Les travaux de réfection du piétonnier d’Arlon sont interrompus jusqu’en août. En cause, des pavés-béton dont le traitement «rustique» laisse à désirer. L’architecte encadrant le projet a stoppé la pose car les pavés étaient trop abîmés.
C’est un nouveau et malheureux contretemps qui vient de frapper le projet de réfection du piétonnier d’Arlon. Alors que le monde commercial du chef-lieu se réjouissait de voir enfin s’ouvrir la première phase du chantier, en avril dernier, un problème d’ordre technique vient de lui donner un sérieux coup de frein.
En cause, des pavés-béton défectueux, qui ont conduit à l’interruption pure et simple des travaux, suspendus. Le pavage proprement dit, par la firme Krinkels, de Naninne, a démarré mercredi, la semaine dernière. Or, dès le lendemain, l’auteur de projet, l’architecte Henri Poncin, a constaté que l’un des deux coloris de pavés fournis par l’entreprise Interblocs de Libramont était par trop abîmé. Et impropre à une pose harmonieuse.
Il faut savoir que les pavés-béton, une fois secs, passent dans un trommel, un tambour qui gomme les arêtes et les coins et leur donne leur aspect «rustique». Toutefois, dans les palettes livrées, celles de couleur gris clair (ou «cendre», l’autre coloris étant un mélange gris clair/gris foncé baptisé «Condroz»), certains pavés, qui n’avaient pas fini de sécher, ont du coup été endommagés.
Un problème d’esthétique
Résultat : une fois posés pour composer les motifs centraux de la rue, ils présentent des joints irréguliers et peu esthétiques. Henri Poncin en a avisé le bourgmestre, Vincent Magnus, et l’échevin des Travaux, André Balon, et il a été décidé de suspendre les travaux jusqu’à nouvel ordre.
Soit jusqu’au 10 août. D’ici là, l’entreprise Interblocs aura fabriqué et livré les trois ou quatre palettes de pavés «cendre» nécessaires au dessin des carrés à former au milieu de la chaussée.
Jean-Guy Delhaise, patron d’Interblocs, en convient : les paves-béton fournis à Arlon n’ont pas séché suffisamment longtemps, « ce qui ne veut pas dire qu’ils sont de mauvaise qualité sur le plan de la résistance, mais que leur esthétique laisse en effet à désirer ». « Nous laissons sécher les pavés pendant 30 jours avant de les traiter dans le trommel, qui leur donne leur côté rustique» , poursuit Jean-Guy Delhaise, qui insiste sur la qualité des produits fournis par Interblocs. «Nous travaillons dans toute la Wallonie et n’avons jamais été confrontés au moindre litige. Il faut dire que la commande pour le piétonnier d’Arlon est arrivée assez tardivement et que, pour assurer malgré tout une livraison rapide, nous avons légèrement réduit le temps de séchage , poursuit-il. Sans doute aurions-nous dû être plus vigilants! J’ai d’ailleurs proposé de livrer dès à présent d’autres pavés triés sur le volet, mais j’apprends que, finalement, les travaux seront interrompus jusqu’au début du mois d’août. »
Dans le piétonnier, le travail s’est poursuivi autant qu’il «cendre», il faudra attendre un peu, et, d’une quinzaine de jours, l’interruption a été portée à un mois et demi, les congés du bâtiment arrivant bientôt.
Reste à espérer que ce contretemps sera le dernier pour un piétonnier qui attend son lifting depuis bien longtemps.
Philippe Colling (L’Avenir)
«Ce lifting rendra le piétonnier plus attractif»
La présidente de l’association commerciale d’Arlon, Catherine Arnold est optimiste : son lifting sera aussi une renaissance pour le piétonnier.
De nombreux commerces ont été ouverts en nocturne vendredi soir à Arlon. Cette nouvelle initiative de l’association commerciale (ACIA), dont vous êtes présidente, est-elle appelée à devenir récurrente ?
Catherine Arnold : Tout à fait. Les commerçants qui y participent resteront ouverts jusqu’à 20 h tous les derniers vendredis du mois, un agenda qui correspond à ceux du marché bio organisé à l’ancien hôtel de police et aux Clack’péros urbains. Les magasins qui seront ouverts se reconnaîtront au tapis coloré déroulé depuis leur pas de porte. Un tapis de couleur qui sera aussi le signe de toute autre ouverture exceptionnelle, soit en dehors des horaires habituels.
Comment l’idée a-t-elle été reçue?
Favorablement, d’autant qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une nocturne, mais d’une ouverture plus tardive : 20 h, ce n’est pas trop tard et cela permet aux gens de fréquenter et le marché, et l’apéro, et nos commerces. Et puis, il faut tenir sur la longueur. Nous aimerions que plus tard, quand le marché bio devra quitter son emplacement actuel, qui est provisoire, il rejoigne le piétonnier. Ce serait encore plus convivial!
À propos du piétonnier, comment vivez-vous l’actuel chantier?
Touchons du bois, jusqu’ici, tout va bien et nous ne pouvons que nous réjouir de ces travaux, même s’ils arrivent tardivement (NDLR : il faudra néanmoins prendre encore son mal en patience puisque les travaux sont suspendus jusqu’en août à la suite d’un contretemps technique. Lire par ailleurs ). Tous les commerces sont accessibles. Pour l’instant, les véhicules circulent dans tous les sens, on se gare n’importe où, mais le réaménagement y remettra bon ordre. Et, c’est bien connu : on respecte davantage ce qui est neuf! Ce lifting rendra le piétonnier plus attractif et il est à espérer que cela donnera envie à de nouveaux investisseurs de s’y installer plutôt qu’ailleurs.
Est-il encore temps de renverser la vapeur? Ces dernières années ont été difficiles pour le piétonnier, reconnu « en souffrance ». En 2013, près de 20 % des cellules étaient vides!
Je suis de nature optimiste et je sens que notre piétonnier est en train de vivre son renouveau. Ça bouge. Autre gros chantier, la démolition de l’ancienne « Souris verte », que nous attendions avec impatience, est prévue pour août. Ce sera la fin d’un chancre. À côté, l’ancien Infosermi est en travaux. S’y installeront un commerce en rez-de chaussée et des appartements dans les étages (NDLR : Catherine Arnold vient pour sa part d’acquérir le magasin voisin du sien, l’ancienne « Malle rouge »). Huit appartements seront également aménagés au-dessus d’«Escapade». Cela ramène de l’habitat – et de l’habitat de qualité – au centre-ville. Ce qui a changé, fondamentalement, c’est que si jadis, les commerçants habitaient au-dessus de leur magasin, ce n’est plus le cas, à l’une ou l’autre exception près. Résultat : les étages ont été progressivement abandonnés. Or, la vie du piétonnier passe par l’habitat. Pour une question de sécurité, mais surtout parce que les riverains sont les premiers à consommer sur place.
L’un des arguments généralement avancés à propos de la désaffection progressive du piétonnier est le prix des loyers…
Il est temps de tordre le cou à cette idée qui a la vie dure! Ce n’est plus vrai, à quelques exceptions près peut-être. L’ASBL Centre Ville, avec laquelle l’ACIA entretient d’excellentes relations, comme d’ailleurs avec la ville, tient à disposition tous les prix.
Propos recueillis par Philippe Colling (L’Avenir)