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Santé publique : les six priorités de l’UE


Le haut fonctionnaire européen John Ryan, de la direction générale Santé et Sécurité alimentaire de la Commission européenne, était hier à la Maison de l'Union européenne (Photo : Julien Garroy).

En ce début d’année, la Commission européenne présente ses résolutions sur le cancer, la vaccination, la qualité de l’alimentation, la résistance microbienne, le changement climatique et les médicaments.

La salle Joseph-Bech de la Maison de l’Union européenne était comble, mercredi, à l’occasion de la conférence «Nouvelles année – bonne résolutions! Le programme Santé Europe 2020». «Bonne année et bonne santé à tous! Le sujet de la santé publique nous concerne tous», a d’emblée souligné Yuriko Backes, cheffe de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg, en charge de l’organisation de l’événement. Avant, pour elle, de passer le témoin au conférencier du jour, le directeur «Santé publique, connaissance des pays, gestion de crise» de la direction générale (DG) Santé et Sécurité alimentaire, John Ryan.
Devant un parterre bien fourni, le haut fonctionnaire européen a, en préambule, passé en revue le dernier rapport sur l’état de la Santé dans l’UE (lire encadré ci-contre). Soit une source d’indicateurs précieux sur la base desquels la nouvelle commission Von der Leyen – et plus particulièrement la membre chypriote de son collège des commissaires, en charge de la Santé et de la Sécurité alimentaire, Stella Kyriakides – orientera sa politique en matière de santé publique. Six priorités ont d’ailleurs été édictées en ce sens.
La première d’entre elles concerne les cancers, «qui représentent la 2e cause de décès dans l’UE», souligne l’orateur John Ryan, alors que 40 % d’entre eux pourraient être diagnostiqués précocement. «Il existe une large disparité en termes d’accès au dépistage des cancers entre les différents États membres de l’UE», a également insisté le conférencier.

La rougeole, c’est trois fois plus de morts qu’Ebola

Il a évoqué par ailleurs d’autres problématiques liées à la maladie : l’accès aux traitements, notamment aux traitements innovants, mais aussi le droit à l’oubli en cas de survie. Une consultation publique sera lancée le 4 février sur toutes ces questions, ainsi qu’au sujet de celles relatives à la fin de vie, «les législations relatives aux soins palliatifs ou à l’euthanasie étant différentes au sein des 28», sans oublier le volet «recherche».
Selon une deuxième priorité, l’exécutif de l’UE s’attache déjà à élaborer et à mettre en œuvre des plans de vaccination nationaux ou régionaux, «avec pour objectif une couverture vaccinale contre la rougeole d’au moins 95 %», d’après John Ryan, qui constate que «beaucoup d’États membres n’atteignent pas ces 95 %. À titre d’exemple, la rougeole a fait trois fois plus de morts qu’Ebola.»
Par ailleurs, l’introduction de contrôles de routine du statut vaccinal et des possibilités régulières de se faire vacciner à différentes étapes de la vie devront devenir la règle, à l’avenir. Les autres objectifs et projets, dans le cadre de la vaccination, sont : le développement d’une carte de vaccination commune qui puisse être partagée par voie électronique à travers les frontières, la mise en place d’un portail européen d’information pour fournir des données en ligne objectives et transparentes sur les bénéfices et l’innocuité des vaccins («les fake news au sujet des vaccins sont fréquentes») ou encore la mise au point d’un entrepôt de données de l’UE virtuel afin d’atténuer les risques de pénurie.
La résistance antimicrobienne et tout ce que cela implique (augmenter la recherche, le développement de traitements, l’innovation) s’avère être le troisième cheval de bataille de la Commission européenne. Et pour cause : «Il s’agit d’un énorme défi qui provoque des coûts supplémentaires annuels pour l’UE à hauteur de 1,5 milliard d’euros, alors que l’on compte quelque 25 000 morts par an», d’après le conférencier.
Concernant le changement climatique (4e priorité), la Commission européenne veillera notamment à utiliser des énergies propres, à garantir une industrie et une mobilité durables. Au niveau des produits pharmaceutiques (5e priorité), l’orateur a notamment mis en avant la volonté de «favoriser la concurrence des génériques et biosimilaires pour réduire les coûts». Enfin (dernière priorité), John Ryan a plaidé pour une agriculture durable et une nutrition saine.

Claude Damiani

Les conclusions du dernier rapport sur la santé dans l’UE

Plusieurs points critiques ont été décelés et mis en lumière dans le cadre du plus récent rapport sur l’état de la santé au sein de l’UE :
– l’importance du poids de la santé mentale (une personne sur six est concernée)
– l’investissement dans les systèmes de santé (pertes allant jusqu’à un cinquième des ressources)
– le ralentissement de l’augmentation de l’espérance de vie (dû aux maladies cardiovasculaires et à la grippe)
– la nécessité d’un plus grand effort de prévention (une personne sur cinq fume, consommation d’alcool, augmentation de l’obésité)
– les inégalités se creusent : les personnes vulnérables sont cinq fois plus susceptibles d’avoir des besoins non satisfaits en matière de soins de santé
– des écarts importants entre pays membres et régions en matière d’espérance de vie en bonne santé
– en 2015, on aurait pu éviter 1,2 million de morts avec une meilleure prévention (tabac, vaccination).