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Vapotage : les médecins français à rebours de l’OMS


Aux États-Unis, le vapotage a créé une épidémie d'atteintes pulmonaires. En Inde, il est interdit. Et l'OMS s'en méfie. En France, rien de tout ça (photo : Fabrizio Pizzolante).

Les fumeurs qui envisagent de passer à la cigarette électronique, « au lieu du tabac, ne doivent pas hésiter », estime jeudi l’Académie de médecine française, soulignant que ce produit « utile à l’arrêt du tabac » est mieux contrôlé en France qu’aux États-Unis.

L’institution s’inquiète des effets pervers que pourrait provoquer la « crise de confiance » dans le vapotage, liée à la « soudaine épidémie de pathologies pulmonaires » observée aux États-Unis et au rapport prudent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), considérant les e-cigarettes comme « incontestablement nocives ».

D’après un sondage BVA réalisé pour l’association pro-vapotage Sovape en septembre, 3 Français sur 5 pensent désormais que vapoter est au moins aussi dangereux que fumer, à rebours du consensus scientifique. « Cette crise de confiance pourrait causer la mort de milliers de fumeurs alors que le tabac tue la moitié de ses fidèles consommateurs », craint l’académie dans un communiqué.

Aux États-Unis, un «détournement» de l’usage des e-cigarettes

L’Académie de médecine fait valoir qu’en France « les cigarettes électroniques relèvent de normes de qualité et de sécurité, à l’inverse des États-Unis » et que la « cause principale » de l’épidémie d’atteintes pulmonaires aux États-Unis est un « détournement » de l’usage des cigarettes électroniques avec un « contenu nocif » (probablement une huile de vitamine E ajoutée dans des recharges au cannabis vendues sur le marché noir).

Selon l’académie, le vapotage « aide à l’arrêt et à la diminution de la consommation de tabac ». Elle souligne qu’on ne fait pas face en France à un « mésusage » de ce produit par les mineurs, comme c’est le cas outre-Atlantique du fait d’un « défaut de réglementation ».

«Des substances potentiellement toxiques»

Le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage à haute température d’un liquide à l’intérieur de la cigarette électronique. Les liquides contiennent, la plupart du temps, de la nicotine. Cette substance fortement addictive également présente dans le tabac peut affecter le développement du cerveau avant 25 ans et, selon certaines études, avoir un effet néfaste sur celui des adultes.

En revanche, les liquides vapotés n’incluent pas de nombreuses substances dangereuses que l’on trouve lorsque l’on fume du tabac, comme le goudron (cancérigène) ou le monoxyde de carbone (facteur de maladies cardiovasculaires). Mais la vapeur contient des particules fines qui pénètrent dans les poumons. Il y a de « nombreuses substances potentiellement toxiques », a conclu un rapport des Académies américaines des sciences publié en 2018. La Belgique a annoncé le mois dernier le premier décès lié à la cigarette électronique, interdite en Inde depuis septembre.

LQ/AFP