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Le débriefing du mardi – Handball : une première place peu surprenante


Adrian Stot et le Luxembourg ne sont plus qu'à deux matches seulement de la deuxième phase des qualifications, qui leur permettrait de se mesurer face à une grosse écurie européenne. (photo Julien Garroy)

En finissant premier de son groupe de la première phase qualificative, le Luxembourg s’est qualifié pour le play-off de l’Euro-2018. Le fruit d’un travail de longue durée.

Au risque de jouer les pisse-vinaigre, le Luxembourg n’a pas réalisé un «exploit» samedi soir en se qualifiant pour le play-off de l’Euro-2018. Un stade qui, en cas de victoire face à la Finlande, Israël ou la Turquie – le tirage au sort est prévu mardi prochain  – lui permettrait de s’ouvrir les portes de la deuxième phase qualificative où il se frotterait cette fois à des adversaires plus costauds. Une telle éventualité ne serait pas une première puisque, rappelons-le, les hommes d’Adrian Stot ont déjà rencontré de gros clients.

Comme la France, pour ne citer qu’elle, lors des qualifications de l’Euro-2010. Un honneur pour lequel elle n’eut guère grand mérite puisque pour cette édition, la fédération européenne (EHF) avait décidé d’inclure les grosses nations à la phase qualificative. Expérience non reconduite sous la pression des cadors européens estimant que ce passage obligé était une perte de temps. Ce qui, dans l’absolu, n’est sans doute pas faux même si, au vu de sa popularité toute relative à l’échelle mondiale, le handball ne peut se permettre de scinder ses participants en différentes catégories.

« Une vraie performance » samedi

Rappelons que la confrontation face aux Bleus s’était jouée le 30 octobre 2008 à l’arène de la Coque devant 4 600  spectateurs (guichets fermés) et fut, selon les termes de Claude Onesta, le sélectionneur français, « une très belle fête du handball ». Désormais, s’il veut offrir à son public de tels moments, le Luxembourg doit franchir au préalable pas moins de deux barrières. L’une d’elle est tombée…

Samedi soir, l’équipe nationale n’a pas, répétons-le, réalisé un «exploit». « Je laisse à chacun le soin de mettre ce qu’il veut derrière ce terme, précise Dominique Gradoux, le directeur technique national. Pour ma part, je dirais qu’il s’agit d’une vraie performance dans la mesure où c’est la première fois que l’on termine en tête de notre groupe. » Un leader comptant le même nombre de points (4) que ses deux autres adversaires, mais les devançant au goal-average. Suffisant pour s’offrir le droit de disputer le play-off –  en mode aller-retour  – en avril 2016.

« Pas surpris » par la défaite contre l’Estonie

Cette qualification, la sélection est allée la chercher alors qu’elle s’était quelque peu éloignée mercredi dernier après le revers essuyé à la Coque face à cette même Estonie (26-31). Une gifle qui n’a pas assommée la bande à Chris Auger. Cette bande d’amateurs –  ceci n’est pas péjoratif, mais relève d’un simple constat  – dont la préparation de ce match fut tronquée par les obligations des uns et des autres.

Ainsi, l’avocat Christian Bock plaida un dossier au tribunal, Auger ne fut libérer que tardivement de son poste tandis que les étudiants Wirtz et Hippert débarquèrent de Sarrebruck où ils étudient, quatre heures seulement avant le match. « Du coup , poursuit le DTN, je n’étais pas surpris par cette défaite, mais au vu du match, j’ai dit aussitôt aux garçons qu’il y avait un coup à jouer… » Une certitude dictée également par des signes moins tangibles, relavant avant tout de l’intuition. « Il fallait voir les Estoniens sur le terrain après le match. Ils rigolaient, prenaient des photos de famille… Dans leurs têtes, l’affaire était pliée, ils venaient de gagner de cinq buts! »

Contrat rempli

En handball, bien qu’officiellement, l’arbitrage se veut évidemment impartial, jouer à l’extérieur revient à partir avec un léger handicap. Malgré ça, le Luxembourg est parvenu à remplir son contrat en s’imposant par un écart de trois buts lui permettant de finir en tête du groupe au bénéfice d’une meilleure différence de buts (+6 contre +2). Le fruit d’une détermination sans faille, mais aussi et surtout d’une méthode qui commence à porter ses fruits.

Son nom? La cogestion. « On travaille beaucoup sur la vidéo. Cela permet à chacun de s’apercevoir de ses erreurs, de les corriger mais aussi d’analyser le jeu », explique Gradoux estimant que le groupe était « conscient du possible » avant de se rendre à Viljandi, ville située à 158  km au sud de Tallinn. Un périple de 2 170  bornes ayant permis aux hommes de Stot d’être « ensemble durant 72  heures » consécutives. De se retrouver, contrairement à l’aller, en configuration «professionnelle» et dépourvus de petits tracas du quotidien.

Une cogestion « difficile à mettre en place »

Mais au fait, c’est quoi concrètement la cogestion? « On travaille ça depuis des années, mais c’est difficile de la mettre en place. Il faut trouver les mecs qui véhiculent cette idée et qui ont des compétences. Pas uniquement dans le jeu, mais aussi dans l’analyse », explique le DTN qui a assisté à une prise de conscience, samedi soir à la mi-temps alors que l’équipe était menée de trois buts (17-14). « Les dix premières minutes de la seconde période furent déterminantes puisque Auger réalise cinq arrêts de grande classe et Bardina réussit un 4/4 au tir », analyse-t-il avant de poursuivre  : « Et puis, sur l’ensemble de la seconde période, on ne déplore que trois pertes de balles… »

Meilleur buteur grand-ducal avec huit réalisations, Yannick Bardina fut l’un des grands artisans de cette qualification. Âgé de 21  ans (1,95 m, 92 kg), ce gaucher pourrait incarner le futur au poste d’arrière droit de la sélection. Seul hic, le jeune homme qui a effectué une partie de sa formation à Grosswalstadt –  club qui connaît aujourd’hui de gros problèmes financiers  – évolue depuis 2011 au TSV Lohr (Bayernliga) où il se sent visiblement bien puisqu’il n’a pas donné suite aux avances des meilleurs clubs luxembourgeois.

Au fait, le Luxembourg a-t-il une préférence quant au nom de son futur adversaire lors du play-off? « Personnellement, non », assure Gradoux. Et pour cause, lors de la première phase qualificative de l’Euro-2018, la sélection s’est inclinée en Finlande (28-21) avant d’obtenir le nul (24-24) mais s’est inclinée au même stade de l’Euro-2012, à la Coque, contre Israël (24-29) et la Turquie (26-32). Cette fois, la première étape est franchie. Et, comme l’a démontré l’Estonie, sur deux matches, tout est possible…

Charles Michel