Le sprinteur allemand a fait coup double hier à Clemency, où il s’est facilement imposé. Du coup, il a détroussé le Français Adrien Petit de son maillot jaune de leader avant l’étape décisive d’aujourd’hui.
Bon, on ne va pas tourner longtemps autour du pot, c’est presque les yeux fermés qu’André Greipel s’est imposé hier à Clemency, où il n’avait jamais mis les pieds avant. Mais avec un train comme celui de son équipe Lotto-Soudal, où le grand Marcel Sieberg, son compatriote et ami joue aux cerbères avec l’autorité et la rigueur qu’on lui connaît, «le Gorille de Rostock», voyageait en première classe.
Tout fut simple. Limpide. Le plan fut respecté à la virgule près. On laisse d’abord partir l’échappée. Puis on laisse bosser l’équipe du maillot jaune, c’est-à-dire les Cofidis. Une fois, les téméraires avalés presque cul sec, on se range en épis aux premières loges du peloton. On place le panneau convoi exceptionnel. Et on verbalise les impétueux qui ne respectent pas la règle édictée : plus personne ne passe.
Oh, bien sûr, il reste encore à lever le cul de la selle. Ce qui est malaisé lorsque, comme hier, le mercure s’affole. Mais bon, c’est leur boulot et André Greipel est un bon chef d’équipe. Après l’arrivée, chacun de ses coéquipiers reçoit la petite accolade d’usage. Son soigneur aussi.
Un grand sourire barre son visage carré. Sur ce Tour de Luxembourg, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour André Greipel, qui, promis juré, ne fera pas une journée de plus en jaune car, évidemment, il n’y a pas grand mystère. Pour tous ses adversaires, monsieur était simplement de passage.
Les postulants sont prêts
L’objectif du jour était d’abord de rafler l’étape, la seule promise aux sprinteurs. La prise du maillot était sans doute accessoire. Mais bon, c’est toujours ça de pris.
Pour le reste, tout est à écrire dans ce Tour de Luxembourg qui va connaître une sévère montée en température aujourd’hui. Au propre, puisque la canicule est annoncée, comme au figuré, car c’est aujourd’hui que les grandes manœuvres sont attendues.
Ce qui est certain, c’est qu’avec la montagne de difficultés que le peloton va devoir se coltiner, personne ne pourra se cacher et rester bien longtemps dans les roulettes. C’est sur le front de l’attaque que va se gagner le classement général. Et dans ce registre, les clients sont encore nombreux.
C’est donc la course, avec ses incertitudes, ses retournements de situation, qui va décider du nom de celui qui pourrait bien triompher deux jours plus tard à l’issue de la dernière étape. Tout dépendra des écarts enregistrés à l’arrivée à Walferdange, mais le final est tellement hérissé de difficultés qu’on ne voit que des hommes forts émerger.
Ça tombe bien, il en reste beaucoup, des ambitieux, genre Enrico Gasparotto. L’Italien de l’équipe Wanty, ancien vainqueur de l’Amstel Gold Race est sixième à seulement sept secondes de Greipel.
D’autres, comme le Belge Edward Theuns (Topsport Vlaanderen) ou encore le Français Rudy Molard (Cofidis) ou même Sean De Bie, le coéquipier belge du leader, traînent dans les parages avec un sourire en lame de couteau. En définitive, le Skoda Tour de Luxembourg va seulement commencer aujourd’hui sur le coup de 14 h, au moment où le final de l’étape sera annoncé.
Denis Bastien