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L’Europe se déconfine, le Covid-19 ressurgit en Corée


La capitale sud-coréenne a ordonné samedi la fermeture de tous les clubs et bars après que de nombreux nouveaux cas ont fait craindre une seconde vague de coronavirus. (photo AFP)

De la « joie », mais aussi de « l’appréhension » : la France et une partie de l’Espagne vivent dimanche leur dernier jour de confinement, mais la peur d’un rebond de la pandémie de coronavirus qui a fait plus de 277 000 morts prédomine, de nouveaux foyers ressurgissant à travers le monde.

Deux mois qu’ils attendaient cela ! Dans ces deux pays parmi les plus endeuillés de la planète, une majorité des habitants vont pouvoir renouer avec un semblant de vie sociale et un minimum de liberté de mouvement, comme les Chinois, les Italiens ou les Allemands avant eux. Pour Gaëlle Cathou, qui comme des dizaines de milliers d’autres avait choisi de déserter la capitale française, c’est l’heure du retour à Paris. « Je suis contente de retrouver ma maison, mes repères » mais « j’appréhende un peu, parce que ça sera une nouvelle vie », confie-t-elle.

Près de cinq mois après son apparition en Chine fin 2019, la pandémie qui a conduit au confinement de plus de la moitié de l’humanité et mis l’économie mondiale à genoux apparaît sous contrôle dans un nombre croissant de pays. Mais le spectre d’une deuxième, voire d’une troisième vague, brandi notamment par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est omniprésent.

Considérée comme un modèle dans sa gestion de la crise, la Corée du Sud est venue le rappeler : alors que la progression du virus y avait été stoppée, la ville de Séoul a dû ordonner samedi la fermetures des bars et discothèques, après de nouveaux cas de propagation. Ce nouveau foyer « fait prendre conscience que ce genre de situation peut se présenter n’importe quand », a souligné dimanche le président sud-coréen Moon Jae-in. « Ce ne sera pas fini avant que ce soit vraiment fini », a-t-il martelé.

De nouveaux foyers épidémiques en France

Également citée en exemple, l’Allemagne a pour sa part vu le seuil critique de 50 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants être franchi dans trois cantons. Dans ce pays, où la Bundesliga doit reprendre dans les prochains jours, bars et restaurants ont pu rouvrir dès samedi au Mecklembourg-Poméranie, au bord de la Baltique. Mais rien n’y est vraiment comme avant. « Nos salariés doivent porter un masque et nos clients doivent respecter la distanciation sociale », souligne Thomas Hildebrand, restaurateur à Schwerin.

En France même, où une réouverture controversée des écoles a été prévue par le gouvernement, deux foyers épidémiques ont été détectés dans le centre du pays, dont l’un après une réunion de… préparation de la rentrée. Afin de limiter les risques de propagation, seule une partie de l’Espagne sera déconfinée. Plusieurs grandes villes, comme Madrid ou Barcelone, restent soumises à de sévères restrictions. En France, le déconfinement sera également modulé selon entre régions « vertes » et « rouges ». Comme Paris, où les autorités appellent à la plus grande vigilance. Partout, le masque sera obligatoire dans les transports et les gestes barrières de rigueur.

Plusieurs autres pays vont également accélérer leur levée des restrictions lundi, après la Turquie dimanche. À l’opposé, la Russie répertorie officiellement quelque 10 000 nouveaux cas de Covid-19 chaque jour et a dû renforcer son dispositif. C’est dans ce contexte que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, lui-même rescapé du Covid-19, doit présenter dimanche ses projets en vue de déconfinement dans le deuxième pays au monde le plus endeuillé (plus de 31 000 morts). Mais seuls de légers assouplissements sont attendus. « Nous ne pouvons pas risquer un second pic » de contaminations, a prévenu Boris Johnson sur Twitter. L’introduction d’un isolement obligatoire de quatorze jours pour les voyageurs entrant au Royaume-Uni est envisagée.

« Un désastre chaotique absolu », selon Obama

Au sein de l’UE, la Commission européenne a appelé les pays à refuser les arrivées jusqu’au 15 juin. Mais à l’intérieur de l’Espace Schengen, la pression s’accroît sur l’Allemagne pour qu’elle rouvre ses frontières.

Accusé comme Boris Johnson d’avoir tardé à mesurer l’ampleur de la pandémie, le président américain Donald Trump, dont le pays est le plus touché de la planète avec près de 80 000 morts, voit le virus se rapprocher de son entourage. Katie Miller, la porte-parole du vice-président Mike Pence, a été testée positive. Et trois membres de l’équipe anti-coronavirus de la Maison-Blanche, dont l’épidémiologiste Anthony Fauci, vont rester en isolement après de possibles expositions, selon des médias américains. La gestion de la crise par Donald Trump a été éreintée par son prédécesseur Barack Obama. « Un désastre chaotique absolu », a-t-il jugé lors d’une conversation téléphonique avec d’anciens collaborateurs de son gouvernement, dévoilée par Yahoo News.

Fête des Mères en Belgique ce dimanche

En Amérique du Sud, la marque des 10 000 morts a été franchie au Brésil, un pays de 210 millions d’habitants susceptible de devenir le nouvel épicentre de la pandémie. Ce qui n’a pas empêché le président Jair Bolsonaro d’être vu en train de faire du jet-ski sur un lac de Brasilia, selon le média en ligne Metropoles.

En Iran, pays le plus touché du Moyen-Orient avec 6 500 décès recensés, la réouverture des commerces s’accompagne déjà d’une hausse des infections. Celle-ci « est en partie due (…) aux gens qui vont faire du shopping », selon Massoud Mardani, du ministère de la Santé.

À Genève, une des villes les plus riches au monde, le coronavirus révèle la misère des plus précaire. « Tout est tellement plus difficile depuis le début de la crise », explique Silvia, 64 ans, réduite comme des milliers de personnes à faire la queue pour une distribution alimentaire.

Quant aux Belges, il peuvent recommencer en ce dimanche de fête des mères à recevoir quatre personnes à leur domicile. « Nous avons sorti au jardin notre plus grande table et cela afin de garder malgré tout cette sacrée distanciation sociale entre chaque convive », confie Patrick Rodriguez, marchand de journaux à Bruxelles.

AFP/LQ