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[Tennis] Molinaro : 2020, année Majeur


"J'aimerais naviguer aux environs du top 100 et disputer les Grand Chelem", explique la tennis woman luxembourgeoise (Photo : Luis Mangorrinha).

Petit à petit, la plus belle promesse du tennis luxembourgeois progresse et se rapproche des Grand Chelem. En 2020, cela devrait le faire…

Mardi matin au CNT. Toutes les équipes présentes cette semaine à Esch sont là, à s’entraîner en vue de commencer au mieux la compétition le lendemain. Les Luxembourgeoises d’Anne Kremer s’étirent ainsi gentiment à quelques mètres du Court 1, les joueuses ne pouvant s’empêcher de jeter un coup d’œil de temps en temps à ce qu’il se passe sur celui-ci. Il faut dire que ce n’est pas n’importe qui qui s’entraîne à quelques mètres. On y retrouve une équipe polonaise qui fait sans doute office d’épouvantail pendant cette semaine de Fed Cup à la sauce eschoise. Et ce mardi, d’un côté du filet, on retrouve Magda Linette (27 ans), 42e mondiale et joueuse la mieux classée cette semaine à Esch. De l’autre, sa jeune compatriote Iga Swiatek déjà 48e mondiale à 18 ans et qui vient d’atteindre les huitièmes de finale à l’Open d’Australie.
Forcément, cela peut avoir un petit côté impressionnant pour les Tiffany Cornelius, Marie Weckerle ou Laura Correia, les joueuses de l’équipe luxembourgeoise non classées à la WTA. Un peu moins sans doute pour une Eléonora Molinaro qui a déjà affronté cette Iga Swiatek. C’était en octobre 2018 au 1er tour des Jeux olympiques de la jeunesse à Buenos Aires (Argentine). Molinaro et Swiatek évoluaient alors de concert parmi les plus belles promesses de la catégorie juniors. Tout comme une autre joueuse présente en ce moment au CNT, la Slovène Kaja Juvan.

Les autres ont pris un peu d’avance

«Elles ont mon âge ou sont un rien plus jeunes que moi dans le cas de la Polonaise mais ont connu une progression plus rapide et importante que la mienne», glissait en ce début de semaine Eléonora Molinaro. Si «Elé» occupe aujourd’hui, à 19 ans, le meilleur classement de sa jeune carrière, avec une 254e place mondiale, Juvan et Swiatek évoluent, en effet, déjà dans une autre sphère. Actuelle 123e mondiale, Juvan flirte depuis un petit temps avec la barre d’un top 100 mondial qu’elle n’a pas encore réussi à franchir. Tandis que Swiatek a, elle, déjà explosé aux yeux d’une partie du public depuis mai dernier et une première qualification en huitième de finale d’un Grand Chelem, à Roland-Garros. On peut d’ailleurs peut-être ranger la Polonaise dans la catégorie des jeunes «prodiges» du tennis féminin, pas très en dessous d’un autre phénomène qui évoluait à la même époque chez les juniors, Cori «Coco» Gauff (qui fêtera ses 16 ans dans un mois).

Si on reprend le classement mondial juniors de la fin 2018, année où Eléonora Molinaro quitta cette catégorie sur une magnifique 11e place mondiale, on s’aperçoit que beaucoup de jeunes filles présentes alors dans les mêmes eaux que la jeune Luxembourgeoise ont pris un peu d’avance sur elle. On peut citer ainsi l’Américaine Caty McNally (WTA 121), la Chinoise Xiyu Wang (WTA 133), l’Italienne Elisabetta Cocciaretto (WTA 153), la Japonaise Yuki Naito (WTA 175) ou la Canadienne Leylah Fernandez (WTA 185). Toutes des filles, on le constate, provenant de nations importantes, avec des fédérations puissantes et capables de mettre beaucoup de moyens afin d’aider leurs jeunes pousses à traverser le mieux possible le «fossé» qui existe entre la catégorie juniors et les pros.

Prenez le cas de l’Italienne Cocciaretto qui a le même âge qu’une Molinaro qu’elle a souvent rencontrée en 2018 chez les juniors. Ce qui avait d’ailleurs généralement donné lieu à des batailles acharnées qu' »Elé » a le plus souvent remportées. En septembre dernier, cette Cocciaretto naviguait encore au-delà de la 400e place mondiale. Mais ensuite «elle est partie en fin d’année en Amérique du Sud où elle a disputé et remporté deux tournois 60 000 dollars au Paraguay et au Chili», expliquait Molinaro. Des tournois où la concurrence était forcément moins forte que celle présente dans les rendez-vous européens de même niveau. «Moi, je n’ai pas les moyens de faire la même chose, de pouvoir partir ainsi en tournée…», glissait Molinaro. «Dans les grands pays, les joueuses ont aussi d’autres sparring-partners, des conditions d’entraînement différentes…» Ce n’est pas dit comme une critique par la jeune n° 2 luxembourgeoise. C’est juste un constat. «Mais forcément, tout cela aide à pouvoir progresser plus vite. Peut-être qu’avec les mêmes moyens, j’aurais moi-même évolué plus vite. Y penser me rend un peu triste… Mais je me dis que si je mets plus de temps à y arriver, peut-être que je resterai plus longtemps que les autres à un haut niveau. Je ne me mets aucune pression. Je me dis juste que je vais y arriver. Où je me vois dans cinq ans? J’aimerais naviguer aux environs du top 100 et disputer les Grand Chelem. Vivre du tennis.»
Pour en revenir à Cocciarretto, son passage en Amérique du Sud lui a forcément fait gagner en confiance mais lui a également permis de prendre beaucoup de points au passage. De quoi effectuer un bond au classement et se retrouver en position de disputer les qualifications du récent Open d’Australie. Et la native d’Ancône en a bien profité, se hissant jusque dans le tableau final où elle a défié l’ancienne n° 1 mondiale Angelique Kerber (défaite sur un double 6-2).

Participer à cet Open d’Australie 2020, c’était justement un des objectifs d’Eléonora Molinaro. Elle l’avait expliqué en marge du Luxembourg Open en octobre dernier. «Au final, je n’en ai pas été très loin. Il m’a manqué quelques places. Mais dans ma tête, ce n’est que partie remise. Je veux y arriver à Roland-Garros! 2020 est une saison importante pour moi, je veux jouer mes premiers Majeurs chez les pros!»
Avec une demi-finale dans un 25 000 dollars en Guadeloupe voici quelques jours et 22 places gagnées au classement mondial, on peut dire qu’elle a bien débuté l’année. «Je suis sur le bon chemin», conclut-elle.

Julien Carette