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Italie : à Vertova, village martyr, le virus est « pire qu’une guerre »


Orlando Gualdi, le maire de Vertova, en Lombardie proche de Bergame, devant le cimetière de sa municipalité. (Photo / AFP)

Rues totalement vides, quelques drapeaux italiens aux fenêtres, un maire qui tente de rassurer ses administrés, cloîtrés: à Vertova, un village près de Bergame dans le nord de l’Italie, le coronavirus a plus tué que la Deuxième Guerre mondiale.

« Pire qu’une guerre ». Devant les grilles fermées du cimetière municipal, le maire, Orlando Gualdi, compte les morts de son village martyr et désert, l’un des plus brutalement frappés par l’épidémie de coronavirus en Italie. Depuis le 1er mars, une quarantaine d’habitants sont morts dans ce gros village de 4.600 habitants. Sur les panneaux d’affichage municipaux, les avis de décès se comptent en dizaines. Le cimetière est fermé pour éviter les rassemblements susceptibles de favoriser la circulation du virus.

Seuls les employés des pompes funèbres peuvent y pénétrer pour déposer les cercueils en attente de crémation. Mardi, quatre nouveaux cercueils ont été déposés sur des chaises dans la chapelle vide. « Personne ne mérite une mort aussi horrible. C’est absurde de voir qu’en 2020 il puisse y avoir une pandémie de ce genre, pire qu’une guerre », dit Orlando Gualdi. « Entre le 1er mars et aujourd’hui, nous avons eu 36 morts. Si vous pensez que sur un an le nombre de morts à Vertova varie habituellement entre 55 et 62, vous comprenez l’ampleur de ce qui se passe », ajoute-t-il.

« Nous espérons que la situation va s’améliorer rapidement »

Vertova est située à une dizaine de kilomètres au nord de Bergame, dans la vallée du Serio, l’une des zones où le coronavirus a été le plus virulent, sans que les raisons en soient connues. Comme partout en Italie, et sans doute plus encore, les rues se sont vidées, les commerces ont fermé et le maire fait le tour d’une ville désormais désertée pour tenter d’apporter un peu de réconfort à des citoyens cloîtrés et prendre quelques nouvelles des plus fragiles et des plus isolés.

« Malheureusement, il n’y a ni masques ni désinfectant dans le village. J’ai dû fabriquer mon propre masque, avec un morceau de tissu et ma machine à coudre », raconte Augusta Magni, une habitante de 63 ans. « La situation est pesante. Chacun de nous a des proches, des amis, des membres de sa famille qui sont concernés. Nous espérons que la situation va s’améliorer rapidement », reconnaît de son côté Claudio Bertocchi, un agent commercial de 62 ans. Derrière lui, les drapeaux italiens flottent aux balcons, aux côtés des draps et banderoles décorés d’arcs-en-ciel par les enfants. « Andra tutto bene », « tout ira bien », assurent-ils. Mais derrière, les rues sont vides.

LQ / AFP