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L’avenir de la francophonie se joue en Afrique


À l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. Cinquième langue la plus parlée au monde, le français est aussi la deuxième langue la plus enseignée. (photo AFP)

Le nombre de francophones dans le monde pourrait doubler d’ici à 50 ans grâce au boom de l’Afrique, mais encore faut-il relever le défi de la scolarisation au sud du Sahara, avertit un rapport diffusé pour la jJournée internationale de la Francophonie, mercredi.

Avec 300 millions de locuteurs, soit une progression de 10% depuis 2014, le français conforte sa place de cinquième langue la plus parlée dans le monde, après le chinois, l’anglais, l’espagnol et l’arabe, révèle le rapport quadriennal de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), publié chez Gallimard sous le titre La Langue française dans le monde.

La part des francophones dans le monde reste « très stable », faisant mentir la pensée selon laquelle la langue de Molière perd le combat face à celle de Shakespeare. Même en tant que langue de l’internet, le français maintient sa place de quatrième, derrière l’anglais, le chinois et l’espagnol.

Ce dynamisme va s’amplifier. D’ici à 50 ans, le français sera parlé par 477 à 747 millions de personnes dans le monde, le faisant « peut-être » passer devant l’espagnol, grâce au dynamisme « fulgurant » de la francophonie en Afrique, explique Alexandre Wolff, coordinateur du rapport et responsable de l’Observatoire de la langue française à l’OIF, basée à Paris.

En 2070, 80% des francophones vivront en Afrique

L’Afrique était encore en 2015 le deuxième continent francophone derrière l’Europe, abritant un peu plus de 40% des locuteurs du français. En 2070, près de 80% des francophones vivront en Afrique.

Et tandis que la croissance se poursuit au même rythme en Europe (+11% de francophones d’usage quotidien entre 2014 et 2018), elle s’accélère en Afrique : +17%, soit deux points de plus qu’entre 2010 et 2014.

La « croissance francophone » est même « beaucoup plus rapide » que la démographie : la population du Bénin, du Mali et du Niger a ainsi été multipliée par 5 en 40 ans (1960-2000) mais le nombre de francophones a été multipliée par 45, « en raison d’un meilleur accès à l’éducation », explique le rapport.

Mais pour réaliser les projections les plus optimistes, il faut relever le défi « énorme » de la scolarisation, souligne Alexandre Wolff.

«L’anglais ne remplacera pas le français en Afrique»

« Pour l’instant, le niveau est loin d’être atteint », avertit-il : 71% des enfants en deuxième année du primaire en Afrique subsaharienne francophone ne maîtrisent pas le français.

« Très clairement, nous ne sommes pas actuellement dans une situation où se réalisera le scénario optimiste », qui prévoit 747 millions de francophones d’ici à 2070, lâche Alexandre Wolff.

« En revanche, une hypothèque est levée : l’anglais ne remplacera pas le français en Afrique », tranche l’expert. « Aucun pays ne laisse à penser qu’il va passer à l’anglais comme langue d’enseignement, au lieu du français. »

De même, il est « peu probable » que les langues nationales africaines se substituent au français. « Même dans les pays africains où les langues nationales progressent, les études révèlent que le nombre de francophones progressent également : on a besoin du français pour communiquer entre Africains francophones n’ayant pas la même langue nationale », explique Alexandre Wolff.

Une «demande non satisfaite» pour l’apprentissage du français

En fait, le problème du français serait plutôt qu’il est victime de son succès : en Afrique et surtout au Moyen-Orient, il existe une « demande non satisfaite » de personnes voulant apprendre le français, comme le montre l’engouement pour les universités francophones au Maghreb.

Dans le monde, le nombre d’apprenants du français a augmenté de 8% en quatre ans, à plus de 50 millions. Là encore, l’Afrique a le vent en poupe, avec un bond de plus de 50%.

Mais le dynamisme touche aussi l’Europe : là où deux langues étrangères sont apprises, le français reste très souvent en 2e position, quand il est en concurrence avec l’anglais, et en troisième en Europe centrale du fait de la concurrence du russe.

« L’anglais a atteint son seuil. Il est très souvent langue obligatoire et à des stades de plus en plus précoces : donc les marges de progression sont assez faibles. L’anglais a fait le plein », estime Alexandre Wolff.

001_1et276_jpegAFP