Des réseaux sociaux émergent des initiatives positives. C’est le cas d’Un monde meilleur – Luxembourg qui distribue de la nourriture aux familles en difficulté en raison de la crise du coronavirus.
L’arrêt de l’activité économique engendré par le coronavirus a des répercussions sur ceux qu’on appelle les indépendants, mais aussi – et on y pense peut-être moins – sur les personnes qu’ils emploient. Des personnes ou des familles plongées pour certaines dans une grande précarité. Chez nos voisins français, les associations comme les Restos du cœur ou Emmaüs multiplient les appels aux dons tant l’afflux de personnes dans le besoin à leurs portes est massif. Au Luxembourg, Fabio Neves, qui dirige une société de construction et de rénovation, a lancé l’initiative Un monde meilleur – Luxembourg dans le but de distribuer de la nourriture aux personnes fragilisées par la crise.
«Quand le confinement a été annoncé, j’ai immédiatement pensé aux gens qui pourraient avoir des difficultés : des personnes qui travaillent à moitié déclarées, des personnes qui travaillent au noir ou dont les patrons ont des salaires en retard depuis un ou deux mois. J’ai des collègues dans cette situation, se souvient le philanthrope. On pense surtout aux ouvriers, mais il y a aussi les personnes qui travaillent dans la restauration. Aujourd’hui, mettre de l’argent de côté pour les coups durs est très difficile pour les personnes qui gagnent 2 000 euros par mois.»
L’entrepreneur a donc décidé de lancer un appel aux personnes dans le besoin sur les réseaux sociaux. «Les demandes d’aides ont afflué. Au début, je me chargeais des courses et de la distribution moi-même. C’est rapidement devenu ingérable, raconte-t-il. Les salariés de mon entreprise n’étant pas très productifs en ce moment, ils assurent donc les livraisons aux familles avec ma quinzaine de camionnettes.»
Face à l’afflux d’appels à l’aide, Fabio Neves a lancé un groupe Un monde meilleur – Luxembourg sur Facebook le 6 avril dernier «pour mieux pouvoir y faire face». 1 560 personnes l’ont rejoint et l’entrepreneur peut compter sur l’aide précieuse d’Arlete Araujo, Anabela Araujo, Armelim Santos, Carla Moacho, Maria Martins, Cristy Santos, Pedro Medinas et Ana Matos. «Nous avons déjà aidé plus de 300 personnes et distribué plus de trois tonnes de nourriture», indique fièrement Fabio Neves, désintéressé. «Je n’ai pas lancé cette initiative pour me faire de la publicité.» Ce qui lui importe : aider. «Rien qu’aujourd’hui, nous avons reçu des demandes de cinq ou six familles. Ce sont souvent des gens qui ne peuvent en recevoir aucune. C’est compliqué. L’État est surchargé en ce moment. De plus, faire des démarches est compliqué pour ces familles.»
«Ils sont gênés et ils ont honte»
Un monde meilleur – Luxembourg répond à la plupart des sollicitations. «Nos critères sont assez souples, explique l’entrepreneur. Nous n’avons pas le temps de faire des dossiers pour chaque famille qui nous contacte. Nous leur posons un certain nombre de questions, comme leur profession ou le nombre d’enfants dans le foyer, par exemple. Les gens nous expliquent la situation dans laquelle ils se trouvent. Ils craignent de ne pas pouvoir payer leur loyer, même s’ils sont protégés pour le moment. Ils ne sont pas toujours informés comme ils le devraient. Les gens nous invitent à rentrer chez eux et nous montrent leurs frigos vides. Je ne pense pas qu’ils inventent une situation. On voit qu’ils sont gênés et qu’ils ont honte.»
Des colis sont alors préparés en fonction des réponses qu’ils ont données. Ils contiennent généralement des produits de première nécessité, des conserves, des pâtes, du riz, des pommes de terre, des fruits et des légumes. «Un de nos partenaires, la boucherie Ferreira à Esch-sur-Alzette, donne six kilogrammes de viande par famille en collaboration avec Immoassur et les assurances Pedrosa et Nunes. Voire douze kilos si la famille compte plus de cinq personnes», précise l’initiateur d’Un monde meilleur – Luxembourg. Mais l’aide a ses limites: «Il nous est déjà arrivé de refuser des demandes. Nous ne sommes pas là pour faire des courses aux gens. Des jeunes m’ont déjà demandé de la pizza et de la bière. J’ai refusé. Ce n’est pas le but de notre action. Nous avons également éliminé les gens mal intentionnés en ne faisant pas de dons en espèces.»
La générosité des contributeurs de l’initiative a été bénéfique aux familles aidées et certaines n’hésitent pas à aider en retour. «Ils ont enfin reçu leur salaire et ne nous aident pas qu’un peu! Certains patrons n’ont eu le chômage partiel que la semaine dernière et n’ont pu payer leurs ouvriers qu’à ce moment-là. Ces familles qui aident en retour nous montrent que nous n’avons pas lancé l’opération en vain», raconte Fabio Neves.
Toutes les informations pour soutenir cette initiative figurent dans le groupe Facebook d’Un monde meilleur – Luxembourg. «Nous y indiquons ce dont nous avons besoin pour les familles et comment nous procédons. Nous récupérons les dons auprès des collaborateurs du groupe ou au restaurant O Emigrante, rue Victor-Hugo à Esch-sur-Alzette, qui a été transformé en centre de récolte. À partir de là, nous organisons les distributions et les livraisons au domicile des personnes. Nous pouvons également aller récupérer les dons chez les donateurs. Je lance alors un appel sur le réseau social pour trouver quelqu’un qui peut aller récupérer les dons et les ramener à Esch-sur-Alzette, précise l’entrepreneur qui peut également compter sur l’association Stroossen Engelen. C’est énormément de travail, mais c’est facile à gérer.»
Heureusement, il peut compter sur ses nombreux partenaires comme RMJ Alimentar, le restaurant Astoria, le restaurant Tapas Bar, Barutil.com, Custom Ink Tattoo, le restaurant Opus Mer, le groupe Celeste, Luxbon Cafés, Auto Service Porsche, l’association Un Grand Cœur pour des Petits Héros et le groupe de solidarité de Cris Cardoso.
Sophie Kieffer
Infos pratiques
Pour faire un don de nourriture ou de produits de première nécessité, vous pouvez vous rendre à l’adresse du groupe Facebook d’Un monde meilleur – Luxembourg.