Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les drive-fermiers qui fonctionnaient à Audun-le-Roman et Cosnes-et-Romain, avec une quinzaine de producteurs qui vendaient en direct aux consommateurs, ont cessé leur activité. La fidélité de certains clients n’a pas suffi.
Les drive-fermiers ont fermé leurs portes à Audun-le-Roman comme à Cosnes-et-Romain. Le premier avait vu le jour en septembre 2015. Le second en mars 2018. Quatorze producteurs participaient et se relayaient pour distribuer les aliments le jeudi en fin d’après-midi, sur les deux sites. Mais la recette qui semblait fonctionner n’a pas résisté et a été arrêtée.
Chiffre d’affaires en baisse
« Nous avions des clients fidèles, c’est ce qui nous a fait hésiter à arrêter », explique Estelle Brodier, de la Ferme Martigny à Colmey. Mais, « entre 2018 et 2019, le chiffre d’affaires a diminué de 35 % », précise l’agricultrice. Cette dernière voit plusieurs raisons à cette perte du nombre de clients pour les deux drive. « Le drive est un système qui a bénéficié d’un effet de mode, mais qui est maintenant passé. C’est assez contraignant pour les clients, ils doivent penser à commander et être là le jeudi, sur un créneau horaire. Et on a aussi un peu joué de malchance : un producteur de légumes a arrêté et un autre a abandonné aussi, les clients se sont sentis un peu désabusés de ne pas trouver de légumes. »
Perte d’activité
Sur le secteur de Longwy, « certains clients sont partis au Coin des producteurs à Lexy. Ils avaient la possibilité de trouver le même genre de produits, avec plus de flexibilité dans les horaires », ce qui a entraîné une perte d’activité. Sachant que certains producteurs vendaient leurs produits par l’intermédiaire de ces deux modes de vente.
« Cela fait six mois qu’on essaie de ne pas perdre d’argent. Nous n’avons pas trouvé de solution miracle. Le site internet coûte cher, il entraîne les plus gros frais. Le bilan au 31 décembre était limite, il fallait prendre une décision avant de devoir renflouer », conclut l’agricultrice.
(Le Républicain lorrain)
« Les gens préfèrent peut-être les magasins de producteurs »
Comment la quinzaine de producteurs qui fournissaient les drive-fermiers Emplettes paysannes d’Audun-le-Roman et de Cosnes-et-Romain analysent-ils la fermeture des deux sites ? Certains nous répondent.
Hervé-Pierre Hypolite, La Troliotte à Les Baroches
« Comme je viens de créer la brasserie, je faisais un essai et devais commencer officiellement le 1er janvier. J’ai livré mes bières pendant deux mois et demi jusqu’à fin décembre. Forcément, les gens sont déçus et nous aussi. Ça nous faisait connaître. Mais il y avait un manque de régularité de certains produits. Sans doute aussi que le nouveau magasin de producteurs de Lexy a fait du tort au site de Cosnes-et-Romain. »
David Hypolite, céréales et farines en agriculture biologique à Avril
« Les consommateurs ont pris d’autres habitudes. Avec le succès des magasins de producteurs, on constate qu’ils aiment faire leurs courses et flâner dans les rayons. Les drive-fermiers ont été une plaque d’envol pour eux. Aujourd’hui, certains étudient même la possibilité d’ouvrir un drive pour leurs clients. Le plus drôle est que la dernière semaine, on a eu plein de commandes. »
Cécile Noël, La Bergerie du Gué à Audun-le-Roman
« Ce mode de commande sur internet sans voir les produits n’est peut-être plus adapté, avec une amplitude horaire pour venir les chercher qui ne convient pas à tout le monde, même si on avait une clientèle fidèle. Quand on est sur place, ce n’est pas trop grave mais les producteurs qui faisaient des kilomètres pour ne vendre qu’une quinzaine d’euros de marchandises… On a mis la décision au vote. Cela faisait cinq ans que je participais à l’aventure, je ne regrette pas de l’avoir fait. »
Propos recueillis par Virginie Dedola
Questions à – « Place de la Gare à Audun, c’était pratique ! »
Sabrina Bœhler ex-cliente des Emplettes paysannes à Audun-le-Roman
Depuis quand et pourquoi étiez-vous membre des Emplettes ?
« Lorsque j’habitais encore dans la vallée de l’Orne en Moselle, j’allais une fois par semaine à la Ruche qui dit Oui. Après mon déménagement à Avril il y a un peu plus d’un an et demi, j’ai voulu retrouver le même système. Les Emplettes proposaient un bon choix de viandes, de laitages, de féculents. Le point-relais se situait place de la Gare à Audun-le-Roman, c’était pratique. »
Qu’est-ce qui vous séduisait dans le système des Emplettes ?
« De savoir précisément d’où venaient les produits, qu’ils étaient fabriqués localement par des petits producteurs, des paysans au sens noble du terme. C’était l’assurance de produits de qualité, sains. Et par rapport aux grandes surfaces, les tarifs restaient finalement abordables. J’explique à mes enfants qu’il est important de bien manger, de faire attention aux aliments qu’on ingère !
On vous imagine déçue par la fermeture du drive-fermier…
« Oui ! Je ne comprends pas pourquoi car ça avait l’air de bien marcher, il y avait toujours du monde place de la Gare. On m’a proposé d’aller sur Villers-la-Montagne, mais c’est trop loin. Pour moi c’est plus pratique de retourner à la Ruche de Sainte-Marie-aux-Chênes, mais les prix y sont plus élevés. Ce qui m’arrangerait, c’est que les Emplettes paysannes s’installent à Briey ! »
Propos recueillis par Virginie Dedola
