Le Covid-19 a infecté tous les systèmes économiques en place, plongeant les pays, dont le Luxembourg, dans une crise économique sans précédent ou presque. Guy Hoffmann, le président de l’ABBL, explique dans un entretien quel sera le rôle des banques dans cette crise sanitaire et économique.
L’État est en train d’utiliser tous les outils financiers et sociaux à sa disposition pour continuer de soutenir et accompagner les entreprises du pays. Contrairement à la dernière crise économique où le coupable tout désigné était «les banques» au sens large du terme, ces dernières vont cette fois pouvoir jouer un rôle crucial et faire office de saint-bernard. Le gouvernement et les six banques de détail de la Place ont trouvé un accord pour aider les entreprises en difficulté en raison de la crise sanitaire. Reste à voir si les banques vont jouer le jeu et être accommodantes avec les entreprises.
Y a-t-il eu une concertation entre l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL) et le ministère des Finances avant l’annonce du programme de stabilisation? Comment jugez-vous ce plan?
Guy Hoffmann : Oui, l’ABBL est impliquée dans les discussions avec le ministère et les six banques concernées. Nous continuons de travailler sur les modalités d’application du plan avec l’administration gouvernementale et la CSSF. Ce plan nous paraît adapté à la situation actuelle. Il est évident que suivant la durée de la crise, ce n’est qu’une première étape.
Quel sera le rôle des banques luxembourgeoises dans cette crise sanitaire?
Le rôle des banques reste le même qu’avant la crise sanitaire : travailler avec leur clients afin d’assurer le bon fonctionnement de l’économie luxembourgeoise.
Grâce au programme de stabilisation, les entreprises vont pouvoir demander un crédit auprès des banques grâce à la garantie bancaire de l’État. Mais rien n’oblige une banque à accorder un crédit à une entreprise en difficulté, même avec cette garantie bancaire. Dès lors, est-ce que les banques vont prendre un risque?
Les six banques se sont engagées à prendre 15 % du risque de crédit sur les crédits visés par le gouvernement et donc sur leurs livres en cas de défaut. Les banques ont tout intérêt à veiller au bon fonctionnement de l’économie, tout en évaluant les risques liés à chaque transaction.
Êtes-vous favorable à ce qu’une banque suspende provisoirement le remboursement de son crédit par une entreprise en cette période de crise? Et si oui, est-ce que les banques ont les reins assez solides pour cela?
La situation financière des banques est bonne. La question d’un moratoire est une des mesures pour lesquelles des discussions sont en cours avec le régulateur, afin de clarifier certaines questions prudentielles. La décision d’accorder ou non un moratoire revient in fine à chaque banque et c’est une mesure qu’il faut appliquer au cas par cas, selon les besoins et la situation de chacune des entreprises affectées.
Quel est le meilleur conseil qu’un banquier puisse donner à un entrepreneur?
D’être vigilant, de préparer les formalités administratives requises en impliquant si nécessaire son banquier. Et par ailleurs, d’avoir une première idée quant à l’organisation des reprises d’activité et des impacts liés.
Les banques sont aussi touchées par la crise sanitaire. Est-ce qu’elles arrivent à assurer leur bon fonctionnement malgré le télétravail, les effectifs réduits et moins de passage dans les agences?
Les banques sont impactées comme tout autre business. Elles essayent de servir leurs clients à travers le réseau, mais évidemment avec les mesures de sécurité qui s’imposent tant aux clients qu’aux employés. Un grand pourcentage du personnel est équipé pour faire du télétravail, et beaucoup d’agences sont encore ouvertes, même s’il faut prendre un rendez-vous à l’avance. Soulignons que les interactions à distance sont néanmoins préférables.
Entretien avec Jeremy Zabatta