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Écrans : le juste dosage

Pour les parents, l’arrivée du numérique est une plongée dans l’inconnu. Beaucoup de trentenaires et quadragénaires ont été biberonnés à la télévision et aux émissions pour enfants qui enchaînaient les dessins animés. Mais quand l’un des parents appuyait sur le gros bouton de l’écran cathodique, c’était terminé. Désormais, le numérique est partout, la 4G permet de dégainer des vidéos en tout endroit et à toute heure. Il y a dix ou quinze ans, pour beaucoup de parents, cela ressemblait à une potion magique qui leur permettait d’avoir la paix tout en ayant un enfant satisfait dans n’importe quelle situation : attente chez le médecin, sortie au restaurant, trajet en voiture…

Puis le grand public a découvert des études accablantes. Laisser un enfant devant un écran, c’est le mettre en danger. On attribue même en partie à l’écran les 15 points de QI en moins de la nouvelle génération. De quoi faire trembler. L’écran devient alors diabolisé par de nombreux parents qui sursautent si l’on montre la moindre photo de famille sur un smartphone à proximité de leur bébé.

Alors quand ces mêmes parents apprennent que les écrans entrent dans les écoles de leurs enfants sans qu’ils puissent les en protéger, ils ont de quoi pâlir.

Pourtant, ce choix n’a pas été fait sans réflexion. Les écrans et contenus numériques font partie de notre vie. Nous ne ferons plus marche arrière. Comme tout élément de modernité, il faut l’apprivoiser, ne pas en avoir peur, bien connaître ses atouts et défauts et surtout ne pas tomber dans l’excès. Étonnamment, selon le Service audiophonologique du ministère de la Santé, beaucoup de parents ignorent encore les dangers d’un abus d’écran qui peut retarder l’apprentissage de la parole ou entraîner des troubles psychologiques dans la petite enfance.

À l’inverse, dans la Silicon Valley, aux États-Unis, l’interdiction des écrans dans les écoles privées où sont inscrits les enfants des créateurs des plus grandes sociétés de technologie du monde a défrayé la chronique. De quoi faire réfléchir. Il faudra certainement encore quelques décennies pour trouver le bon dosage.

Audrey Libiez