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Le « Luxit » de Johnson

Il a fini par trouver une porte de sortie. Toujours pas pour le Brexit, mais bien pour son «Luxit». En refusant de participer à la conférence de presse, Boris Johnson a évité ses bruyants opposants. Pourtant, au 10 Downing Street, les manifestants ne sont jamais très loin lors des points presse organisés en plein air…

Depuis que les images de Xavier Bettel, les bras tendus vers le pupitre délaissé par son homologue britannique, ont été diffusées, le débat est lancé. Qui est sorti gagnant de ce point presse insolite ? Est-ce que les services du Premier ministre luxembourgeois se sont ridiculisés en se montrant inflexibles à un changement de stratégie ?

Les points de vue divergent fortement, y compris au sein du CSV. Mardi, Claude Wiseler, longtemps considéré comme le prochain Premier ministre, a qualifié sur les ondes de la radio 100,7 d’ «inacceptable» le traitement réservé à Boris Johnson. En même temps, Frank Engel, le président du parti d’opposition, a loué sur les réseaux sociaux «la bonne prestation» de Xavier Bettel.
En Allemagne, bon nombre de médias ont parlé de «coup d’éclat» et indiqué que Johnson avait «brusqué» Bettel. Au Royaume-Uni par contre, les tabloïds ont dénoncé une «humiliation», une «insulte» et même un «piège» qui aurait été tendu à leur Premier ministre.

Vous l’aurez remarqué : une nouvelle fois, des questions liées à la forme viennent éclipser l’absence de propositions concrètes pour obtenir in extremis un Brexit avec accord. Aussi stupide qu’il puisse paraître, Boris Johnson est surtout un fin stratège. Il a donc marqué des points sans avancer sur le fond. Xavier Bettel par contre a répété en solitaire la position du Luxembourg, qui rejoint celle des autres États membres, de plus en plus lassés par l’approche britannique. A-t-il été trop sévère ou trop peu constructif et conciliant ?

Quoi qu’il en soit, le couperet doit tomber le 31 octobre. En attendant, Boris Johnson et Xavier Bettel ont eu ce qu’ils voulaient. Une situation «win win» qui ne peut cependant pas faire oublier le gâchis qui entoure le Brexit.

David Marques