Pour avoir extorqué un dealer de Differdange et séquestré son ami en 2015, six hommes (âgés de 28 à 34 ans) avaient pris jusqu’à 18 ans ferme. Cinq d’entre eux avaient interjeté appel. La Cour d’appel a réduit mercredi ces lourdes peines pour quatre prévenus.
«À qui la faute si un sursis n’est plus possible ?», leur avait rétorqué le représentant du parquet général en rappelant que leur casier judiciaire date, pour la plupart d’entre eux, de l’époque où avec leur groupe d’origine capverdienne, ils avaient terrorisé le sud du pays avec leurs bagarres. Dans son réquisitoire, il avait battu en brèche le raisonnement des avocats : «Vous ne pouvez pas dire que parce qu’ils s’en sont pris à un dealer, ils devraient avoir des peines moins lourdes.»
Les premiers faits pour lesquels ils avaient été condamnés en première instance remontaient au 29 décembre 2014. Trois fois en l’espace d’un mois, le dealer avait été visité dans son appartement à Differdange. Armés d’un pistolet ou d’un couteau, les agresseurs lui auraient notamment soustrait 2 kg de marijuana, 30 000 euros en liquide et des sacs Gucci et Louis Vuitton…
La dernière fois, ils s’en étaient même pris à son ami de 24 ans qui promenait son chien. Ils l’avaient embarqué dans une VW Golf, frappé, blessé de deux coups de couteau dans la jambe, puis sur la banquette arrière, avec le couteau sous la gorge, ils l’avaient forcé à appeler son ami pour lui annoncer leur arrivée…
Si le parquet général avait requis la confirmation des lourdes peines prononcées par les premiers juges, la Cour d’appel n’a pas suivi ces réquisitions. À l’exception de Kevin D. qui lui conserve ses 7 ans de prison ferme, tous bénéficient d’une réduction de peine. «Goma» et Sandro S. condamnés à 18 ans ferme en première instance s’en sortent ainsi avec respectivement 16 et 12 ans de réclusion ferme.
Prison pour tout le monde
Par application de circonstances atténuantes, José M. écope aussi de 12 ans de réclusion (au lieu de 18 ans). Il est acquitté des faits du 25 janvier 2015. Un sursis partiel (comme il en avait bénéficié en première instance) n’est cependant plus possible en raison de son casier spécifique qui est entretemps parvenu à la justice luxembourgeoise.
La peine la moins lourde est finalement pour David D. Au lieu de 8 ans (dont 4 avec sursis), il prend 7 ans de prison. Cinq ans de cette peine sont assortis du sursis.
À part «Goma» qui purge actuellement une peine à Arlon pour des faits de rébellion et José M. incarcéré à Schrassig pour une autre cause, aucun des hommes ne se trouve en prison.
Vu les prononcés rendus mercredi après-midi, la case prison s’impose désormais pour tout le monde. Pour Me Pim Knaff, qui défendait notamment David D., une lueur d’espoir subsiste «qu’au niveau de l’exécution des peines, on puisse trouver une substitution à la prison, par exemple un bracelet électronique…»
Fabienne Armborst