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Quartier Gare : «Les 30 nouveaux policiers doivent rester»


Les récentes mesures répressives ont eu pour effet de déplacer certains dealers présumés opérant dans la rue de Strasbourg, selon le conseil communal. (archives Fabrizio Pizzolante)

Le conseil communal a fait le point lundi, à la suite de la réunion avec les habitants de la Gare : les 30 policiers, provisoirement recrutés, devront être définitivement affectés au quartier, selon lui.

La réunion de la fin du mois de septembre dernier a fait couler beaucoup d’encre : plusieurs riverains du quartier Gare et notamment de la rue de Strasbourg avaient, à cette occasion, crié leur ras-le-bol face à la présence quasi permanente des dealers de drogues sous leurs fenêtres et devant leurs portes d’entrée, si ce n’est dans les cages d’escaliers de leurs immeubles.

Plus de 700 patrouilles, mais le deal se déplace

Près de deux mois plus tard, les élus de la Ville de Luxembourg ont à nouveau évoqué la problématique, bien que des évolutions vraisemblablement positives aient eu lieu. La bourgmestre, Lydie Polfer, a ainsi rappelé que 20 nouveaux agents de police, assistés par huit membres de la police judiciaire et de deux coordinateurs, avaient depuis lors été recrutés. «J’ai ouï dire qu’il y avait eu bien plus de procès-verbaux pour drogue qui ont été dressés depuis», a par exemple indiqué Lydie Polfer.

Pour la conseillère communale CSV Claudine Konsbruck, ce renfort policier est une excellente chose, même si l’élue a rappelé que des policiers recrutés sortaient à peine de l’école de police. «Nous espérons tous que cette présence va se confirmer et être consolidée, car pour l’instant, ils ne sont engagés que provisoirement, pour une durée de six mois. Les 30 nouveaux policiers doivent rester», souligne la conseillère communale. Par extension, la même Claudine Konsbruck a indiqué que plus de 700 patrouilles avaient arpenté le quartier, au cours des dernières semaines, à pied.

Le CSV en faveur de patrouilles à vélo

De manière générale, la conseillère communale estime que «la situation du quartier est devenue plus calme, par le fait que les dealers ont été forcés de se déplacer, aussi à cause des caméras de vidéosurveillance. Si ce n’est à cause des chantiers !», a-t-elle encore suggéré. Avant, cependant, pour l’élue d’insister sur le fait que «le problème ne sera pas résolu à court terme». Cela dit, la conseillère communale s’est prononcée en faveur de l’instauration de patrouilles à vélo, alors que la conseillère communale DP Héloïse Bock a balayé cette idée d’un revers de la main : «Il faut des patrouilles de policiers à pied et non dans leur camionnette; pour ce qui est de patrouilles à vélo, je ne crois pas en leur efficacité.»

En ce qui concerne le volet social, Claudine Konsbruck s’est encore interrogée sur divers points : «Combien de lits existe-t-il pour les sans-abris ? Qu’en est-il de l’élargissement des heures d’ouverture de l’Abrigado ? Combien de streetworkers peuvent venir en aide aux personnes dans le besoin ? Combien de seringues sont distribuées chaque jour ? (…)»«Tout ces points seront discutés en commission communale de l’Action sociale», a rétorqué Lydie Polfer, avant de donner la parole à la conseillère communale de l’opposition (déi gréng), Christa Brömmel, qui a d’emblée rappelé sa proposition de tenir, au mois de janvier, d’un débat public à l’hôtel de ville. «Ne faut-il pas un plan d’action communal ?», a-t-elle lancé sous forme de question, en évoquant le modèle zurichois qui mise sur la décentralisation des types de structures du genre Abrigado. «Car à côté des mesures d’ordre répressif, il faut intensifier les efforts sociaux», a-t-elle jugé. Avant, pour elle, de demander ouvertement ce que la Ville pourrait (devrait) faire afin de soutenir la structure de prise en charge des toxico-dépendants de la route de Thionville.

Quid de la biodiversité dans le quartier ?

Parallèlement à ces propos, l’élue écologiste a appelé à ce que le projet de réaménagement de l’espace public de la rue de Strasbourg et de ses alentours, sur la table depuis des années, soit adopté en conseil communal.

En effet, la conseillère communale est d’avis qu’il faut aller plus loin encore dans la «réhabilitation du quartier» : «Il s’agirait d’installer des zones 30 km/h, plus d’espaces verts et de biodiversité, davantage de réverbères, ou encore de mobilité douce. Il n’y a pas que le volet sécurité qui importe, mais aussi les nuisances sonores, la qualité de vie des habitants du quartier, la sécurité des piétons», a appuyé l’élue des verts, tout en appelant à ce que «la présence policière renforcée se maintienne à plus long terme, car le deal se voit dérangé…», mais certainement loin d’être éliminé !

Claude Damiani

Des réponses en janvier

Alors que les débats au sujet des deux points portés à l’ordre du jour, intitulés «Situation dans le quartier de la Gare et moyens d’action des différents acteurs publics» et «Réaménagement de la rue de Strasbourg et des rues avoisinantes», s’envenimaient quelque peu, la bourgmestre, Lydie Polfer, a coupé court et indiqué que toutes les questions posées par les conseillers communaux seront discutées dans les commissions communales de l’action sociale et du développement urbain.

«La Ville de Luxembourg n’est pas compétente pour tout. Il faut rester réaliste. Mais vous aurez des réponses en janvier», a-t-elle conclu.