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Fedil : l’industrie cible la jeunesse


Michèle Detaille a rappelé la position de la Fedil qui milite pour un cadre législatif plus «agile» et «moins de contraintes dans l'organisation du travail» afin de répondre au mieux aux besoins des salariés, mais également à ceux de l'entreprise. (photo Alain Rischard)

Mercredi à Luxexpo The Box, la Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) a présenté ses vœux pour l’année à venir lors d’une soirée axée autour de la jeunesse.

L’industrie luxembourgeoise, qui pèse pour 25% de l’emploi et 35% du PIB grand-ducal, est face à de nombreux défis à venir, notamment une pénurie de main-d’œuvre et un désamour des métiers de l’industrie de la part de la jeunesse, qui ne semble pas forcément attirée par l’industrie au sens large du terme qui véhicule encore une image peu attirante pour les jeunes.

Consciente de la situation, la maîtresse de cérémonie, Michèle Vallenthini, qui a notamment été dans un passé récent en charge de la communication de la Fedil, a rappelé l’importance de rapprocher l’industrie luxembourgeoise et les plus jeunes. D’ailleurs, pour illustrer le décalage existant entre les jeunes générations et l’industrie, elle n’a pas hésité à aller demander l’avis des plus jeunes. Dans de courtes vidéos, on pouvait ainsi voir des enfants interrogés sur leurs désirs professionnels à venir et l’on a pu clairement constater que l’industrie ne figurait pas dans leurs priorités, mais également leur méconnaissance des nombreux métiers au sein de l’industrie.

Dans son discours, Michèle Detaille, la présidente de la Fedil, a d’ailleurs vivement encouragé les industriels et les entreprises «à ouvrir leurs portes aux classes d’élèves désirant visiter les entreprises et aux stagiaires, à aller à la rencontre des jeunes et à participer à l’initiative Hello Future» visant à promouvoir l’industrie auprès des jeunes afin de leur «montrer qu’il est possible de s’épanouir au sein de l’industrie et qu’ils peuvent contribuer à la lutte climatique en travaillant dans les entreprises».

Pique aux syndicats

Michèle Detaille a ensuite rappelé que s’il était essentiel d’attirer les jeunes vers le monde de l’industrie, il était tout aussi essentiel d’arriver à garder les talents en s’adaptant à l’évolution du monde du travail. Là encore, dans les courtes interventions vidéo des enfants, les salariés de demain, on pouvait constater qu’il y avait un grand décalage entre leurs croyances et la réalité du monde du travail. Interrogés sur le nombre de jours de vacances qu’ils voulaient avoir une fois intégrés au monde du travail, les enfants pensaient avoir comme actuellement au minimum deux mois de vacances.

Alors que dans la réalité, la Fedil a fustigé le gouvernement l’année dernière lorsqu’il a été question d’ajouter deux jours de congé en plus dans le calendrier luxembourgeois. Michèle Detaille a ainsi rappelé la position de la Fedil qui milite pour un cadre législatif plus «agile» et «moins de contraintes dans l’organisation du travail» afin de répondre au mieux aux besoins des salariés, mais également à ceux de l’entreprise.

La présidente de la Fedil n’a pas manqué de lancer une pique aux syndicats. Michèle Detaille a souligné l’importance d’un dialogue social, pour le moment mis à mal, en expliquant «vouloir élaborer des propositions constructives dans le cadre du dialogue social national auquel nous sommes attachés, car il est une des composantes importantes d’une économie florissante. Mais parce que nous sommes échaudés, nous ne voulons plus entrer dans des négociations avec des partenaires sociaux qui pratiquent la méthode bien connue de Lénine : tout ce qui est à moi est à moi, tout ce qui est à toi est négociable !» Michèle Detaille a ensuite invité le gouvernement «à élaborer des propositions utiles pour relever le double défi de la mobilité des travailleurs et de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée face aux transformations technologiques que nous vivons et qui s’annoncent. Le monde du travail change, à vous de nous prévoir un cadre agile, souple et en adéquation avec les besoins des entreprises et des travailleurs».

La croissance, «un travail collectif»

Enfin, Michèle Detaille a remercié Étienne Schneider, le ministre de l’Économie, pour «son travail et ses initiatives qui ont contribué à la diversification économique du pays et à sa modernité et qui a donné de nouvelles orientations économiques, notamment en matière de technologies et de digitalisation». Pour rappel, le ministre de l’Économie quittera ses fonctions politiques dans douze jours. Michèle Detaille n’a pas manqué de lui souhaiter le meilleur pour la suite tout en lui rappelant que s’il voulait créer une start-up, il pourrait, «au même titre que toutes les nouvelles start-up, bénéficier d’une inscription gratuite à la Fedil».

Le ministre de l’Économie, présent, a également pris la parole en rappelant que «ce sont les entreprises qui font vivre l’économie». Étienne Schneider est aussi revenu sur le rôle parfois ambigu d’un ministre de l’Économie. «J’ai toujours soutenu les efforts des entreprises pour développer une base industrielle forte au Luxembourg, cela fait partie du travail d’un ministre de l’Économie. Un ministre de l’Économie sera également souvent considéré comme un ami, un partenaire, voire même comme un complice des entreprises et des entrepreneurs. En tant que socialiste, cette proximité, voire cette alliance, avec le patronat qui m’a toujours été reprochée ne m’a pas toujours été utile d’un point de vue politique. Mais cette complicité présumée, je l’ai toujours considérée comme une prérogative liée à ma fonction. J’ai toujours été fier que mon travail et mon engagement permettent aux résidents et aux frontaliers une qualité de vie de haut niveau et leur fournissent des postes de travail en nombre suffisant pour que tous puissent gagner leur vie convenablement. C’est cela qui garantit la cohésion sociale dans notre pays. La croissance économique ne se crée pas sans efforts et c’est un travail collectif», a assuré le ministre.

Et de rappeler «l’importance de l’existence d’une industrie forte au Luxembourg et en Europe et que la décroissance économique est une idée qui ne pourra jamais être une option car sans croissance, il n’y aura pas de création de valeur, pas d’investissement dans les infrastructures, pas d’augmentation des revenus et donc pas d’amélioration du niveau de vie».

Jérémy Zabatta