pour sortir de cette impasse et organiser une reprise sensée des cours. Des alternatives se trouvent sur la table», soulignent SEW/OGBL et Landesverband. «Sans tarder», les deux syndicats appellent à la mise en place d’une «task force composée de représentants des syndicats, des parents d’élèves, du Syvicol et des responsables du ministère de l’Éducation nationale qui établit un modèle qui tient compte des exigences sanitaires, corresponde aux besoins des élèves et parents et qui est réalisable d’un point de vue organisationnel». Le SEW/OGBL avait déjà énoncé à ces derniers de renoncer au «splitting» des classes.
David Marques