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Réforme du secondaire : l’accord qui n’en était pas un


Claude Meisch avait-il sonné un peu trop tôt la cloche de la victoire ? (photo JC Ernst)

Dans le cadre de la réforme du secondaire, le ministre de l’Éducation nationale avait abouti à un préaccord avec les syndicats. Mais il ne trouve plus grâce à leurs yeux.

Gouvernement et syndicats des enseignants sont engagés dans un bras de fer depuis le début de l’année. Le 4 mai, l’intersyndicale réunissant l’Apess, la Féduse et le SEW/OGBL s’était retrouvée autour de la table de négociation avec le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, pour «une 4 e et dernière réunion de conciliation», selon un communiqué des syndicats du 5 mai. Finalement, un préaccord avait été trouvé.

Néanmoins, avaient tenu à souligner les syndicats, «ce qui a été retenu ne constitue en aucun cas un accord, mais seulement une proposition d’accord à soumettre au vote» des professeurs. Vote qui se déroulera la semaine prochaine et en vue duquel l’intersyndicale avait organisé, mercredi, une réunion d’information en présence d’une centaine d’enseignants du secondaire.

Un compromis semblait notamment possible en ce qui concerne les décharges d’âge prévues à partir de 45  ans. En cas de oui de la base syndicale, des enseignants âgés de 45 à 59  ans devront consacrer une heure de leur décharge à l’encadrement d’élèves en difficulté. Ainsi, le gouvernement entend libérer 1  500 heures de cours supplémentaires.

Pour le reste, un accord semblait possible sur la correction des épreuves du diplôme de fin d’études secondaires, à propos de la transformation de la triple correction en double correction. Le gouvernement s’était aussi montré prêt à maintenir le coefficient réducteur, qui concerne la rémunération des heures de cours non prestées entre la fin des cours et le début de la période des examens.

La «consternation» du ministre

Seulement voilà, à la réunion de mercredi, qui devait servir à faire le point et informer sur le compromis trouvé entre représentants du corps enseignant et gouvernement, l’intersyndicale a choisi de se prononcer une nouvelle fois contre les mesures d’économies dans leur ensemble. Du moins a-t-elle tenu à transmettre ce message comme recommandation de vote aux enseignants présents, tout en les informant des conséquences qu’un rejet du préaccord pourrait avoir (en l’occurrence une grève).

La réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué daté d’hier, le ministère de l’Éducation nationale exprime sa «consternation» face à la décision des syndicats de l’enseignement secondaire Apess, SEW et Féduse de rejeter «formellement et unanimement la proposition d’accord qu’ils avaient pourtant retenue avec le ministère et ouvertement soutenue à l’issue de la procédure de conciliation, début mai».

En effet, la démarche de l’intersyndicale étonne, même si, comme nous l’avons montré plus haut, elle n’a jamais parlé d’accord, contrairement au gouvernement. Reste que ce nouveau revirement de la situation risque de prolonger indéfiniment le conflit en cours. À moins que ce ne soit le but recherché.

Apess : «Une porte ouverte aux abus»

En tout cas, les arguments que livre Daniel Reding, président de l’Apess, pour expliquer cette volte-face ne convainquent guère. Pour lui, le préaccord contient des formulations déformées qui, telles quelles, n’auraient jamais été prononcées.

Ainsi, se heurte-t-il à l’expression jugée vague d’«activité connexe», employée dans le document de conciliation par rapport aux décharges d’âge, qui jusqu’à présent garantissaient d’une à quatre leçons de décharge aux professeurs âgés («une activité connexe proposée par l’enseignant dans l’intérêt de la qualité scolaire et autorisée par le directeur»). Pour Daniel Reding, l’expression en question constituerait une «porte ouverte à tous les abus» .

Claude Meisch a, de son côté, estimé que la décision de l’intersyndicale était «le signe d’un manque de professionnalisme» qui mettait en question la «crédibilité» des syndicats. En tout cas, a laissé entendre le ministre, le gouvernement est prêt à continuer ses réformes sans l’aide des syndicats.

Frédéric Braun