Au quotidien, ses mains prennent soin des malades qui en ont besoin aux Hôpitaux Robert-Schuman. Lorsqu’elle retire ses gants d’infirmière, Gilliane Warzée laisse courir ses doigts sur des toiles pour sublimer le travail de ses collègues.
Avec son art et sa manière, elle rend hommage au personnel soignant « héros de la crise sanitaire du Covid-19 ». Des héros dont elle fait partie, puisque Gilliane Warzée, 42 ans, est infirmière à l’hôpital du Kirchberg. Elle aussi a vécu cette épidémie de l’intérieur, elle aussi a affronté la maladie et ses souffrances de très près. Combattu face à la mort, irrémédiablement. Ne pas avoir les mains qui tremblent ni le cœur qui saigne, surtout.
Ce n’est pourtant pas son propre engagement que Gilliane Warzée, l’artiste, souligne. Les portraits de sa collection « Immersion » – qui auraient dû être exposés actuellement à la galerie Am Tunnel de Luxembourg avant que ne soit acté un report – mettent à l’honneur « le courage et l’abnégation du personnel soignant depuis bientôt deux mois ».
Deux mois que ces héros de l’extra-ordinaire en blouse blanche, bleue, rose ou verte, rangent leur blues au vestiaire pour que jaillisse la lumière au bout de ces couloirs où les angoisses frappent à toutes les portes.
« Du regard qui espère au regard qui lutte »
La collection initiale a été complétée par un diptyque – deux huiles sur toile (120 x 100 cm) exécutées au couteau et intitulées Merci – montrant une soignante les mains jointes en prière, de profil, le regard déterminé des appelés au front, de face. C’est qu’il exprime bien des choses ce regard, dans un silence religieux. « Du regard qui espère au regard qui lutte, de celui qui souffre à celui qui apaise… »
Autant de « symboliques de confiance, d’empathie, de responsabilité et de spiritualité qui caractérisent si bien tant de professionnels de santé », décrit l’auteure de cette gratitude envers les siens des Hôpitaux Robert-Schuman.
Au travers de ses portraits, c’est également la femme que Gilliane Warzée place au centre de son art. Une notion qui guide sa démarche de longue date. Et questionne « une profession historiquement et profondément inscrite dans le féminin ». Avec « force, fascination et obsession », l’infirmière-artiste opère ainsi « une mise en abîme de sa condition de femme en quête perpétuelle de liberté et d’égalité dans notre société ».
Femme d’exception, encore. Gilliane Warzée a en effet décidé de faire don de cette œuvre à l’hôpital qui l’emploie, « pour tous les efforts et sacrifices consentis par tout le personnel face à cette pandémie ».
Alexandra Parachini
D’autres œuvres de l’artiste à découvrir sur son site internet