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Differdange : un nouveau club de boxe avec Caroline André


Avec la championne luxembourgeoise, tout le monde sera bienvenue... y compris les filles, évidemment ! (Photo : Isabella Finzi).

Le 23 septembre, le Boxing Club Differdange ouvrira ses portes au sous-sol de l’école primaire de la rue Emile-Mark avec la championne grand-ducale Caroline André comme entraîneuse.

Comment vous est venue l’idée d’ouvrir votre propre club de boxe ?
Caroline André : À la suite d’une blessure, j’ai eu du mal à reprendre pied physiquement et personnellement. J’ai décidé qu’il était temps de réaliser mon rêve d’avoir mon propre club de boxe. Toni Tibéri m’a aidée à ouvrir ce tout nouveau club sous la forme d’une association. La commune de Differdange nous a donné la salle et nous soutient énormément. Je vais entraîner les adultes et Toni les jeunes. Nous allons sans doute devoir trouver un troisième entraîneur en fonction de l’affluence.

La pratique de la boxe est à la mode dans les grandes villes, pourtant au Luxembourg les clubs se comptent sur les doigts des mains.
Toni Tibéri : La fédération amateur est un peu brouillonne. Le sport est très connu, mais il n’est pas assez mis en avant et encouragé au Luxembourg. C’est pourquoi, nous voulons avec notre club, créer un vrai cadre, une vraie structure.
Caroline : La boxe n’est pas soutenue comme le football, le tennis ou d’autres sports peuvent l’être.

Est-ce dû à sa mauvaise réputation ?
Toni : Il est considéré comme un sport violent ou de mauvais garçons. Seulement, on oublie que les boxeurs sont de vrais sportifs.
Caroline : Differdange a une mauvaise réputation, notamment en raison de son haut taux de criminalité et des jeunes qui traînent dans la rue. Je me suis donné comme priorité de tirer ces jeunes de la rue en les intégrant dans mon club. Ici, il y a des règles et une discipline physique et alimentaire auxquelles se tenir et ils pourront éliminer leurs tensions négatives et agressives. Je souhaite accueillir tout un tas de gens de tous les milieux et j’espère dénicher des talents qui pourront combattre pour faire connaître le club à l’extérieur. Nous constatons déjà un certain intérêt.

(Photo : Isabella Finzi).

(Photo : Isabella Finzi).

Vous voulez conserver le rôle social qu’avaient traditionnellement les clubs de boxe ?
Caroline : Oui et j’aimerais également créer des ponts avec l’association Parkinson Luxembourg. Il a été démontré que l’entraînement de boxe a des vertus positives sur les malades. Aux États-Unis, il existe des clubs de boxe qui n’entraînent que des personnes atteintes de Parkinson. La concentration requise lors des entraînements et les mouvements réalisés sont bons pour eux.

Vous envisagez de faire participer vos recrues à des combats. Quelles sont les qualités d’un bon boxeur ?
Caroline : La discipline, le respect et la loyauté. Il doit être sain, en forme.

Ce sport rend plus fort

Certaines personnes sont attirées par la boxe, mais craignent les coups. Comment les rassurer ?
Caroline : L’entraînement donne de la confiance en soi. Il aide à traverser certaines situations ou moments de peur. Même si la boxe n’est pas de la self-defense, ce sport rend plus fort. L’entraînement de boxe est un des plus complets et des plus compliqués qui existent. Tout le monde est bienvenu tant que tout ce passe bien à l’intérieur et en dehors du club.

Participer à des combats est-il une finalité quand on s’inscrit au club ?
Caroline : Non, on peut juste suivre les entraînements. Certaines dames n’ont peut-être pas envie de monter sur le ring, mais elles peuvent participer aux échauffements et travailler sur les sacs de sable. Tout le monde est libre d’aller et venir. Les uns peuvent faire du sac, d’autres du sparring ou du punching-ball qui demande un entraînement régulier pour trouver le rythme, apprendre la rapidité et la précision. Personne ne sera forcé à participer à des matches. Les gens peuvent venir en catégorie loisir pour rester en forme.
Toni : Ou pour se défouler.
Six des sept clubs de boxe au Luxembourg sont dans le sud du pays. Comment cela se fait-il ?
Toni : Cela a toujours été le cas. Le club de Dudelange existe depuis 1945 et l’AS Déifferdéng avant lui à partir de 1931. Il y a toujours eu des ouvriers qui avaient besoin de se défouler. Quand on était gamins on avait le choix entre la gymnastique, le football ou la musique et rien d’autre. Donc, on allait boxer. Cela ne coûtait rien.
Caroline André est la seule boxeuse professionnelle du Luxembourg. Est-ce difficile d’atteindre ce niveau quand on est une femme ?
Toni : Très peu de dames boxent. Le problème est qu’on ne les entraîne pas vraiment. Si des filles, comme Caroline, ont la volonté de poursuivre, elles doivent se battre contre des sparring-partners masculins.
Caroline : C’est difficile. Les rapports de poids ne sont pas respectés parce que peu d’hommes correspondent aux poids des femmes. Ce n’est pas évident. Je me souviens que lors de ma période amateur, il n’y avait que quatre femmes au Luxembourg.
Quel équipement faut-il pour commencer la boxe ?
Caroline : Il faut apporter son protège-dents et ses bandages pour les poings. Le club fournit les casques et les gants.
Toni : Les membres pourront s’acheter leurs propres gants plus tard si le sport les intéresse.
Caroline et Toni, vous allez entraîner les membres. Comment allez-vous organiser ?
Toni : Au début, les entraînements se feront en fonction de l’âge. Ensuite, nous les organiserons en fonction des catégories.
Caroline : Des entraînements à part seront réservés aux compétiteurs.
Toni : Nous n’avons pas encore défini les horaires des entraînements. Mais les lundis, mercredis et vendredis seront sans doute consacrés aux adultes, aux compétiteurs et à ceux qui souhaitent commencer le sparring.

Entretien avec Sophie Kieffer

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