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Portugal : les camionneurs en grève réquisitionnés


Le gouvernement a déclaré une «situation de crise énergétique» qui lui permet de rationner le carburant vendu à la pompe. (photo AFP)

Le gouvernement portugais a décidé lundi soir de réquisitionner des camionneurs dès le premier jour d’une grève illimitée des transporteurs de carburant, qui réclament des hausses salariales, afin de ravitailler les aéroports et de la région touristique du sud du pays.

« Il n’y avait pas d’autre solution », a déclaré lors d’une conférence de presse le secrétaire d’État Tiago Antunes, porte-parole du gouvernement socialiste, à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire.

La mesure sera mise en œuvre « dans les régions et les secteurs où les services minimum n’ont pas été respectés », a-t-il précisé en début de soirée, en citant notamment l’approvisionnement des aéroports et de la région de l’Algarve (sud), où de nombreux touristes portugais et étrangers passent leurs vacances.

Après avoir constaté que les services minimum avaient été respectés dans la matinée, le Premier ministre, Antonio Costa, avait déclaré que la situation avait évolué négativement, ouvrant la voie à la réquisition de camionneurs.

À l’aéroport de Lisbonne, « le rythme de l’approvisionnement est insuffisant », a déclaré un porte-parole du gestionnaire des aéroports portugais, ANA, en précisant que des mesures de restriction dans l’approvisionnement des avions avaient été mises en place.

Policiers et gendarmes mobilisés

À l’issue d’un entretien avec le chef du gouvernement pour faire le point sur le mouvement social entamé aux premières heures de lundi, le président conservateur, Marcelo Rebelo de Sousa, a appelé les grévistes et leurs employeurs à « chercher des solutions justes, sans sacrifier les Portugais de façon disproportionnée ».

La réquisition est « une grave attaque au droit à la grève », pour sa part dénoncé le porte-parole des chauffeurs en grève, Pedro Pardal Henriques, assurant que « les services minimum ont été respectés ». Les syndicats grévistes, qui réclament des hausses salariales, ont accusé les entreprises de transport d’avoir fait pression sur des chauffeurs pour qu’ils renoncent à leur mouvement.

Lundi matin, des convois de camions-citerne ont commencé à quitter les principaux dépôts de carburant du pays sous escorte policière.

Une partie des quelque 500 policiers et gendarmes préalablement formés à conduire des camions citernes ont dû être mobilisés pour remplacer des grévistes. Une des dispositions de la réquisition permettra d’engager également des militaires, a précisé le gouvernement.

Après une précédente grève des transporteurs de carburant, qui a provoqué d’importantes pénuries en avril, les chauffeurs de camions-citerne ont obtenu des augmentations de salaire qui entreront en vigueur à partir de janvier. Ils exigent maintenant que leurs employeurs s’engagent à leur accorder de nouvelles hausses en 2021 et 2022.

«Crise énergétique» 

Anticipant des difficultés de ravitaillement, de nombreux automobilistes avaient fait le plein avant le début du mouvement et les ventes de carburant ont presque doublé ces derniers jours par rapport à la normale, selon l’exécutif.

Lundi après-midi, environ 18% des quelque 3 000 stations-service du pays étaient totalement à sec et autant manquaient d’au moins un type de carburant, d’après un site internet rassemblant les informations fournies par les usagers.

Parmi les mesures prises pour limiter l’impact du mouvement en cette période estivale, le gouvernement a déclaré une « situation de crise énergétique » qui lui permet de rationner le carburant vendu à la pompe. Il a également décrété un dispositif de service minimum pour obliger les transporteurs à fournir au moins 50% du carburant qui devait normalement être livré.

Près de 400 stations choisies par le gouvernement, dont une cinquantaine dédiées uniquement aux véhicules prioritaires, devaient être ravitaillées à 100%, de même que les aéroports ou les centres d’opération des services d’urgence des forces de l’ordre.

La réquisition, mesure prévue par la loi pour faire face à des situations d’urgence ou assurer des services d’intérêt public essentiels, a été employée une trentaine de fois depuis sa création en 1974.

AFP