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Le monde d’après

Assise au ras des pâquerettes dans l’Odendall, je profite de la légèreté de la vie en plein soleil à deux pas d’un héron cendré qui pêche dans l’eau de l’Alzette dont je vois le fond sablonneux pour la première fois. Bientôt je vais devoir retourner à la vraie vie comme tout le monde. Alors j’en profite, car personne ne sait encore à quoi ressemblera cette vie. Va-t-elle être différente et en quoi le sera-t-elle? Quel impact ces différences auront sur notre quotidien? Allons-nous devoir faire une croix sur des rêves ou des ambitions?
Le fait est que la crise actuelle, comme la plupart des crises que le monde a connues ces dernières décennies, révèle les failles d’un système économique très nocif pour la planète sur le plan tant social qu’écologique. Ce nouveau départ après le confinement va-t-il être l’occasion de le revoir ou, au contraire, la récession annoncée va-t-elle être une excuse toute prête pour piétiner l’urgence climatique? Les 2 000 milliards de dollars promis par Donald Trump pour relancer l’économie américaine seront essentiellement consacrés au soutien des industries fossiles. Les pays pauvres, pour qui une récession est dramatique, auront besoin de croissance et nous, Occidentaux drogués à la consommation, allons vouloir rattraper des semaines de privation. La boulimie nous guettera et elle sera justifiée par un
e nécessaire relance de l’activité économique, la solidarité avec les commerçants (on en connaît tous qui tremblent en ce moment) et le maintien de nos niveaux de vie. La remise à plat du système pourra attendre.
Je ne pense pas que l’homme apprenne aussi vite et que la leçon à retenir soit globale. Allier solidarité, respect de la planète et lutte contre la récession va être complexe. Les hommes politiques devront nous montrer le chemin. Mais le choix du bon revient à notre GPS personnel. Alors, reste l’espoir que les gens aient pris goût à consommer moins et mieux durant ces semaines de confinement.

Sophie Kieffer