Le Parquet russe a demandé mardi qu’un couple soit privé de la garde de son bébé pour avoir participé à une manifestation de l’opposition fin juillet à Moscou, provoquant de vives critiques.
« Il est établi que le 29 juillet, le couple a participé illégalement à un rassemblement non autorisé avec son jeune fils d’un an. Au cours du rassemblement, les parents ont confié l’enfant à une tierce personne, ce qui mettait en danger la santé et la vie de l’enfant », a annoncé le Parquet dans un communiqué. En conséquence, il a demandé « la privation des droits parentaux des deux conjoints sur leur enfant », précise ce communiqué, qui ajoute que « des contrôles sont en cours concernant d’autres personnes ayant pris part à des évènements de masse avec leurs jeunes enfants ».
L’opposition russe se mobilise depuis plusieurs semaines à l’approche des élections locales du 8 septembre, dont a été exclue la quasi-totalité des candidats d’opposition au motif que les signatures de soutien qu’ils avaient récolté contenait des irrégularités. Plusieurs manifestations ont été organisées mais la réponse des autorités est extrêmement ferme et les deux dernières se sont soldées par plus d’un millier d’interpellations, tandis que les figures de l’opposition ont reçu de courtes peines de prison et qu’une enquête pour « troubles massifs » a été ouverte.
« Un dangereux précédent »
Le Comité d’enquête russe avait indiqué lundi qu’un participant à la manifestation du 29 juillet avait évité une arrestation en prenant dans ses bras le bébé de quelqu’un d’autre. Un mandat d’arrêt a été lancé contre lui. La suggestion du Parquet, qui avait appelé la semaine dernière à réagir « avec sévérité » aux manifestations non autorisées, a immédiatement provoqué des réactions outrées. « C’est complètement inacceptable. Une ligne a été franchie », a déclaré à la radio le médiateur pour les droits des enfants à Moscou, Evguéni Bounimovitch, ajoutant que l’attitude des parents « ne constitue pas un prétexte pour priver quiconque de ses droits parentaux ».
« Cela créerait un dangereux précédent », a de son côté déclaré le président du Conseil consultatif pour les droits de l’homme auprès du Kremlin, Mikhaïl Fedotov, cité par l’agence de presse Interfax.
LQ/AFP