Accueil | Editoriaux | Johnson : le plus dur commence

Johnson : le plus dur commence

Il l’a fait! Boris Johnson a réussi son pari en remportant une large majorité à la Chambre des communes lors des élections législatives britanniques organisées jeudi dernier. Du côté des travaillistes, c’est aujourd’hui la soupe à la grimace. Son chef, Jeremy Corbyn, ne s’en remettra pas. La profonde contestation au sein de son parti et le flou qu’il a laissé planer sur sa vision de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne auront eu raison de la patience des électeurs.
Depuis trois ans maintenant, et le fameux référendum qui donne encore des cauchemars à Theresa May, le flegme britannique en a en effet pris un sacré coup. Manifestations d’opposants pro-européens, contre-manifestations de «Brexiters» qui hurlaient leur colère en voyant que leur vote n’avait pas été respecté… Le Royaume-Uni a vécu des mois d’extrême tension monopolisant le débat public. Et ne parlons pas des échanges dans cette Chambre des communes transformée en chaudron. Même les plus europhiles avaient de quoi perdre le nord. Les Britanniques ont, jeudi, décidé de siffler la fin de la partie. Ils ont donné les pleins pouvoirs à Boris Johnson pour qu’il organise ce Brexit comme il le souhaite. Il aura lieu le 31 janvier et plus rien ne pourra l’éviter. Enfin.
Mais Boris Johnson ne doit pas se réjouir trop vite. En Écosse, les velléités indépendantistes ont refait surface et se sont renforcées lors de ces élections législatives. Un référendum (encore un) devrait être organisé pour que les Écossais reprennent leur destinée en main. Du côté de l’Irlande du Nord, les élections ont vu une percée des candidats demandant une unification de l’Irlande. Pas sûr, finalement, que Boris Johnson ait poussé un «ouf» de soulagement en examinant de près les résultats des législatives de jeudi. Le Premier ministre sortant, qui devrait rempiler sans surprise, risque à nouveau de devoir monter au front pour un combat encore plus important que le Brexit : conserver l’unité de son pays totalement fracturé. La date du 31 janvier risque bien vite de devenir anecdotique.

Laurent Duraisin