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Télétravail : combler le fossé

La fracture numérique, souvent évoquée entre jeunes et personnes âgées, touche aussi le monde de l’emploi. C’est ce qui ressort de notre dossier sur le télétravail. Il n’a pas la valeur d’une enquête nationale. On s’est promené derrière la frontière, à la recherche de récits authentiques sur le sujet, puis nous sommes allés voir des pros, pour mieux cerner les enjeux.

Pourquoi les frontaliers ? Parce qu’ils vivent plus loin que les résidents, donc subissent encore plus les bouchons. Parce qu’ils sont confrontés à des normes internationales que leurs entreprises pensent insurmontables.

Quelles conclusions esquisser ? De manière générale, plus l’entreprise est petite, plus le télétravail est anarchique. Soit le manager n’est pas formé pour diriger une équipe à distance, le télétravail est donc proscrit. Soit on l’autorise comme on s’autorise un tour à la Schueberfouer… n’importe comment ! Des jours de télétravail mal décomptés, une confusion avec les jours de maladie, des erreurs manifestes dans la façon de relever l’impôt des frontaliers… «C’est tellement pratique», nous a t-on confié. C’est tellement urgent, surtout !

Ne parlons plus des bouchons. Parlons de l’urgence de mettre le Luxembourg en phase avec la modernité. Quand nous sommes allés chez ING, écrin au service d’une élite bien formée, nous avons aperçu le monde qui échappe à la majorité. Il y a un tel fossé quant aux options offertes pour mener une vie professionnelle épanouie…

Le télétravail est moderne puisqu’il permet aux parents seuls de continuer à mener leur carrière (cf. témoignages), notamment aux femmes qui, bien souvent, ont la garde des enfants.

Le télétravail est moderne puisque ça n’a pas de sens de faire trois heures de route pour allumer un ordinateur.

Le télétravail est moderne puisqu’il oblige à repenser son rapport au temps et à se départir d’un certain matérialisme pour revenir à l’essentiel : son métier.

Hubert Gamelon