La circulation du coronavirus s’accélère en France, avec plus de 1.000 morts depuis le début de l’épidémie et un personnel soignant plus que jamais sous tension, auquel le président compte rendre hommage lors d’un déplacement dans l’Est.
Le directeur général de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris Martin Hirsch a lancé mercredi un appel à la réquisition de personnels soignants et à une « reconnaissance » pour l’effort « surhumain » des personnels, quelques heures avant une visite d’Emmanuel Macron dans un hôpital de campagne à Mulhouse. Le président souhaite « rendre hommage au personnel soignant » et « témoigner sa solidarité envers la région Grand Est », qui affronte une situation sanitaire devenue critique comme en témoigne la décision inédite d’évacuer 20 patients à bord d’un TGV médicalisé.
Objectif : désengorger les hôpitaux du Grand Est, proches de la rupture devant l’afflux croissant de patients. La situation est également critique en Ile-de-France, a souligné Martin Hirsch sur franceinfo, alors que les hôpitaux de l’AP-HP ont dépassé le seuil de 1.600 malades hospitalisés. « On a aujourd’hui des soignants qui font des efforts qu’on peut qualifier simplement de surhumains, il faut qu’on ait les assurances qu’ils auront la reconnaissance. Je ne sais pas si c’est des primes, c’est moral, et c’est pour le moral des troupes », a lancé le patron du plus grand groupe hospitalier français.
Selon le bilan des autorités sanitaires mardi soir, 1.100 décès ont été enregistrés à l’hôpital et 2.516 patients étaient en réanimation (+434) sur un total de 10.176 patients hospitalisés. Un bilan officiel inférieur à la réalité puisque les décès en milieu hospitalier « ne représentent qu’une faible part de la mortalité » dans le pays, a relevé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, évoquant la situation dramatique dans les Ehpad.
Bilan dramatique dans les maisons de retraite
Le bilan est particulièrement cruel dans les maisons de retraite avec déjà 16 décès dans un établissement de Saint-Dizier (Haute-Marne), sept dans un Ehpad en Haute-Savoie, 20 dans un autre dans les Vosges. « En Ile-de-France, sur les 700 Ehpad, on sait qu’il y en a 100 à 150 qui pourraient être déjà touchés par le Covid-19 », a estimé Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France sur franceinfo. « Le premier rideau, ce sont les soignants, c’est eux qui font face à cette épidémie et au désarroi des patients et de leurs proches. Car le lien est coupé, il n’y a plus de visites ».
Alors que le président a placé les médecins et chercheurs en première ligne de la « guerre » contre l’épidémie, le comité scientifique préconise désormais la prolongation sur une durée totale de six semaines – jusqu’au 28 avril – du confinement. « Beaucoup de nos concitoyens aimeraient retrouver le temps d’avant, (…) mais il n’est pas pour demain », avait prévenu lundi soir le Premier ministre Édouard Philippe en annonçant un durcissement des mesures de confinement. Il doit prendre la parole à la mi-journée, à l’issue du conseil des ministres, au cours duquel 24 premières ordonnances devaient être présentées pour soutenir les entreprises et maintenir les services publics.
Nouveau formulaire pour sortir de chez soi
Pour sortir de chez eux, les Français doivent désormais utiliser un nouveau formulaire d’attestation de déplacement, avec l’obligation d’indiquer l’heure du déplacement. Des dizaines de milliers d’infractions ont été constatées et les sanctions ont été durcies pour ceux ne respectant pas ces consignes. Les 135 euros d’amende forfaitaire passent à 1.500 euros en cas de récidive « dans les 15 jours » et pourront monter jusqu’à « 3.700 euros d’amende et six mois de prison ». Le syndicat Unsa Police a toutefois appelé les policiers à ne pas effectuer de contrôles sur le respect des règles de confinement, pour protéger les agents. Dans une cité de l’Oise, une policière de 23 ans a été grièvement blessée à la tête mardi par un jet de projectile lors d’un contrôle de cette nature.
Alors que peu d’experts se risquent à pronostiquer la date du « pic », un essai clinique européen a démarré dimanche dans au moins sept pays pour tester quatre traitements expérimentaux. A ce stade, la chloroquine, l’un des traitements testés qui fait débat, pourra être administrée aux malades souffrant de « formes graves » du coronavirus, mais pas pour des formes « moins sévères ». Le professeur Raoult, dont les préconisations pour un traitement à la chloroquine des malades du Covid-19 font polémique, a annoncé mardi se mettre en retrait du conseil scientifique accompagnant l’exécutif, assurant privilégier un lien « direct » notamment avec Emmanuel Macron. Il sera en couverture de l’hebdomadaire Paris Match jeudi, qui se demande s’il a « trouvé le remède » au coronavirus.
LQ / AFP