Gary Diderich ne cherchait pas à faire tomber le bourgmestre initialement. Mais face à l’entêtement du collège échevinal de vouloir réserver ses réponses pour la rentrée, les choses se sont emballées.
Il est l’homme qui a déclenché l’affaire Traversini à Differdange. Le conseiller communal déi Lénk, Gary Diderich, s’était ému d’un huis clos ordonné par le bourgmestre lors du conseil du 17 juillet dernier, en violation de la loi communale. Cette intimité était requise pour permettre au bourgmestre, Roberto Traversini, de demander le reclassement d’un terrain lui appartenant, de la zone verte vers la zone constructible.
Puis tout s’est enchaîné et tout le monde connaît la suite. Deux mois plus tard, empêtré jusqu’au cou, le bourgmestre écolo de Differdange se rend à l’évidence et dépose les armes. Le jour même, une perquisition a lieu dans les locaux de l’hôtel de ville. Gary Diderich ne crie pas victoire car il n’était pas dans ses intentions «de faire tomber le maire». Il voulait «clarifier les choses après tant de mensonges», nous explique-t-il. «Je ne lui souhaitais pas ce qu’il doit endurer aujourd’hui mais sur le plan politique, il n’était plus possible de se présenter face aux citoyens après un tel effondrement du capital confiance», analyse-t-il.
Il serait faux de limiter l’affaire Traversini à une cabane de jardin. C’est une accumulation d’erreurs voire d’abus qui a mené à une confusion totale de son mandat de bourgmestre avec ses intérêts privés. «Au-delà du cas du bourgmestre, il faut s’interroger sur l’attitude des autres élus», insiste Gary Diderich. Toute cette affaire ne repose pas sur la responsabilité d’une seule personne. Et on ne parle ici des relais sur le plan national, mais de tout un conseil communal.
En sa qualité de conseiller, il estime avoir fait son devoir et avoir contribué à mettre au clair cette sombre affaire. Il s’est joint au Parti démocratique (DP) «dans le but de faire respecter la Constitution et les lois».
Georges Liesch comme successeur
Tout n’est pas fini. «Je vais suivre de près comment le conseil va réagir à mes questions restées sans réponses», dit-il. Quel chemin a été pris tout au long de cette procédure sur le plan communal ? Pendant tout l’été, Gary Diderich a placé le collège échevinal face à ses responsabilités en lui rappelant que son absence de réaction le rendait coresponsable de toute cette affaire. Idem pour le conseil d’administration du CIGL. «Ce n’est pas par sympathie ou loyauté pour un parti que l’on peut cacher des choses aussi énormes», juge-t-il.
D’autres dossiers plus anciens risquent de tomber en cascade. C’est désormais à la justice de faire son œuvre.
«Au lieu de répondre aux questions rapidement, ils ont attendu jusqu’au 18 septembre à cause d’une mauvaise interprétation, très restrictive, du règlement d’ordre intérieur», constate Gary Diderich. Les réponses doivent être livrées par écrit endéans un mois ou lors de la prochaine séance du conseil communal dit la loi. «Si on avait obtenu les réponses à nos questions, peut-être que l’opposition n’aurait pas été aussi loin», avance le conseiller déi Lénk.
Gary Diderich s’est vite retrouvé accusé de faire le jeu des libéraux qui rêvent toujours d’une revanche après leur évincement du pouvoir local par une coalition vert/noir/rouge en 2014, après le départ de Claude Meisch pour le gouvernement. Mais les bleus à Differdange, réduits à deux élus depuis les élections de 2017 (François Meisch, frère du ministre, et Christiane Saeul, une commerçante retraitée), ne symbolisent pas vraiment l’unité nécessaire pour reconquérir le cœur des électeurs et surtout celui des autres partis en présence. Ils n’ont guère d’affinités.
La coalition actuelle va se maintenir et les verts devraient conserver le poste de bourgmestre. Ce serait alors Georges Liesch qui reprendrait le mandat. Differdange restera selon toute vraisemblance entre les mains des verts et des chrétiens-sociaux. Sauf coup de théâtre.
Geneviève Montaigu