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Adrien Portier (Jeunesse) : «Quand c’est la m…»


Selon Adrien Portier, «le rôle du défenseur central a totalement changé. Aujourd'hui, on nous demande d'être rapide, d'avoir une bonne vision du jeu, une bonne relance...» (photo Gerry Schmit)

Adrien Portier ne se refera pas. Dans cet entretien, il est question de foot du temps jadis, d’alcool, d’hommes, bref, de ce qui faisait le charme de ce sport avant qu’il n’entre dans le XXIe siècle.

Marc Thomé l’a dit : Adrien Portier, après cette énième défaite d’affilée, dimanche dernier, contre Mondorf, est devenu un recours quasi incontournable dans sa composition d’équipe. Bluff ou réalité? On s’en moque, l’occasion est trop belle d’aller reparler avec un joueur comme on n’en fait plus beaucoup et qu’il fait plaisir de revoir sous nos latitudes après une année en Asie, presque un an et demi après son dernier match en DN, en novembre 2017, en déplacement, sur la pelouse du RFCU.

On vous annonce sur la pelouse au Deich, dimanche. Heureux?

Adrien Portier : Oui, mais mon frère va revenir d’un périple en Amérique du Sud et finalement je me dis que je vais rejouer le mauvais week-end!

Est-ce dur de s’y remettre après tant de mois à sillonner le monde?

Dur de retrouver un rythme. En toute honnêteté, heureusement que j’ai le foot pour me changer les idées. C’est dur à gérer, le retour. Après avoir découvert le monde, la vie, quand tu reviens, tu cogites. Le retour sur terre est difficile.
Vous avez suivi la reprise avec distance, du coup, ou totalement imprégné de votre rôle?
Mais j’ai toujours suivi la Jeunesse via les médias luxembourgeois. Avec le décalage horaire, vous accompagniiez un peu ma bière de fin de journée. Et puis comme je faisais partie des groupes du club sur les réseaux sociaux, c’est un petit peu comme si je n’avais jamais déconnecté.

La Jeunesse était hermétique. Elle ne l’est plus. Votre diagnostic?

Manque de confiance et d’efficacité. On n’est pas efficaces et on se fait punir directement. Il suffirait de faire moins de « couilles » derrière. C’est ce que j’ai dit devant le groupe et j’y crois.

Quand Marc Thomé, devant la situation de crise, estime qu’un Adrien Portier doit revenir dans le onze de base, ça vous inspire quoi?

J’ai vu, oui. Et je lui ai dit, en revenant : s’il a besoin de moi, je suis prêt. Je le prends sans pression. J’ai montré que je n’avais pas perdu le niveau et que j’ai une énorme envie d’aider. Je vais juste calmer au niveau alcool (il rit).
Qu’est-ce que cela dit sur le football actuel, d’avoir à rappeler les gars qui sortent les muscles quand ça ne va pas?
C’est simple : les profils comme le mien, ou comme Adrien Ferino au Progrès, on les sort quand ça va mal. Ou plutôt : quand ça va bien, on est dans l’ombre, quand ça va mal, que c’est la merde, on se retrouve derrière ce genre de gars. Après, si ça passe, on est les meilleurs du monde, si ça casse, on a fait de la m… Il faut s’y faire. C’est comme ça.

Avez-vous l’impression d’être anachronique?

Le rôle du défenseur central a totalement changé. Aujourd’hui, on nous demande d’être rapide, d’avoir une bonne vision du jeu, une bonne relance… Avant, on te demandait simplement de gagner ton duel contre ton défenseur. Moi, je m’en suis arrêté à ça, même si j’essaie de bien relancer. Mais aujourd’hui, même en Ligue des champions, si tu regardes bien, des gars d’expérience qui mettent le pied… Le PSG a peut-être manqué d’un Thiago Motta par exemple…

Vos coéquipiers nous disaient que vous aviez repris place dans le vestiaire comme si vous n’étiez jamais parti. C’est comment, un Portier, dans le vestiaire?

Ah je reste moi-même. J’aime être un bon vivant et surtout bien travailler et j’ai une grande gueule. Je suis à fond.

Avez-vous appris des choses en Asie?

En Australie, j’ai surtout maintenu un certain rythme. Même si j’ai appris à jouer à plusieurs postes et à charbonner pour obtenir des résultats et ce pour quoi je n’ai jamais eu à lutter, le maintien. Ce sera la même chose avec la Jeunesse finalement : aller chercher des points pour l’Europe. Il en faudrait 48. Soit encore sept victoires…

Entretien avec Julien Mollereau