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Devoir de mémoire au Film italien de Villerupt


Cette année, le Festival braque les projecteurs de l'entrée de l'Italie dans la Grande Guerre en 1915. (Photo DR)

Le festival du Film italien de Villerupt a dévoilé les grandes lignes de sa prochaine édition… et ses nouvelles archives numériques.

À Villerupt, il y a des choses qui ne changent pas. L’immuable rire d’Oreste Sacchelli, délégué artistique du festival du Film italien – qui, fin octobre, célèbrera sa 38e édition –, les feuilletons périlleux concernant le budget et les réguliers de la manifestation, autour de 41 000 chaque année. Une fidélité due à une histoire construite petit à petit, souvent dans la douleur, que la manifestation rappelle immanquablement, comme pour mieux se convaincre de ce miraculeux passé.

Cette année plus que les autres, il a eu l’occasion de voir tout le chemin accompli avec la création d’archives numériques, permettant aux curieux et aux nostalgiques de «redécouvrir un film à travers son synopsis». Et on imagine bien les trésors et les fantaisies dont regorge cette nouvelle base de données composée, tout de même, de 1 100 films. «Ce n’est pas l’anthologie du cinéma italien, mais c’est pas mal, non ?»

Comme si cette histoire était persistante, cette nouvelle mouture est à voir comme un devoir de mémoire, une piqûre de rappel. Il y a, déjà, sur le site, cette affiche de Cabu, décédé lors des attentats de janvier à Charlie Hebdo. Le dessinateur avait en effet collaboré avec le festival en 1979. Baru, l’enfant du pays, lui, en est à sa onzième production. Dessus, on peut voir deux hommes – «I due fratelli» – dans leur habits de soldats de l’époque. Normal, c’est la Grande Guerre que l’on évoque.

Fidèle du festival, le dessinateur villeruptien Baru signe cette année encore l'affiche de la 38e édition. (Photo DR)

Fidèle du festival, le dessinateur villeruptien Baru signe cette année encore l’affiche de la 38e édition. (Photo DR)

La Grande Guerre «en altitude»

L’occasion pour Oreste Sacchelli, loquace pédagogue, de faire un peu d’histoire. «L’Italie est entrée en guerre en 1915, il y a 100 ans, avec quelque 5 000 000 de mobilisés et près de 600 000 morts» au final. Pour lui, il était important de «parler de ce front Sud, long de 700 kilomètres», souvent éclipsé par le choc anglo-franco-allemand à l’Ouest. Même les cinéastes italiens sont passés à côté du conflit, et ce malgré la beauté des paysages, avec des combats se déroulant «en altitude, parfois à plus de 3 000 mètres».

«Le premier film sur la Grande Guerre fut Maciste Alpino» (1916), qui transposait donc dans le conflit en cours le héros herculéen. «On imagine bien ce que ça doit être !» (Rire). Viennent ensuite, en 1959, Mario Monicelli et La grande guerra (Lion d’or à la Mostra de Venise) puis Francesco Rosi et Uomini contro (1970). «Et plus rien !» D’où principalement des films très récents dans cette sélection, avec notamment Torneranno i prati (Ermanno Olmi) et Fango e Gloria (Leonardo Tiberi).

L’autre fil rouge de cette nouvelle mouture sera la région Frioul-Vénétie julienne, «théâtre d’affrontements meurtriers pendant la Grande Guerre», donc, mais aussi terre de cinéma, symbolisée par la Friuli Venezia Giulia Film Commission, qui a «produit un très grand nombre de films», dont certains sont forcément passés par Villerupt. Un hommage lui sera donc rendu.

Reste la partie dite «patrimoniale» du festival, avec la traditionnelle carte blanche donnée «à un critique qui met en lumière un réalisateur italien» de son choix. Le premier sera Jean Antoine Gili, «grand spécialiste français du cinéma italien et un peu notre père à tous», lâche Oreste Sacchelli.

Il jettera son dévolu sur Elio Petri (1929-1982), classé de façon un peu réductive «cinéaste politique» et auteur notamment de deux monuments : Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) et La classe ouvrière va au paradis (1971), tous deux récompensés à Cannes. Tant qu’à parler festivals, les organisateurs attendent que passent ceux de Venise et Rome pour peaufiner la programmation. «Pour avoir le mieux du mieux !»

Grégory Cimatti

Du 30 octobre au 15 novembre. Plus d’infos par ici